samedi 21 février 2009

Vivre sans passions?



Ce pourrait être un sujet du bac: peut-on vivre sans passions? Je me pose la question parce que, revenant de Camargue, je surprends parfois les regards ironiques de mes collègues: comment peut-on se passionner pour ces petits oiseaux? Et pas n'importe lesquels: les oiseaux de marais uniquement. Une passion que je pense tenir de mes ancêtres; les plus lointains chassaient l'auroch, les plus récents tiraient les bécassines!
Mais je me suis moi-même surpris à jeter le même regard ironique sur un philatéliste. Ces petits carrés dentelés, une passion? Allons, soyons sérieux!
... Et si nous regardions la passion de l'intérieur, en nous mettant à la place du passionné? Alors là, tout change. Tout y passe: la tension de la recherche , l'émotion de la trouvaille, l'envie de chercher encore. C'est l'homme tout entier qui est secoué, transporté; au risque de l'emphase, je dirais: transfiguré. Alors c'est beau, quelle que soit la passion.
Des gens blasés, c'est triste. J'ai eu à faire autrefois à des scouts voyageant au Cameroun. Rien ne semblait les étonner, les toucher, les émerveiller... Overdose d'infos? Suffisance? Je l'ignore. Mais des jeunes qui ne savent plus s'émerveiller, c'est triste.
Est-ce la beauté qui suscite la passion? Oui, toujours, à condition de voir de l'intérieur. On comprend la joie des archéologues remontant une tête de César de la vase du Rhône; on admet une passion pour la grâce extra- ordinaire des oiseaux d'eau. Mais pour le philatéliste aussi, rien de plus beau que ce timbre indonésien, ou colombien.
Entre nous, en essayant de regarder Dieu de l'intérieur, j'arrive - un peu - à imaginer sa passion pour nous autres humains.






lundi 9 février 2009

convivialité


Ca y est, le mot est lâché! Mot un peu compliqué, mais les français adorent. Avec lui, la vie prend un goût d'aïoli partagé, de grillades et de rires. Et aussi de paroles. Car chez nous, un repas sans parler, ça passe mal, ça manque de goût. Foin des fast-food et autres restos rapides. Au temps de la convivialité, la vie retrouve de sa magie, en ces instants où l'on met les tracas au placard, où le stress s'éloigne.

Mais la convivialité dépasse le repas: c'est un art de vivre qui fait sauter les barrières empêchant les gens d'être heureux.

Il y a des barrières idéologiques: suivant que je suis de droite ou de gauche, mes dires n'auront pas la même saveur pour le francais qui m'écoute. Barrières... A la paroisse Notre Dame de l'Amitié (Marseille 13ème), nous avions pris l'habitude de nous retrouver périodiquement avec les voisins: l'esthéticienne, l'assureur, les garagistes, l'école de conduite. Le temps d'un anniversaire et d'une assiette de petits fours, nous attirions les regards ébahis des voitures qui passaient là, sur l'avenue. Tout naturellement, l'ami Loïc avait baptisé la placette :"Place de l'Amitié."

Voilà encore un travail misssionnaire: faire tomber les barrières. En mission, un presbytère transformé en bunker est un contre-témoignage. Des haies, des portes blindées, des claustra, non! Bien sûr on risque d'être dérangé, mais on est là pour ça. En Afrique d'ailleurs, tout le monde est chez tout le monde; celui qui s'enferme est vaguement soupçonné d'être un voleur-recéleur. Alors, que la maison fût un carrefour, c'était pour moi une joie.

Faire tomber les barrières... Il suffit parfois d'un ménage qui ose. Ainsi, sur le plateau de la Croix Rouge à Marseille, Henri-Jacques et Marie-Do ont osé inviter leurs voisins à un apéritif-trottoir, là en bas de chez eux. Et leur foi, que les autres auraient pris pour une idéologie parmi d'autres, s'est mise à vivre, dans un sourire.