Le signe le
plus haut de la liberté intérieure, c’est le pardon. Mais Seigneur, qu’il est
difficile de pardonner !... « Me faire ça à moi, jamais ! »
Nous avons tous le coeur plus ou moins saignant des crasses qu’on nous a faites.
Entre nous, nous avons aussi des crasses
à nous faire pardonner !… Toutes les grandes religions appellent au
pardon. Pour les rabbins, on peut pardonner 4 fois. Pour l’islam, bien plus. Et
l’Evangile : 77 fois 7 fois, c’est-à-dire toujours. Même s’il faut marcher
sur son amour-propre… Mais Dieu, que
c’est difficile !
Dans la
Bible, Dieu finit toujours par pardonner. Vous me direz : « C’est normal, c’est son métier », comme disait Heine. Mais nous les
hommes ?
En fait, le
pardon est le meilleur signe que tu es libre à l’intérieur. Le pardon a deux faces :
1° pardonner à l’autre, c’est le libérer, lui. C’est le mot que l’on trouve dans la parabole du serviteur
impitoyable (Mt 18). Le patron le « libère » de sa dette. Le pardon
est un courant d‘air frais qui casse la spirale de la vengeance ! C’est la
seule façon, je dis bien la seule façon, de vivre dans une société qui ne soit
pas un enfer.
2° quand je pardonne, je me
libère moi-même. Je ne suis plus esclave de rien, et d’abord de ma colère…
Ingrid Betancourt disait : « Quand
on pardonne, c’est avec soi-même qu’on fait la paix. » Voilà le signe
que nous ont laissé le P. Kolbe pardonnant à ses bourreaux dans le bunker de la
faim, Etty Hillesum dans le camp de la mort, Antoine Leiris, après le Bataclan,
qui avait écrit cet article splendide : « Vous n’aurez pas ma haine. » Tous gens qui ont pardonné, ou qui sont en route
vers le pardon.
Pour
pardonner, et c’est par là que nous terminons notre réflexion sur la liberté,
pour pardonner il faut prendre assez de distance avec ton ego pour que ta
liberté intérieure, celle à laquelle le Christ t’appelle, devienne possible.
N’oublions pas :
un homme, un jour, a pardonné sur une croix.