jeudi 15 décembre 2016

"Donne-moi! Donne-moi!"

Prier - en français et dans notre inconscient - c'est demander. "Je vous prie", "s'il vous plaît", cela  fait partie de la politesse française. On s'en remet au bon vouloir des autres. Avec Dieu c'est pareil. Jésus nous dit de ne pas craindre d'être casse-pieds dans la prière. Il faut relire la jolie parabole du juge et de la veuve (Luc 18/1-8).

Bon. Mais il ne faut pas que notre prière devienne celle de l'enfant gâté, de l'enfant "mal élevé"! "Donne-moi, donne-moi! Si tu ne donnes pas, c'est fini entre nous, je coupe les ponts, terminé! Si tu ne m'écoutes pas, je te laisse tomber." C'est vrai non? Qu'avons-nous à faire d'un Dieu inutile parce qu'il n'écoute pas?

L'ennui, c'est que Dieu n'est pas du domaine de l'utile. Il est au-delà de l'utile. Il est Dieu, c'est tout... Sur les conseils d'une amie - un comble: maintenant ce sont les laïcs qui conseillent les prêtres! - je viens de lire un petit ouvrage épatant. Je l'ai lu deux fois, pour essayer de (mieux) comprendre. Il est de Marion Muller-Colard et s’intitule "L'autre Dieu". A travers l'histoire de Job, l'auteure découvre dans sa propre vie combien Dieu est au-delà de l'utile. Job, qui avait 3000 chameaux, se retrouve "sans rien" comme on dit en Afrique. Nu comme au jour de sa naissance! Et Dieu continue à illuminer ce rien! Et Job, après bien des colères et des révoltes, s’abandonne entre les mains de Dieu. C'est - à mon avis - à ce moment-là que la prière de Job devient le type même de la prière chrétienne.

Avec Job, nous redécouvrons la prière de louange et de merci. Cette prière qu'avec nos gros sabots de petits croyants, nous négligeons trop souvent... Après tout, nous avons tous dû apprendre à dire merci! Et il suffit d'ouvrir le "Livre des heures", cet office que bien des laïcs partagent désormais avec les prêtres, pour découvrir les Psaumes. C'est extraordinaire les Psaumes! Il y a là-dedans des cris d'appel, des hurlements même, des imprécations horribles. Mais on trouve aussi de très beaux chants de merci, des chants de louange, de confiance. Mais si les Psaumes vous rebutent, allez donc voir  l'émission "Des racines et des ailes", sur la 3. Vous verrez, la louange chrétienne vous sortira toute seule de la bouche.
Il s'agit, ni plus ni moins, de remettre la création  à l'endroit. La création nous est donnée, la beauté nous est donnée, et la vie. L'aurions-nous oublié? Il s'agit aussi de remettre l'amour à l'endroit. Passer de l'amour prédateur, de l'amour aux dents longues, à cet amour qui mit Jésus en route, qui  nous tourne vers les autres. Un amour qui chante.

On dit parfois que toutes les religions se valent, ce n'est pas vrai. Il y a les religions du "donne-moi", et les religions du "je me donne". Regardons le schéma ci-dessous:
 Dans la figure 1, seule la prière de demande a sa place. Dans la figure 2, la prière de louange et de merci a la première place.... A chacun de nous de voir où il en est!


                                                        











 







                                              
                                                          
                              

mardi 22 novembre 2016

Bienheureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes...

Dans le Nord, on dit du vantard qu'il est "fier", ou qu'il "se prend". Je me rends compte qu'avec l'âge, je deviens de plus en plus in-contestable!
Dans l'Evangile, quand Jésus dit aux messieurs qui ont coincé la femme adultère :"Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre", il les invite puissamment à se moquer d'eux-mêmes, à quitter leur bonne conscience pour prendre un miroir et se regarder en vérité.

A celui qui "se prend", au "fier", puis-je conseiller une petite thérapie?
   1° d'abord, qu'il accepte que les autres le charrient.
   2° qu'il accepte que les autres le contestent.
Pas facile! Alors, s'il n'y arrive pas, qu'il s’abonne au Canard Enchaîné.... Ce vieux journal fait tellement partie de notre culture française! Il charrie les grands, il les conteste, qu'ils soient de droite ou de gauche. Ce faisant, il fait œuvre salutaire. En se moquant, il est le signe que la démocratie, c’est possible. En riant des autres, il les appelle à rire d'eux-mêmes.

