lundi 30 octobre 2017

4. Jésus, l'homme qui marche (suite)


Jésus bouge là où il y a des gens. Il ne leur demande pas leur passeport, ni de quelle Eglise ils sont, s’ils pratiquent ou pas. Simplement, il va là où les gens vivent et meurent, là où ils font la noce comme à Cana, là où un romain, ce « goy » comme disent les juifs, crie sa détresse devant la maladie de son gamin, là où la mort a frappé Lazare. Jésus rejoint ainsi les prophètes de l’Ancien Testament, si proches des exilés de Babylone. Il rejoint Elie secourant la veuve de Sarepta, il rejoint les prophètes bagarrant pour les droits des humbles.

Après Jésus – l’histoire de l’Eglise l’atteste – quand les papes de la Renaissance se vautraient dans l’or et les filles, il y eut toujours des chrétiens plus gonflés que les autres pour crier : « Et les pauvres ? Et les indiens ? »
Dans la suite des siècles, on trouve toujours des gens qui ont symbolisé le Dieu nomade, même sans le savoir, et pas seulement des chrétiens. Pensons à la marche du sel de Gandhi, et – oserai-je le dire ? – la Longue Marche de Mao. Chez les chrétiens, citons les défilés de Martin Luther King, et ce surprenant SDF, St Benoît Labre. Et plus près de nous, les papes-pélerins. Enfin,  tel ou tel Secrétaire Général de l’ONU sautant d’un avion dans l’autre, toujours pour la paix.

Nous ne pouvons pas nous étendre sur tous les « mouvements » de Jésus. Parlons quand même de la danse. Dans notre première méditation, je vous parlais de l’Esprit de la Genèse qui planait sur les eaux. On pourrait traduire : « qui dansait sur les eaux. » … Jésus a-t-il dansé ? Bien sûr voyons ! Gamin, il a dû se mêler aux danses des petits sur les places de Nazareth (Luc 7/32). Et, plus grand, participer à ces « danses bibliques » si belles, encore en honneur chez les jeunes israélites aujourd’hui.

Ensuite, si vous lisez l’évangile de Marc en continu, vous serez entraînés dans un rythme qui est comme une danse. « Et aussitôt… De là, il se lève… Il entre… Il sort, il traverse. »… Mais le triste, pour Jésus, c’est de voir les gens refuser d’entrer dans la danse ! Ils ne veulent pas danser – disent-ils – parce que c’est hors des clous ! Vous vous rendez compte ? Manger avec des traîne-savates, s’asseoir avec les sacripants, parler avec des « maudits » (Jean 7/49), non non ! Restons dans les clous de la Loi. Or, ceux-là qui ne veulent pas danser, Jésus les appelle des sclérocardes, des cœurs rouillés, grippés.

Décidément non, l’Evangile n’est pas un livre de morale. Il est le rythme d’un homme vivant, présent à tous, chaleureux… et libre ! Jésus est aussi in-saisissable qu’un danseur de flamenco. Personne ne peut mettre la main sur lui sans qu’il le veuille. En Mc 4/10, les gens vont lui faire un mauvais parti. Et le texte dit, laconique et souverain: « Et lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. »
Enfin, après la Résurrection, les anges passent leur temps à dire aux apôtres : « Il n’est pas ici ! » Le Dieu-nomade est ailleurs!



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