Voilà un
vrai pèlerinage : prendre, à pied, le chemin de Compostelle. Je dis bien
le chemin. Pas le voyage en bus ou même en vélo, mais « cheminer »,
se mettre dans les pas des pèlerins du Moyen Age, qui, ne pouvant plus aller à
Jérusalem occupé par les Turcs, créèrent ce nouveau « camino ».
Marcher,
c’est entrer dans la lenteur, affronter des horizons qui semblent toujours fuir
devant vous, comme en Vieille Castille, se mesurer à la montagne dans une
montée sans fin où un sommet en cache un autre, plus loin, comme à Villafranca.
Loin sont le TGV, la Formule 1 et même la trottinette. Une marche où le sac
pèse, par des chemins pas vraiment carrossables, devenus boueux et même bouseux
avec la pluie. On redevient un peu sauvage, mais on a aussi le temps de s’emplir les yeux de
beauté.
Cela, c‘est le côté romantique du chemin de Compostelle. Mais allons plus profond. Bien sûr, on croise des fanas de la performance (faire tant de kms en une étape, et pour qui aller à Compostelle ne représente rien d’autre qu’une sort de rallye des Calanques en plus allongé !). Mais il est bon de donner au pèlerinage son vrai visage : c’est une image qui est l’image de la vie : une lente traversée vers un au-delà qu’on espère, qui se rapproche, qui laisse sa place à l’imprévu des rencontres … et des orages, qui nous révèle à nous-mêmes. Affronter l’obstacle qu’il faut dépasser si l’on veut être fidèle à soi-même ; c’est,
pour le croyant, une confrontation avec Dieu comme Jacob se battant avec l’Ange.
Oui,
Compostelle est la vraie figure de la vie, où il faut avancer, se battre,
tomber et repartir. Lourdes est aussi un vrai pèlerinage, mais la charge
symbolique est différente. Compostelle nous aide à imaginer ce que furent les
Croisades, cette marche vers Jérusalem, bien plus dangereuse, où l’on risquait
sa vie à l’instar du Christ marchant vers sa mort.
Allons
encore plus loin : Compostelle, nous l’avons dit, nous révèle à nous-mêmes,
dans la vérité. A ce sujet, j’ai bien aimé le film « St Jacques-La Mecque ». Là, peu à peu, le chemin
partagé avec ses aléas soude un groupe très éclaté au départ, mais qui finit
par révéler le trésor que porte chacun dans son cœur, l’amitié, le secours mutuel,
tout ce qui donne un goût de paradis à la vie ensemble.
Etre en
vérité, dans une vie où chacun, croyant ou pas, est appelé à donner le meilleur
de lui-même, tout en sachant ses propres faiblesses.
Naturellement,
ce que je dis là restera inaccessible à celui qui n’a plus envie de se battre !
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