mercredi 23 septembre 2020

Résurrection

 

     Bon c’est bien tout ça, mais ce n’est pas très emballant ! La souffrance, la compassion, le silence de Dieu,  ça va où ? Finirons-nous par aller dans le mur, à sombrer dans le néant ??? Tous les efforts de la médecine pour alléger la souffrance sont légitimes, et admirables ; mais pas besoin de s’appeler Corneille ou Shakespeare pour reposer la question du sens, du sens de la souffrance.

            Il y a une phrase de l’Evangile qui nous éclaire. En annonçant sa passion, Jésus ajoute : « Les hommes ont fait à Elie ce qu’ils ont voulu. De même, le Fils de l’Homme va souffrir par eux. » Mt 17/12. Or le mot grec pour « souffrir », c’est « pasko ». Un mot qui ressemble beaucoup à « paska », la Pâque. Jésus a-t-il voulu ce jeu de mots ? Toujours est-il que pour nous chrétiens, c’est lumineux : pour arriver à la résurrection, Jésus doit passer (paska) par la souffrance (pasko). Il s’agit bien d’un passage, d’une pâque !

            Mais mourir pour revivre, c’est normal, c’est dans la nature. Jésus, avec son pragmatisme paysan, le dit : « Si le grain semé en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruits. » Pas besoin d’être cultivateur pour comprendre que la vie sort de la mort. Et voilà où nous allons ! A la suite du Christ, nous sommes appelés à passer par la souffrance et la mort pour ressusciter. Pas la peine d’ergoter, c’est comme ça. Si tu veux ressusciter un jour, tu dois en passer par là. Tous ceux qui ont essayé un autre chemin sans passer par la mort, ont abouti à une impasse. Ca, c’est ma foi qui me le dit.

            Chacun a son paquet de souffrances, inutile de courir après, la souffrance vient à nous. Mais chacun est appelé à prendre ce paquet, à l’assumer avec courage, car il sait que cela le mène vers la lumière. Gabriel Ringlet dit : « Les situations vécues « pour le meilleur et pour le pire » inaugurent déjà notre éternité. »

            C’est pourquoi nous finissons ces méditations avec Joseph Folliet. Ivre de lumière et d’espérance, il a chanté :

Au bout de la route, il n’y a pas la route, mais le terme du pèlerinage.

Au bout de l’ascension, il n’y a pas l’ascension, mais le sommet.

Au bout de la nuit, il n’y a pas la nuit, mais l’aurore.

Au bout de l’hiver, il n’y a pas l’hiver, mais le printemps.

Au bout de la mort, il n’y a pas la mort, mais la Vie.

Au bout du désespoir, il n’y a pas le désespoir, mais l’espérance.

Au bout de l’humanité, il n’y a pas l’homme, mais l’Homme-Dieu, mais la Résurrection.

mercredi 9 septembre 2020

De chaumière en château.

 

 

            J’en ris encore ! Quinze jours après cette escapade dans les monts de Lacaune (voir blog précédent), je me suis retrouvé dans un château pas possible (voir photo). Une chambre avec des rideaux de 4 mètres de haut, 20 mètres comptés entre le salon et la salle à manger, des trompes de chasse et des massacres de cerf au mur, un parc de 18 hectares, vous voyez le genre… Alors, passer sans transition de la jolie maison de  pierre à la vie de château, c’est amusant. Et ça fait réfléchir.

            Je sais : le missionnaire doit s’adapter à toutes les situations, c’est un homme de partout etc… Mais ce n’est pas là-dessus que porte ma réflexion. La chaumière ou le château, là n’est pas l’essentiel. L’important, ce sont les gens qui y vivent. Et là, je n’ai pas trouvé de différence : des gens sans complexes, très à l’aise dans leur milieu, et en même temps très ouverts sur le monde qui les entoure. D’un côté, le karaoké, de l’autre des rencontres un peu plus pincées avec des gens à particules, mais tellement sympathiques et fort attentifs aux autres.

            L’important, c’est ce que vivent les hommes. Comment vivent-ils la famille, la douleur, l’amour ? Des amitiés formidables naissent, il y a de la tendresse dans les regards, on rêve ensemble, on fait des projets, on regarde le monde avec plus ou moins de sévérité, mais toujours avec la passion de ceux qui ont déjà vécu sous d’autres cieux et qui ont connu d’autres manières de vivre. Ceux-là, ils vibrent avec l’air du temps, cela fait longtemps qu’ils ont oublié la couleur de leurs pantoufles !

            Autrement dit, on ne regarde pas le compte en banque, on regarde le cœur. Plus je prends de l’âge (et j’en prends !), et mieux j’essaie d’avoir le regard du Christ, non sur les chaumières et les châteaux, mais sur ceux qui y vivent, qui essaient d’y être heureux, et parfois qui cherchent le bonheur, le vrai…. Ils ont tous le même sourire quand ils accueillent.