vendredi 31 juillet 2015

la Mission, c'est sortir.

En lien avec l'Université d'été de la "famille mazenodienne" qui se tiendra à Pontmain  du 27 au 29 août prochains, nous commençons une série de réflexions sur "la Mission". Cette série sera diffusée bientôt sur RCF Vaucluse.

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1. La Mission, c'est sortir

            "Sortir": le mot a été mis à la mode par le pape François. La Mission, c'est sortir.
Oui, mais pour aller où? Pour faire quoi?... Pas d'abord pour prêcher qu'il faut se convertir, pas d'abord pour "annoncer la Bonne Nouvelle" comme on dit en langage d'Eglise. Mais d'abord pour rencontrer les gens, essayer de  comprendre ce qu'ils vivent, et même parfois  vivre avec eux, au milieu d'eux, comme eux. Quand les petites Sœurs de Foucauld partent à Calais, elles n'y vont pas avec la Bible à la main, elles y vont pour rencontrer les migrants qui s'accrochent aux camions. Elles sortent vers cette humanité qui souffre, pour s'asseoir avec ces gens qui veulent vivre à tout prix.
La mission du chrétien, c'est dehors. Pour tisser des liens. A Marseille et partout, il y a des pots de l'Amitié en bas des immeubles, et les chrétiens sont là. Au fond, on sort de chez soi, de son propre confort, pour faire un travail d'amour.
Quand on sort, on attrape des coups, forcément. On se heurte au mal, on a mal au monde. Alors là, sortir veut dire "crier avec ceux qui crient, pleurer avec ceux qui pleurent."... Il y a donc une manière chrétienne de faire la fête avec ceux qui sont heureux, et une manière chrétienne de s'asseoir avec le voisin atteint de leucémie, ou avec ce jeune qui se bat pour trouver du travail.
Au fond, face à la Mission, il y a deux types d'Eglises possibles. Il y a l'Eglise qui sent un peu la naphtaline. Une Eglise frileuse, uniquement préoccupée de ses problèmes internes, de sa liturgie, de sa théologie. Cette Eglise prend figure de citadelle assiégée, où le prêtre, du haut des remparts (de la chaire), tire à boulets rouges sur le monde et ses turpitudes.  Pour cette Eglise, pas besoin de sortir; à l'entendre, ce sont les autres qui doivent venir à elle. Ce sont eux qui doivent sortir du diable pour entrer dans la Vérité!
L'autre modèle d'Eglise, c'est l'Eglise  décoiffée par le vent du large, à l'image du regretté Laurent Bourgnon.  Cette Eglise cherche avec passion ce qui est bon dans le monde, elle s'en émerveille comme le Christ s'émerveillait devant la foi du centurion romain. J'aime bien le livre de Yann Arthus Bertrand :"Six milliards d'autres", où l'auteur arpente la Terre pour demander au mongol, à l'indien, à l'américain :"Et toi, que penses-tu du bonheur, de la douleur, de l'amour?"
L'Eglise-qui-sort pose les mêmes questions. Poussée par l'Esprit, elle cherche ailleurs où souffle le vent de Dieu; elle est attentive à ce que vivent les autres, tous les autres, pas seulement les chrétiens du coin. Cette Eglise est souvent sale comme dit François, car elle a mis les bras dans la misère humaine, et jusqu'au coude!
Sortir, c'est revivre l'Exode. Pas besoin d'aller en Chine pour cela. Témoin ce papa qui rentre à la maison, fatigué après une journée de travail. Il se carre dans son fauteuil avec un ouf de contentement, ouvre son journal et... une toute petite voix se fait entendre , venant du tapis  :"Papa, viens jouer avec moi." Et le papa laisse son journal, il "sort" vers son garçon pour jouer avec lui.