Ceux qui ont fait le Sahel ont certainement des souvenirs de caravanes... La caravane est une contestation vivante des routes de vacances en France et de leurs files sans fin de … caravanes ! Car la caravane – la vraie – est un monument de lenteur. Les méharis ne courent que dans les fêtes. Mais dans la vie au désert, ils nous disent que la marche, c’est une lenteur. Et il faut entrer dans cette lenteur pour comprendre la vie des nomades.
Dans la
Bible, le début de l’Ancien Testament est une histoire de nomades, et cela a
duré des années! Toute l’histoire d’Israël a gardé la nostalgie de la marche au
désert pendant l’Exode. Au point qu’Osée le prophète se souvient du désert
quand il veut symboliser les premières amours de Dieu avec son Peuple[1]…
On comprendra mieux en relisant le merveilleux Cantique des Cantiques.
Pourtant, la
marche au désert fut truffée d’obstacles : faim et soif, découragements,
complots et révoltes, idolâtries. Un vrai parcours du combattant pour les
inconditionnels de Dieu ! Pour le
Peuple d’Israël, l’Exode a été comme un entrainement,
un apprentissage de la marche avec Dieu. A travers les aléas du désert, le
Peuple apprend à ne compter que sur Yahvé, il apprend à marcher avec Lui ;
en ruant dans les brancards certes, en râlant à longueur d’Exode, mais en
marchant toujours.
Le Peuple apprend
la fidélité ; il apprend surtout la patience
de Dieu, Dieu qui entre dans la lenteur des nomades pour que son Peuple
continue à marcher.
Mais, comme
dit Xavier Léon-Dufour, « Dieu a
voulu faire passer son peuple par cette
« terre affreuse » pour le faire entrer dans la terre où coulent le lait
et le miel[2]. » ».
Dès lors, la marche devra continuer, sinon la colère de Dieu grondera. Dès que
le peuple enlève ses godasses pour mettre des pantoufles, par prophètes
interposés Dieu est là pour le secouer, et durement ! Et ce sera l’Exil à
Babylone.
Pour bien
des juifs, la terre d’Israël représente aujourd’hui la fin du voyage, cette fin
symbolisée lorsque deux juifs de la diaspora se souhaitent mutuellement : « Demain à Jérusalem ! » Grand
bien leur fasse ! Mais pour le chrétien, la marche ne s’arrête pas, cette
marche hautement symbolique que le Christ refit pendant ses trois ans de
« vie publique ».
Ce symbole
nous appelle à ne pas nous laisser arrêter, ni par le confort, ni par
l’incroyance, ou par le mal sous toutes ses formes. Nous avons, nous aussi,
notre Terre Promise à rejoindre.
Alors, pour
y arriver, continuons à marcher.
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