vendredi 12 juin 2015

De Katmandou à Mossoul.

Curieux rapprochement!  Qu'y a-t-il de commun entre le voyage au Népal et le départ vers l'Irak?...

Je pense que tous les indicateurs concordent: les jeunes chevelus qui partaient vers Katmandou autrefois, ont quelque chose de commun avec les jeunes barbus qui s'engagent aujourd'hui en Syrie avec Daesch. Chevelus ou barbus, tous cherchent une étoile. Je n'exagère pas! Les uns flirtaient avec le hasch, les autres caressent la kalach. Mais tous, au fond du fin fond, pensent avoir trouvé quelque chose qui donne sens à leur vie. Les uns (pas tous) voulaient un monde zen, où la méditation, le rêve, la vie près de la nature, sans contraintes, prenait figure d'idéal.
Pour les autres, ceux qui partent pour le djihad, on peut distinguer deux groupes. Il y a ceux qui croyaient partir "faire de l'humanitaire", et qui se retrouvent piégés là-bas. Ils découvrent - mais un peu tard - qu'on les a terriblement trompés. Ceux-là sont récupérables... s'ils ont gardé à la fois leur sens critique, leur foi dans la vie, et leur désir de se donner.
Quant au deuxième groupe, les fanatiques, on a abusé de leur ignorance en aliénant leur liberté au point d'en faire parfois des bombes humaines.

Je crois qu'il faut aller plus loin. Ces jeunes en quête de leur moi, de leur identité, en allant au djihad, rencontrent l'extrémisme. Un extrémisme qui, sous un vernis de fondamentalisme religieux, flatte leur désir de se singulariser, de s'affirmer par une différence forte avec le reste du monde. Un désir très adolescent d'exister en n'étant "pas comme les autres".
Dès lors, quête d'identité et extrémisme deviennent cousins. Et ce cousinage constitue un excellent terreau pour toute forme de violence et, à la limite, un terreau pour le terrorisme. Sans jeux de mots!
Force est de constater qu'actuellement, on assiste à un retour en force, à la fois de la quête identitaire et du fondamentalisme sous toutes ses formes: religieuses, nationalistes, voire régionalistes. Nul n'est épargné, depuis la Russie de Mr Poutine jusqu'aux extrême-droites françaises, en passant par les Tea Party américaines et... par une frange plus ou moins épaisse des chrétiens dans l'Eglise.
Oui, la lutte contre Daesch et autres Boko Haram passe aussi, peu ou prou, par la lutte contre nos propres démons.