mardi 3 janvier 2023

Un malentendu tragique.

 en ce début d'année, nous continuons notre réflexion sur la liberté. Bonne année!


 

            Regardons l’Evangile. En Jean 8/31-34, Jésus indique nettement qu’il vient libérer les hommes de l’esclavage du péché. Ses interlocuteurs, des juifs, ne comprennent pas. D’où leur cri du cœur : « Jamais nous n’avons été esclaves de personne ! » Ils n’ont pas compris…  Et comment auraient-ils pu comprendre ? La seule libération qu’ils attendaient était politique : se libérer de l’occupant romain. Allez dire à un résistant du Vercors en 1944 : « Jésus vient te libérer du péché. » Je crois qu’il vous aurait regardé de travers !  

            Et pourtant, Jésus a bel et bien fait des signes de libération. Des signes qui, comme de vrais signes, invitent à aller plus loin que ce que l’on voit. Jésus n’arrête pas de guérir les gens, des paralysés, des sourds, mais c’est toujours pour montrer qu’au-delà de la pitié pour les malades – pitié bien réelle  - il veut les guérir du mal intérieur, du péché, du véritable esclavage qui maintient l’homme aveugle et paralysé sur le chemin de Dieu,  sourd et bouché aux appels de Dieu.

            En guérissant les gens à ras de terre, rejetés comme les lépreux, condamnés comme la femme adultère, Jésus fait un vrai travail de libération. Mais alors, un malentendu tragique s’installe… A l’instar des 10 lépreux dont un seul vient remercier Jésus, ce qui intéresse les gens, c’est de guérir un point c’est tout. Le péché quand ? Le péché où ? Ils n’en n’ont rien à faire ! D’où cette énorme frustration qui monte à partir du milieu de l’Evangile, frustration qui mènera  aux hurlements du « Crucifie-le ! », et à la déception des pèlerins d’Emmaüs.

            Sommes-nous plus malins aujourd’hui ? Qui parmi nous a vraiment envie de se sortir du péché ?  Allez demander à ceux qui veulent faire baptiser leur petit : « Pourquoi voulez-vous le baptiser ? » Le plus souvent on vous répondra : « C’est pour qu’il soit protégé. » Protégé de quoi ? De qui ? Du mauvais œil peut-être ? Mais du péché ???

            Bon, c’est toujours facile de se frapper la poitrine sur celle des autres. Mais le problème est bien un problème personnel, intérieur, fondamental : de quoi moi, chrétien, ai-je besoin de me libérer ? Qu’est-ce qui me rend aveugle, paralysé ? Ce n’est déjà pas facile de se protéger du Covid 19, mais ne suis-je pas malade aussi de l’intérieur, comme bien des poires à l’étalage, belles au-dehors mais gâtées à cœur ?...

            Chacun est appelé à faire la lumière sur soi-même. Car, comme dit Jésus à Nicodème : « Il faut naître de nouveau. » Et Jacques Dherbomez de commenter : « Nous avons à naître comme enfants de Dieu. Comme la lumière est au départ de la Création, la lumière de Pâques annonce une nouvelle Création. »