Voici un axiome bien plus ancien que la Déclaration des Droits de l’Homme : chacun est responsable de ses actes. Responsable de ses actes… Et d’abord : responsable devant sa conscience… Mais si l’on veut empêcher un homme de faire ce que lui dicte sa conscience, on risque d’en faire un esclave, un ilote.
C’est un débat très ancien, et aussi très moderne ! Il suffit de voir les efforts des dictateurs de tout poil pour empêcher les gens de dire ce qu’ils pensent, comme en Chine ou en Biélorussie, pour s’en convaincre. Autrefois en France, il ne faisait pas bon être juif ou protestant. Aujourd’hui, il y a des moyens plus propres, mais plus pervers, d’attenter à la liberté de conscience : les « fake news » par exemple, ces mensonges d’Etat devenus un instrument politique. En costume-cravate ou en djellaba, on peut être expert en manipulation des consciences. J’irai jusqu’à dire qu’un kamikaze peut, par devoir de conscience, se faire exploser sur un marché. Ce n’est pas lui le coupable, ce sont les salopards qui l’ont manipulé ! Comme on dit, il faut « chercher les commanditaires ».
Mais au fond,
au fin fond, si l’on peut toujours empêcher de parler, on ne peut atteindre la
liberté de penser. Et c’est la grandeur de l’homme. J’ai déjà cité Hetty
Hillesum au camp de concentration, je pense aussi à la belle chanson de Florian
Pagny : « Vous n’aurez pas
ma liberté de penser. » Et je suis persuadé que là où la liberté de
conscience est bafouée, cela finira un jour par péter à la figure des
dictateurs et autres satrapes, et très violemment encore ! Dès qu’un
peuple a goûté à la liberté, aucune répression ne peut lui faire oublier cela…
Je me mets dans la peau des femmes iraniennes que l’on veut enfermer encore
après leur révolte devant le voile.
Il s’agit
pour les éducateurs de former la conscience des jeunes. Je dis bien :
former. Il ne s’agit pas de formater, mais de former. Les Jeunesses Hitlériennes,
c’était du formatage ; le scoutisme, c’est de la formation. Préparer des
jeunes capables de changer la société, telle que la rêvaient ces six
humanitaires assassinés au Niger. Des jeunes lucides, qui osent parler, et
qu’on laisse parler !
Je crois que
nos démocraties, s’inspirant de l’Evangile même sans le dire, ont un trésor de
liberté à apporter au monde. Il s’agit de construire au niveau mondial, une
société où ma liberté rencontre celle de mon voisin. On peut rêver, et pourtant
on n’est pas loin d’une société d’amour.
Dans sa
déclaration sur la liberté religieuse au n°8, le Concile Vatican 2
déclarait : « [Il s’agit]
de former des hommes qui portent sur les choses un jugement personnel, agissent
en esprit de responsabilité, et aspirent à ce qui est vrai et juste, en
collaborant avec d’autres. »…
Voltaire et Diderot
avaient-ils dit mieux ?
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