mardi 15 mars 2022

2. la Bible : des gens qui marchent

 


        

                Ceux qui ont fait le Sahel ont certainement des souvenirs de caravanes... La caravane est une contestation vivante des routes de vacances en France et de leurs files sans fin de … caravanes ! Car la caravane – la vraie – est un monument de lenteur. Les méharis ne courent que dans les fêtes. Mais dans la vie au désert, ils nous disent que la marche, c’est une lenteur. Et il faut entrer dans cette lenteur pour comprendre la vie des nomades.

            Dans la Bible, le début de l’Ancien Testament est une histoire de nomades, et cela a duré des années! Toute l’histoire d’Israël a gardé la nostalgie de la marche au désert pendant l’Exode. Au point qu’Osée le prophète se souvient du désert quand il veut symboliser les premières amours de Dieu avec son Peuple[1]… On comprendra mieux en relisant le merveilleux Cantique des Cantiques.

            Pourtant, la marche au désert fut truffée d’obstacles : faim et soif, découragements, complots et révoltes, idolâtries. Un vrai parcours du combattant pour les inconditionnels  de Dieu ! Pour le Peuple d’Israël, l’Exode  a été comme un entrainement, un apprentissage de la marche avec Dieu. A travers les aléas du désert, le Peuple apprend à ne compter que sur Yahvé, il apprend à marcher avec Lui ; en ruant dans les brancards certes, en râlant à longueur d’Exode, mais en marchant toujours.

            Le Peuple apprend la fidélité ; il apprend surtout la patience de Dieu, Dieu qui entre dans la lenteur des nomades pour que son Peuple continue à marcher.

            Mais, comme dit Xavier Léon-Dufour, « Dieu a voulu faire passer  son peuple par cette « terre affreuse » pour le faire entrer dans la terre où coulent le lait et le miel[2]. » ». Dès lors, la marche devra continuer, sinon la colère de Dieu grondera. Dès que le peuple enlève ses godasses pour mettre des pantoufles, par prophètes interposés Dieu est là pour le secouer, et durement ! Et ce sera l’Exil à Babylone.

            Pour bien des juifs, la terre d’Israël représente aujourd’hui la fin du voyage, cette fin symbolisée lorsque deux juifs de la diaspora se souhaitent mutuellement : « Demain à Jérusalem ! » Grand bien leur fasse ! Mais pour le chrétien, la marche ne s’arrête pas, cette marche hautement symbolique que le Christ refit pendant ses trois ans de « vie publique ».

            Ce symbole nous appelle à ne pas nous laisser arrêter, ni par le confort, ni par l’incroyance, ou par le mal sous toutes ses formes. Nous avons, nous aussi, notre Terre Promise à rejoindre.

            Alors, pour y arriver, continuons à marcher.

 



[1] Osée 2/16

[2] Xavier Léon-Dufour, Vocabulaire de théologie biblique, Cerf 1971, p 261.

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