Car se moquer des autres, ça passe. Mais se moquer de soi-même, c'est plus coton! En effet, il s'agit de prendre du recul avec soi-même pour repérer ce qui, en nous, tient de la vérité et ce qui appartient à la comédie.
La comédie, il en faut bien un peu, on en a besoin pour pimenter la vie en société! Au temps de Louis XIV, Paris et Versailles avaient poussé la performance à un point tel que Molière en fit une "comédie-ballet", le Bourgeois Gentilhomme. Et Molière fut relayé par Balzac avec sa Comédie Humaine.

L’important est de ne pas être dupe, de ne pas se prendre au jeu. D'avoir toujours un miroir en poche. Car jouer la comédie aux autres  ne dure qu'un temps. Mais se la jouer à soi-même, c'est la mort! Et je ne mâche pas mes mots. Si tant de gens vivent à côté de leurs pompes, c'est qu'à un moment de leur vie, ils n'ont pas pu, ou su, faire la vérité sur eux-mêmes.... Alors ils se voient toujours un peu plus haut qu'ils ne le sont: le DRH joue au PDG, l'adjudant au lieutenant, et le prêtre se prend pour un évêque. Heureux seront-ils s'ils trouvent un jour un vrai ami qui, courageusement, les remettra en face d'eux-mêmes.

J’aime bien ces Béatitudes de Joseph Folliet:
" Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de s'amuser.
  Heureux ceux qui savent distinguer une montagne d'une taupinière, il leur sera épargné bien des tracas.
  Bienheureux ceux qui regardent où ils mettent les pieds, ils éviteront bien des peaux de banane.           
  Bienheureux ceux qui ne se prennent pas au sérieux, ils seront appréciés de leur entourage...."

jeudi 27 octobre 2016

Les limites du dialogue

Il faut se féliciter de tous ces appels au dialogue avec l'islam. Ils se multiplient ces derniers temps, comme dans cette lettre des évêques de France "Dans un monde qui change...". Face au fanatisme, le dialogue est la seule réponse digne d'un chrétien, que dis-je, c'est la réponse des hommes de paix.   On peut dire que le dialogue est dans les gènes du christianisme, même s'il y a eu pendant longtemps de terribles contrefaçons de l'Evangile dans le monde catholique, celui que je connais le mieux.

Encore faut-il que ce désir de dialogue soit partagé! Or que constatons-nous? A part une frange non négligeable de musulmans ouverts et réfléchis, nos efforts de dialogue et ceux de la société civile  ne rencontrent pas souvent le large écho qu'ils auraient pu espérer. C'est un constat, et ce constat se fait ailleurs aussi, que ce soit au Cameroun ou en Allemagne.
Pourquoi ce peu d'empressement? Tout en ignorant le pourcentage exact, nous pouvons affirmer qu'une grosse majorité de musulmans s'inspire actuellement du salafisme, fille du wahhabisme.
Que cette tendance soit modérée ou extrême, chiite ou sunnite, comme tous les fondamentalismes elle ne veut pas du dialogue, elle ne pense sa place dans le monde qu'en termes d'affrontement et d'élimination de l'autre, qu'il soit soufi, chrétien ou incroyant. Bien plus: pour le salafiste, notre volonté de dialogue est un aveu de faiblesse, dont il doit profiter pour s'imposer.

Que pouvons-nous y faire? D'abord poursuivre à tout prix le dialogue avec les croyants de bonne volonté, ceux-là mêmes qui sont persécutés par les extrémistes. Favoriser aussi ceux qui veulent vraiment s'intégrer à la société française tout en maintenant une démarche spirituelle vraie.

Mais je reste persuadé que la vraie solution ne peut venir que des musulmans eux-mêmes. Récemment, un colloque s'est tenu (à Paris?) entre différentes écoles de pensée musulmane. Or les salafistes n'y étaient pas conviés.... Ce qui me semble un geste prophétique n'est-il pas la solution? Sortir de la mainmise de l'Arabie Saoudite sur l'islam mondial, mainmise qui profite à la fois des frustrations du monde musulman face à l'Occident, et de l'ignorance des fondements de l'islam. Car le salafisme maintient et profite de l'ignorance.
Et puis: il s'agit pour les musulmans d’écouter la voix de l'islam spirituel et du soufisme, d'écouter aussi les penseurs modernes qui appellent à une réforme.  Ce sont eux qui lancent des ponts! Qu'ils fassent de leur religion un véritable parangon de civilisation telle qu'elle fut dans sa splendeur  au temps des Oméyades.

