Si tu dis : « Là, où il y a un prêtre, il y a l’Eglise », c’est embêtant, et c’est inexact. C’est embêtant car vu le nombre de prêtres qui diminue, l’Eglise ressemblera bientôt à un mouchoir en dentelle de Valenciennes ! Et c’est inexact, car l’Eglise Peuple de Dieu ne se réduit pas à ses clercs !... Mais si tu dis : « Là où il y a une communauté chrétienne, il y a l’Eglise », là j’applaudis car tu auras compris que l’Eglise, c’est d’abord un peuple.
Un
souvenir : dans le diocèse de Maroua au Nord-Cameroun, nous voulions faire
un Directoire, sorte de mode d’emploi du diocèse. Une première ébauche
réservait les 2/3 de l’ouvrage à l’évêque et aux prêtres, et le reste à la
communauté chrétienne. Refusé ! Alors nous avons promptement
inversé : 44 pages pour la communauté chrétienne, et 15 pour
les structures diocésaines. Le Concile trouvait là une application
pratique !
Une
communauté ? Les communautés sont légion. Qu’il soit familial, politique, urbain
ou rural, tout groupe qui se rassemble pour un projet commun, forme une
communauté ; et j’ose dire que ce groupe participe à sa façon à la construction
du Royaume de Dieu. Un maire qui sait rassembler ses administrés dans un même
projet communal, mérite notre admiration ;
comme dit Jésus : « [Il]
n’est pas loin du Royaume de Dieu. »
Il y a cependant des communautés-type qui se veulent porteuses ouvertement de l’Evangile. Elles sont diverses, CVX, charismatiques, religieuses ; mais surtout il y a ce qu’on a appelé les « communautés de base », à l’échelle d’un quartier, tout en restant dans le cadre paroissial. Elles sont toutes là, ces communautés, pour aider les chrétiens à vivre leur foi en rencontrant Dieu personnellement et ensemble.
De ce foisonnement
(car elles sont beaucoup et partout)), peut sortir un franc-parler, une pratique
chrétienne originale, voire des contestations. Ensemble, ces communautés
constituent une « opinion publique chrétienne », sensibles en France
à travers, entre autres, les synodes diocésains. Parfois ça donne des boutons
aux responsables ! Mais si le Concile a loué le « sens de la foi » des laïcs, ce
n’est pas pour donner un coup d’encensoir platonique. Il faut que ce sens de la
foi soit actif, et écouté. Car, comme dit le Plaidoyer pour un nouvel engagement chrétien (Pierre-Louis Choquet
2017), « les laïcs ont
l’expérience du monde. »
Dieu merci,
la parole des chrétiens circule dans l’Eglise, de lka simple chorale aux Comités pastoraux. Malgré tout, le cléricalisme n’est pas mort,
loin s’en faut ! Peut-être, peut-être, si davantage de chrétiens pouvaient
être entendus de leur curé, en disant « Là
d’accord, là pas d’accord », moins de gens quitteraient leur paroisse
sur la pointe des pieds. Enzo Bianchi disait : « Il faut récupérer la franchise et la liberté
qui font partie du christianisme ».
C’est bien
de le dire, mais en fait, fais-tu partie d’une communauté chrétienne, formant
avec les autres une mini-église vivante, partageant les joies et les peines du monde ?
Es-tu
sur le terrain ou dans les gradins ? Car, comme dit Sylvie Robert : « Dans l’Eglise on est actifs, on retrousse
les manches, car l’Eglise est à faire. »… Oui, depuis les apôtres et
d’après une pratique multiséculaire, l’Evangile avance à la fois quand il
devient intérieur à chacun, et quand il est partagé dans une communauté.
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