lundi 22 mars 2021

7. La prière dans l'Eglise.

 

 

            Dans l’Eglise tout, absolument tout, part de Dieu et de sa grâce. Si l’Eglise vit depuis plus de 20 siècles, il n’y a pas de mystère, c’est que Dieu y est pour quelque chose !… Je parle pour les croyants bien sûr… Pour moi, j’ai souvent en tête le cri brûlant du Christ : « Père, je te rends grâce : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11/25)

            Et dans l’Eglise tout, absolument tout, part du cœur de l’homme. Sans le cœur de l’homme, l’Eglise n’est qu’un tambour vide comme dit St Paul…. Ainsi, c’est aussi la vie intérieure de l’homme qui construit l’Eglise. Elle rencontre la grâce. D’où l’importance de la prière.  

            Il y a des milliers d’églises, de temples, de pagodes dans le monde… Pour ce qui est des églises, on peut les classer en trois catégories. La première, c’est l’église romane. L’église romane attire la prière personnelle. Si tu entres à St Victor de Marseille, tu es saisi par le clair-obscur, par le mystère de ces pierres blondes, blocs énormes, par le silence. Il y a un je-ne-sais-quoi qui t’entraîne à regarder Dieu en toi-même.

            Un autre type d’église, c’est la cathédrale… La cathédrale est faite pour un peuple. Au Moyen-âge, la cathédrale était le cœur de la ville. Et, à voir l’émotion lors du dernier incendie, Notre-Dame de Paris est encore dans le cœur des parisiens ! Un peuple chante, prie, célèbre son Dieu. En maints endroits, le peuple danse !

            Et le troisième type, c’est la chapelle dite « de brousse ». Ses murs en pisé, des tôles qui ne demandent qu’à s’envoler au gré des tornades de début des pluies. Autrement dit, une églisette qui ne paie pas de mine ! Et pourtant c’est là que vit la CEV, c’est là que  se trouve l’essentiel de la petite communauté chrétienne. On y prie bien sûr, mais aussi on y palabre, on y fait la fête, c’est vivant ! C’est une communauté à taille humaine, où l’amour fraternel se vit d’une façon tout à fait concrète…. Bien sûr, en France les églises sont souvent comme des chemises trop larges. Peut-être est-ce une bonne occasion pour elles de retrouver une taille plus humaine afin de  redevenir un lieu de vie comme les « chapelles de brousse » ???

            Et au milieu, il y a l’Eucharistie. Mais comme un sommet, un aboutissement. L’Eucharistie, c’est comme un diamant au soleil, bien taillé et riche de toutes ses facettes. C’est là que la prière de chacun rencontre la prière des autres.

            Evidemment,  si tu n’as aucune envie de Dieu, je comprends que tu préfères aller faire une pétanque… Et si tu te contentes d’aller à la messe par devoir ?  C’est déjà pas mal, mais ce n’est pas solide ! Dès que ton voisin ou ton cousin  n’y va plus, toi aussi tu cales et tu rejoins la pétanque… C’est ce que j’appelle une foi molle,  comme le sable humide en bord de mer.

            Pour que ta prière en Eglise soit vraie, souviens-toi de ce que disait Christian Salenson en parlant du Christ dans l’Église : « Le Berger invisible [des chrétiens] est cet Autre  insaisissable qui parle au cœur de chacun. »

 

 


jeudi 4 mars 2021

6. Vous avez dit catholique?

          Le temps use les mots. Catholique est un mot usé. Pour nos contemporains, le catholicisme est une branche des chrétiens, comme il y a des sunnites et des chiites en Islam.

            
Alors, il nous faut retrouver la fraîcheur et la vérité du mot ; pour cela, revenons au 2
ème siècle de notre ère avec Ignace d’Antioche. Ce grand évêque, mort martyr, est le premier à avoir parlé de « l’Eglise catholique répandue dans le monde entier ». Au 2ème siècle ! Pour Ignace, catholique voulait dire universel. Il savait que l’Evangile est une parole de vie pour tous les hommes de bonne volonté. En clair, Dieu peut parler au cœur de tous !

            Donc, l’Evangile est pour tous. Mais être catholique, c’est aussi croire que la Parole de Dieu peut nous venir par tout homme de bonne volonté… J’ai trouvé l’Evangile (pas le livre, la vie !) chez ce monsieur polygame dont le grand souci était de créer la joie et la paix dans son saré. Il n’admettait pas la jalousie, qui est souvent la norme dans ce milieu…J’ai aussi admiré le livre de Yann Arthus-Bertrand « Six milliards d’autres », où l’auteur interroge le birman, le burundais, le suédois sur l’amour, la peur, la mort etc.… J’applaudis à deux mains ! Car comme catholiques, nous sommes des chercheurs de trésor, le trésor de Dieu parlant au cœur des gens. Tu le trouves, ce trésor, aussi bien chez le pape François que  chez Jean Valjean le bagnard au grand cœur, aussi bien chez la petite Bernadette de Lourdes que chez ta voisine lumière de sa maison.

            Donc, dans catholique, j’entends à la fois unité et diversité. Unité car tous sont aimés de Dieu, diversité dans la manière de rencontrer Dieu. C’est à l’image de la gare de Canton, où tu trouves des Tibétains, des Hans, des Ouïgours, des Mandchous,  chacun en costume de sa région, mais tous chinois (de gré ou de force !).

            Alors on peut se demander qui est catholique et qui ne l’est pas ? Là, je refuse absolument de trancher !  C’est comme si vous me demandiez qui ira au ciel, qui ira en enfer ? C’est l’affaire de Dieu, avec ses grands bras. Arrêtons de coller des étiquettes en fonction de la religion, ou de la non-religion des gens. Pour moi, être catholique c’est sortir de la religion, de ses ors, de ses rites, pour retrouver tous les croyants dans le cœur de Dieu. A Taizé comme dans les cités de Marseille, je me sens pleinement catholique. C’est dans ce sens que Mgr Aveline, archevêque de Marseille, écrit : «  Il faut encourager les catholiques à se convertir à la catholicité de l’Eglise. »

            Une dernière image. Je connais un évêque en Afrique, qui a son bureau de plain-pied avec la rue. Il suffit de trois marches pour y être ! Cet évêque est là pour tout le monde ! Comme disait Mgr de Mazenod, fondateur des Oblats, il s’agit d’avoir « un cœur grand comme le monde. »

            A l’heure de la mondialisation, de l’Europe, de l’ONU, de l’ASEAN,  il est temps pour les croyants de jeter leurs œillères, de se libérer de leurs complexes, pour partager le même rêve de paix avec tous les hommes de bonne volonté.