vendredi 22 février 2019

7. Pour le moment, on est là!




Quand un ami meurt, on reste un moment les bras ballants, désemparé, regardant la place vide. Et puis, le temps aidant, on se remet à vivre, on « fait son deuil ». C’est important de faire son deuil, de ne pas rester accroché au passé. Vivre dans le passé, c’est vivre dans le rêve, c’est mentir à la vie qui est joie, espérance… En Afrique, là où le culte des ancêtres est très prégnant, les morts ne sont là que pour aider les vivants à vivre, à continuer le travail, à animer le village. Mais gare à celui qui ne  respecte pas ses ancêtres !

Il y a bien pourtant une manière chrétienne de vivre avec nos morts. Dans notre Credo, on appelle ça la « communion des saints ». En langage moderne, on dirait plutôt une solidarité, avec les défunts comme entre nous. Solidarité, ce n’est pas de l’hébreu pour nous français. Pour la moindre grève,  il faut être solidaire, sinon ça ne marche pas. Entre chrétiens c’est pareil ; nous sommes solidaires. D’abord entre nous les vivants, même si ça grince quelquefois. Par notre baptême, nous somme « saints », en communion avec les autres « saints ». C’est beau cette solidarité. En clair, cela veut dire que personne ne va vers Dieu tout seul.
Nous sommes aussi solidaires avec les défunts… Mais en quoi consiste cette solidarité ? Là, il faut faire attention et bien distinguer. Pour les défunts en enfer, nous ne pouvons rien.  Comme dirait un ch’timi : « Eune âne qu’a nin soif, rin à faire ! »… On ne peut forcer quelqu’un qui n’a pas soif  de Dieu… 
Mais pour les défunts au purgatoire ? Pour eux, nous prions très fort pour qu’un jour Dieu les accueille dans sa lumière. Et ceux qui sont déjà au ciel prient aussi pour eux, et pour nous ! C’est ça la solidarité chrétienne. C’est pourquoi l’Eglise nous dit que nous sommes en communion. Il y a donc une très belle prière triangulaire entre le ciel, la terre et le purgatoire. 

Ceci dit, nous sommes encore là, nous autres pauvres pioches ! ! Il s’agit pour nous de nous préparer au grand voyage, ni plus ni moins. Depuis notre baptême, nous posons les fondations d’une maison dont le toit est au ciel. Inutile donc de rester le nez en l’air en soupirant après les « demeures éternelles » ! Pour le moment, nous sommes des « roms spirituels », des nomades de Dieu, toujours en chemin. 
J’aime bien ce que dit Mgr Dagens dans sa Méditation sur l’Eglise : « [Les chrétiens]  se déplacent, ils se rencontrent, et l'on perçoit sans doute en eux un élan intérieur qui étonne. Ces hommes et ces femmes sont portés par un mouvement qui les ouvre au mystère de Dieu et qui, en même temps, les engage dans le monde. »

Au travail donc ! Il s’agit pour le moment de construire un monde d’amour qui soit déjà figure de l’éternité.


jeudi 7 février 2019

6. Ressusciter avec son corps?




Ma foi me dit que le Christ reviendra. Alors tous les hommes, les femmes, les enfants qui seront encore en vie, et les défunts, ressusciteront avec leur corps. Le « Je crois en Dieu » appelle ça « la résurrection de la chair ». St Paul dit : « Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, rendra aussi la vie à vos corps mortels. » Rom 8/11. Cette certitude de notre résurrection, nous  la tenons  de la résurrection du Christ, nous l’avons déjà dit. Tout, absolument tout, part de là. St Paul, très net comme toujours, affirme : « Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication ne rime à rien,  votre foi ne rime à rien ! » Cor 15/14. 
Nous ressusciterons corps et âme, c’est logique, car je suis à la fois pensée et sang, cœur et poumons,  corps et âme ! C’est tout cet ensemble qui va ressusciter. Allons plus loin : toute la création, les plantes et les bêtes, toutes ces belles choses pour la survie desquelles nous luttons avec les écolos, tout cela continuera, mais transfiguré.

Je vous entends déjà avec vos questions : « Comment cela se fera ? Et quand ? Et à quel âge je vais ressusciter ? » Ne faisons pas les malins, on n’en sait rien ! C’est le mystère de Dieu. Alors faisons-lui confiance. Encore une fois, mettons notre main devant la bouche, et disons comme ce savant dont j’ai oublié le nom : « Je sais que je ne sais pas. »…
            Libre à chacun de fantasmer sur ce que sera la vie après la vie. Un indien d’Amérique du Nord parlera des « chasses éternelles », où les bisons foisonneront à nouveau ; un musulman  aura une vision  encore plus croustillante… Je crois qu’il faut croire, c’est tout. Et je souscris volontiers à ce que disait le général du Barrail en 1873 : « Si vous ôtez aux soldats la croyance en une autre vie, vous n’avez pas le droit d’exiger d’eux le sacrifice de leur vie. »

Le grand large de la vie éternelle
Ceci dit, le plus important n’est pas là. L’important, le centre de notre résurrection, c’est que nous serons jugés sur l’amour. Comment avons-nous aimé maintenant ? Qu’avons-nous fait pour les autres, avec les autres ? Il faut relire le chapitre 25 de St Mathieu, versets 31 à 46, où Jésus nous propose une vue saisissante du Jugement final. Et voilà comment il conclut : « Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Tout homme, je dis bien tout homme, chrétien ou pas, sera jugé sur l’amour. Alors on peut imaginer la vie éternelle comme un temps sans temps, un lieu sans lieu, où il n’y aura plus que l’amour. Voilà ce que nous croyons, et aussi ce que nous espérons : la résurrection d’un monde d’amour.

Cette série de méditations sur les fins dernières est presque terminée. Il est heureux que cela finisse sur le grand large de la vie éternelle, car ce sera le dernier et le plus beau cadeau que Dieu nous aura fait !