lundi 6 avril 2020

1. un océan de souffrances

En ce temps de Semaine Sainte, j'ai cru bon d'écrire quelque chose sur la souffrance. D'où  ce n°1 d'une série de réflexions. Bonne semaine!



                   La première impression que la France m’a faite quand je suis rentré d’Afrique : FACILE ! En France, tout est facile. D’un clic tu prends ton billet de train ; il te faut 5 heures de TGV pour faire Marseille-Lille ; tu entres au Super U et tu trouves de tout, absolument de tout ; les routes sont des billards etc.… Et je comparais avec le Nord-Cameroun, où je mettais 2h15 pour faire 25 kms, et en 4x4 ! Les mayos en crue, les coupeurs de route et j’en passe. Et la souffrance des gens ! Ils  se retrouvaient souvent avec le grenier à grain vide. Pas de Sécu, pas de restos du cœur. Quand tu es élève, tu dois affronter l’absentéisme des maîtres et leur corruption ; si tu rencontres les gendarmes, il y a  toujours le risque de te faire détrousser. Et les mamans, la douleur dans les yeux avec l’enfant malade dans les bras, sans espoir car pas de sous pour acheter le médicament… Bref, en arrivant en France, j’avais un peu l'œil du migrant échappant à l’enfer et croyant arriver au paradis !
            Et puis… Et puis je me suis rendu compte qu’ici aussi il y a de la souffrance. Mais une souffrance autre. Souffrance des pauvres en HLM, menaces du burn-out chez les médecins et les hommes d’affaire, solitude de la mère célibataire, angoisse des jeunes face à l’avenir, frustrations… Et Tim Guénard disait : «  Il n’y a pas de souffrance plus grande que celle que chacun vit. »…     La souffrance est partout, elle fait partie de la vie. Et on a beau tout faire pour la gommer, ou la tourner, elle est là. Quelqu’un (Brassens ?) chantait : « Il n’y a pas d’amour heureux. »
            
           Le constat est amer. Un monde dur, mais un monde qui nous pousse à réfléchir : la souffrance a-t-elle un sens ? Pas seulement pour le chrétien, mais pour Mr Toulemonde qui cherche à être heureux et se tape la tête contre les murs ?  Et pourquoi Dieu permet ça ? Et de quel droit mon voisin est heureux et pas moi ?  En fin de compte, il y a davantage de suicides en Europe qu’en Afrique. Le suicide est une façon de répondre à la souffrance. Mais est-ce la seule ? Face au mal-vivre de nos contemporains, n’y-a-t-il que le mur du désespoir ? 
            
         Nous allons essayer d’allumer quelques petites lumières. Elles ne pourront  pas tout résoudre, ni effacer  le poids que  chacun  porte, mais simplement éclairer des points, comme sur une nationale dans la nuit noire.
            « Qui nous fera voir le bonheur » dit le psaume. Mais où est-il ce bonheur ?  Est-ce un mirage comme on en voit dans le Sahel ?

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