dimanche 12 février 2017

4. Laisser une porte de sortie.

Voici le quatrième article de la série "Jésus ouvre la porte".


En lisant Matthieu 5/21-22 :"Vous avez lu qu'il a été dit aux ancêtres :"Tu ne tueras point... Et moi je vous dis...", on se rend compte que Jésus s'oppose au meurtre virtuel, le meurtre "dans la tête". Un crime bien caché mais réel, simplement contrecarré par les circonstances. Mais Jésus va plus loin: il recommande aux protagonistes de faire un bout de chemin ensemble, un véritable "pas de deux", histoire de prendre le temps de calmer la colère et discuter calmement (Mt 5/25).
Cela pose la question de l'après-conflit, si importante dans les relations humaines. A l'issue d'une guerre, il y aura forcément un vainqueur et un vaincu. Le premier pourra  écraser le second, le tuer virtuellement; ainsi, il le laissera accumuler rancœur et désirs de vengeance dès que l'occasion s'en présentera.
Exemple en 1919. Après la Grande Guerre, le président Wilson et Aristide Briand étaient d'avis de ménager l'Allemagne. Face à eux, Clémenceau voulait au contraire alourdir les sanctions, ce qui -pensait-il - pousserait l'Allemagne à ne plus recommencer. La fessée après la raclée, en somme. L'avis de Clémenceau prévalut, entrainant une rancœur allemande qui déboucha à terme sur Hitler et le nazisme.

Or, en diplomatie comme dans la vie courante, il s'agit, à l'issue de toute crise, de permettre à l'autre de sauver la face. C'est, en quelque sorte, lui laisser une porte de sortie; son honneur sera sauf, ce qui psychologiquement sera l'essentiel. Toutes les chances seront alors réunies pour reconstruire ensemble. Tel fut le coup de génie de la réconciliation franco-allemande après la 2ème guerre mondiale. Avec bonheur, la diplomatie, le calcul et l'intérêt bien compris se rencontrent avec l'Evangile et la paix apportée par le Christ. Et dans la culture orientale er africaine, sauver la face est toujours primordial.

Ceux qui ont la vue trop courte crieront à la compromission et au recul honteux, mais le chrétien sait qu'à l'instar du Christ, il doit toujours voir plus haut et plus loin. Cela n'est possible qu'en sortant de la spirale de la violence pour entrer dans celle de la sagesse. Ainsi de Gandhi qui permit aux anglais non seulement de sauver la face, mais encore de s'en tirer avec honneur... Voilà des exemples typiques où l'esprit de l'Evangile a rencontré l'Histoire!
Il en est de même dans la vie de famille. Quand monsieur et madame se disputent - ce qui arrive toujours, même dans les familles chrétiennes - , surtout surtout qu'il n'y ait ni vainqueur ni  vaincu! Que chacun ménage à l'autre une porte de sortie où son amour-propre sera sauf.
Oui, dans ce passage de l'Evangile de Matthieu, Jésus voit plus loin, plus haut que nous autres gens de la terre. Avec Lui, il n'y a plus ni vainqueur ni  vaincu, il y a deux frères qui poussent ensemble la porte de l'amour.


Aucun commentaire: