jeudi 17 novembre 2022

1. Il y a des mots précieux.

 Nous commencons aujourd'hui ,une nouvelle série de réflexions sur "la liberté". Réflexions que vous pouvez retrouver dans un petit livre récent que je viens de publier :"Les choses de la vie" (me le demander). Toujours dans l'idée que les plus petites choses de notre vie, ont toutes un parfum d'éternité.


            Il y a des mots précieux, qui disent les trésors que nous portons. Parmi ces mots, il y en a un si fort, si beau, si vrai, que nous ne nous lassons pas d’en parler : la liberté.

            Quand on parle de liberté à un français, il pense tout de suite : Révolution, Libération. Ce sont des mots qui nous font vivre encore aujourd’hui… Mais on a un peu tendance à mettre la liberté à toutes les sauces !!! En mai 68, on entendait : « Il est interdit d’interdire ! » C’est un peu bébête, car en clair cela veut dire que chacun est libre de faire ce qu’il veut. C’est très bien, mais alors toute vie en société devient impossible, car – rappelons-le – ma liberté s’arrête là où commence celle des autres.

            Disons-le crûment : pour parler bien de la liberté, il faut en avoir été privé. Privé pas pour huit jours, mais pour des tranches de vie que l’on ne retrouvera plus : dix ans et plus. Quand on lit « L’archipel du goulag » de Soljenitsyne, on comprend ce que peut être une vie d’esclave. Nous autres occidentaux, nous ne savons plus ce que signifie être enfermés, la peur au ventre, être torturés sur fond de désespoir, des années durant.  Des gens arrachés à leur maison, comme ça, sans motif clair, et condamnés à 10 ans, 15 ans. Quand ils en sortaient, on les rejugeait, et va pour 10 ans de plus…  J’étais à Prague en 1987 ; juste avant la « Révolution de velours ». Passant devant une caserne russe, j’ai ramassé un petit pavé et, héroïquement,  j’ai écrit dessus « svoboda », liberté… Je n’ai eu droit qu’au sourire bonasse de la sentinelle. Mais les tchèques, à voix basse,  parlaient de la France comme d’une sorte de paradis, et le Printemps de Prague comme d’une espérance perdue. Le phare des jeunes, c’était Taizé.

            Nous allons essayer de creuser encore ce que veut dire liberté. Car cela va profond, plus profond qu’une devise sur le fronton d’une mairie. Si la liberté nous tient tellement à cœur, c’est qu’elle atteint le cœur de notre vie, l’intérieur de chacun. Cela va plus loin que les pavés de mai 68 ! Au vrai, c’est notre dignité d’homme qui est en jeu. Aucun enfant de Dieu ne peut vivre sans liberté. Une personne qui, telle Angéla Merkel, a vécu 30 ans dans un pays privé de liberté, sait d’expérience que la liberté est un trésor. D’où ses réactions face à la Chine, aux populismes.

            Sans aller si loin,  disons qu’aujourd’hui encore, on peut devenir esclave – en langage moderne : accro à la société de consommation !  La boulimie peut devenir un fer aux pieds,  et l’argent facile.

            Une image qui  ne cesse de m’habiter : les chevaux de Camargue. Tous ces Crins Blancs, crinière au vent, galopant dans le petit matin, à la fois puissants et légers : une merveille ! Ils ne sont attachés à rien, ne doivent rien à personne. On dirait qu’ils sont là pour faire vivre le paysage. Ces chevaux sont pour moi un symbole de liberté. Si aujourd’hui nous redécouvrons la vie sauvage, n’est-ce pas aussi un rêve de liberté que nous poursuivons ?


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