mercredi 24 août 2022

Blessures d’amour

 


            Je connais quelqu’un qui, depuis qu'il est petit, rêve de devenir juge pour enfants. C’est peu banal ! J’imagine, mais j’imagine seulement – car je ne connais rien du métier et assez peu de la personne – qu’il y a là, entre autres,  un désir profond d’aider les gens à cicatriser les blessures d’amour qu’ils ont reçu dans leur jeunesse.  Il y a des enfants malaimés peut-être de leur mère, ignorés ou brutalisés par leur père ; j’imagine que ces enfants sont prêts à faire n’importe quoi pour clamer à la face du monde : « Qui veut m’aimer ? »… Ils le crient à leur façon, et il s’agit d’entendre ce cri, de l’interpréter, et si possible d’aider à cicatriser ces blessures. Mais la blessure d’amour est une des plus difficiles à guérir.

            Un enfant « placé » est parfois compliqué. L’art pour le tuteur et la tutrice (car ce sont souvent des ménages), sera de trouver où  se cache la blessure du petit. Pas facile ! Cela demande des trésors de patience, de délicatesse, d’amour en un mot.

            Ceci pour les enfants. Mais peut-on, à 88 ans, recevoir une blessure d’amour ? Sans vouloir verser dans le gnangnan, je crois que c’est ce qui m’arrive. Voyez plutôt : je suis parfois sidéré par l’absence de Dieu dans notre société française. Dieu ? Au musée ! Je  dis absence, pas hostilité. Dans un sens c’est pire : une maman qui gronde est plus supportable qu’une mère absente, surtout psychologiquement. Pour Dieu, on n’est pas contre, mais on s’en contrefout, ce n’est pas Lui qui va faire bouillir la marmite ! Alors pas de place pour Lui à la maison, même pas, surtout pas, un crucifix au mur.

            L’Amour n’est pas aimé. La source de tout amour est ignorée, alors qu’on vit d’amour, tous les jours. Il y a de quoi être blessé, navré, furieux. L’Amour est relégué au rang des catégories inutiles. Il ne sert à rien… Mais comment voulez-vous que l’amour serve à quelque chose ? Il est l’amour, c’est tout. Et c’est là la seule définition de Dieu. Trouvez-en une autre, vous irez dans le mur.

            En tous cas, je ne demande pas à être guéri, mais à être compris. Si vous pensez que les blessures d’amour existent, voilà la mienne !