dimanche 12 janvier 2014

Jardiniers

Parfois la beauté vous saute aux yeux, quand au détour de la route vous découvrez le miroir du Vaccarès au soleil couchant. Parfois elle peut vous enchanter les oreilles, comme le brame du cerf en forêt de Compiègne, au petit matin de l'automne. Cette beauté-là nous est donnée, c'est naturel, c'est bio!
Mais il y a aussi la beauté que nous créons, et celle-là aussi peut être éblouissante. De quelles mains est sorti le Beau Dieu de la cathédrale d'Amiens? Qui a composé cette berceuse russe chantée à la perfection par l'école de chant de St Pétersbourg? Et les maisons de pierres blondes que l'on trouve partout en pays d'Apt, c'est encore de la beauté créée par les maîtres de la pierre. Une pierre qu'ils maîtrisent si bien qu'ils s'en sont faite une amie.

Ajoutons qu'en Provence, les jardiniers sont aussi créateurs de beauté. Depuis qu'Adam et Eve, jardiniers du Paradis, eurent été mis dehors par l'Ange, on avait un peu perdu la main. Mais à l'anglaise, à la française, à l'italienne, les provençaux se sont bien rattrapés depuis!
Le pays goûte peu les  jardins anglais, toujours assez fantaisistes. Par contre, on aime ici les lignes nettes, les cyprès au cordeau, l'horizon  donnant sur des rangées d'oliviers et de cerisiers.  Le long de la route de Lumière à Cavaillon, on n'a aucune peine à découvrir les mas à la porte en plein cintre, dans l'axe d'une large allée alternant cyprès et oliviers. C'est clair, c'est maîtrisé, c'est mesuré.
Mais quand on s'aventure sur les petites routes du Lubéron, au milieu des halliers, que de merveilles cachées! Les gens prennent leur plaisir en créant des jardins rappelant l'Ombrie plutôt que la Touraine. Mais il faut chercher, se perdre un peu, et finir par trouver les jardiniers qui vous font passer en souriant de la lumière de l'allée triomphale à la fraîcheur de la salle commune.

On trouve de la beauté partout, mais dans le Midi, point de champs immenses où l’œil se perd. Les jardiniers ont humanisé le paysage.