Voici le quatrième article de la série "Jésus ouvre la porte".
En lisant Matthieu
5/21-22 :"Vous avez lu qu'il a été
dit aux ancêtres :"Tu ne tueras point...
Et moi je vous dis...", on se rend compte que Jésus s'oppose au
meurtre virtuel, le meurtre "dans la tête". Un crime bien caché mais
réel, simplement contrecarré par les circonstances. Mais Jésus va plus loin: il
recommande aux protagonistes de faire un bout de chemin ensemble, un véritable
"pas de deux", histoire de prendre le temps de calmer la colère et
discuter calmement (Mt 5/25).
Cela pose la
question de l'après-conflit, si importante dans les relations humaines. A
l'issue d'une guerre, il y aura forcément un vainqueur et un vaincu. Le premier
pourra écraser le second, le tuer
virtuellement; ainsi, il le laissera accumuler rancœur et désirs de vengeance
dès que l'occasion s'en présentera.
Exemple en
1919. Après la Grande Guerre, le président Wilson et Aristide Briand étaient
d'avis de ménager l'Allemagne. Face à eux, Clémenceau voulait au contraire
alourdir les sanctions, ce qui -pensait-il - pousserait l'Allemagne à ne plus
recommencer. La fessée après la raclée, en somme. L'avis de Clémenceau
prévalut, entrainant une rancœur allemande qui déboucha à terme sur Hitler et
le nazisme.
Or, en
diplomatie comme dans la vie courante, il s'agit, à l'issue de toute crise, de
permettre à l'autre de sauver la face.
C'est, en quelque sorte, lui laisser une porte de sortie; son honneur sera
sauf, ce qui psychologiquement sera l'essentiel. Toutes les chances seront
alors réunies pour reconstruire ensemble. Tel fut le coup de génie de la
réconciliation franco-allemande après la 2ème guerre mondiale. Avec bonheur, la
diplomatie, le calcul et l'intérêt bien compris se rencontrent avec l'Evangile
et la paix apportée par le Christ. Et dans la culture orientale er africaine,
sauver la face est toujours primordial.
Ceux qui ont
la vue trop courte crieront à la compromission et au recul honteux, mais le
chrétien sait qu'à l'instar du Christ, il doit toujours voir plus haut et plus
loin. Cela n'est possible qu'en sortant de la spirale de la violence pour
entrer dans celle de la sagesse. Ainsi de Gandhi qui permit aux anglais non
seulement de sauver la face, mais encore de s'en tirer avec honneur... Voilà
des exemples typiques où l'esprit de l'Evangile a rencontré l'Histoire!
Il en est de
même dans la vie de famille. Quand monsieur et madame se disputent - ce qui
arrive toujours, même dans les familles chrétiennes - , surtout surtout qu'il
n'y ait ni vainqueur ni vaincu! Que
chacun ménage à l'autre une porte de sortie où son amour-propre sera sauf.
Oui, dans ce
passage de l'Evangile de Matthieu, Jésus voit plus loin, plus haut que nous
autres gens de la terre. Avec Lui, il n'y a plus ni vainqueur ni vaincu, il y a deux frères qui poussent ensemble la porte de l'amour.
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