Tout cela, nous chrétiens ne pouvons le faire à leur place! Quand on regarde le Moyen-Orient actuel, avec cette foule de mouvements, de milices, de factions qui règlent leurs différends au lance-roquette, on  se dit qu'on est loin du compte! A mon avis, le salut ne viendra pas de là, mais d'un islam affranchi du salafisme et proposant aux jeunes une religion de la vie, de la rencontre, et non une entreprise de haine et de mort. Ce que tente actuellement la Tunisie, entre autres. 

En terminant, je fais mienne cette remarque d'Eric-Emmanuel Schmitt :"Dans l'histoire musulmane, il y a eu des périodes de lecture critique du Coran. Mais aujourd’hui, ceux qui en font une lecture restrictive crient si fort qu'ils empêchent les modérés de s'exprimer. Il est urgent pour ces derniers de reprendre la parole". Le Pélerin, 13 octobre 2016, p.53.


jeudi 29 septembre 2016

Lourdes Cancer Espérance (LCE)

Dans le car qui nous ramenait du pèlerinage, j'avais demandé à ceux qui le voulaient, de dire une chose qui les avait marqués durant cette semaine. Et j'ai donné mon propre témoignage. J'ai été frappé, secoué, émerveillé - je ne trouve pas le mot - par l'ambiance de vérité qui avait régné pendant ces quelques jours à Lourdes. Des rencontres vraies, sans chichis ni ronds de jambe. On aurait dit une bande de vieux (et jeunes) copains heureux de parler de leur vie, ou simplement d'être ensemble.

Et pourtant, comme nous étions différents! Pas beaucoup de PDG, mais des messieurs prospères côtoyant de menues dames à la retraite. Des petits vieux tout cassés blaguant avec le jeune qui poussait la voiturette. Et tous ou presque, ayant titillé la mort, ou la fréquentant encore tous les jours.
Je crois que c'est ce voisinage avec la mort qui fait la vérité et l'ambiance du pèlerinage. Je revois cette femme encore jeune qui sent la maladie l'envahir peu à peu, et qui en parle si peu, préférant sourire; j'écoute ce petit prêtre en voiturette qui traîne son cancer depuis vingt ans,  qui chaque année revient et qui embrasse tout le monde. Et des veufs, et des veuves qui sont sortis de leur solitude pour se retrouver d'un même cœur avec 6000 souffrants, mais des souffrants-sourire,  des souffrants blagueurs, des souffrants chanteurs dans cette immense basilique souterraine.
C'est dans cette ambiance que faire le Chemin de Croix ensemble prend tout son sens. Là, chacun confronte sa propre vérité avec celle du Christ, et chacun s'y retrouve, marchant sur un même chemin avec sa propre aventure. C'est là aussi que le Sacrement des Malades devient vraiment un sacrement de vie!

Il y a autre chose qui explique cette ambiance du pèlerinage LCE... Quand on essaie de se mettre dans la peau des pèlerins, quand on les connaît un peu, on sait quels moments de solitude terribles vivent beaucoup d'entre eux chez eux. Des amis s'éloignent, des "proches" espacent leurs visites, les coups de fil se font plus brefs... Or la solitude peut faire le lit de la peur. On cherche une main à tenir, on voudrait des certitudes de guérison qui ne viennent pas.
Or à Lourdes, on n'est plus seul, oh que non! Non seulement on parle, mais on SE parle. Alors on prend le temps de s'écouter, de blaguer, de rire ensemble. On galéje, comme on dit dans le Midi. Et ça rend la vie plus légère. Et l'on est 6000 à chanter en chœur.... Après, chacun rentré chez soi retrouve sa solitude, mais ces huit jours de respiration ne rappellent-ils pas ce que disait St Paul :"Portez les fardeaux les uns des autres; accomplissez ainsi la loi du Christ." (Galates 6/2). Et: "Je t'ai rencontré, j'ai VU ta misère, et je suis descendu m'asseoir près de toi" (à la manière d'Exode 3/7).

Pour conclure, disons qu'il ne faut pas s'étonner si bien des malades témoignent qu'à Lourdes, ils ont retrouvé la foi.

mardi 23 août 2016

Responsables des autres?

Le Petit Prince de St Exupéry se sentait responsable de sa fleur. C'est très important d’être responsable, ça vous oblige à sortir de vous-même. Dans C dans l'air du lundi 8 août, une petit phrase m'a fait tilt. Il s'agissait  de la lutte contre l'insécurité... A Marseille, les règlements de compte sont fréquents de temps en temps, mais on ne s'attend pas à trouver une kalach à tous les coins de rue. Mais avec le terrorisme, il s'agit d'une menace plus diffuse, et permanente. Pas la peine de faire un dessin, on commence à s'habituer...
Mais là n'est pas le problème. Le difficile est de lutter. Dans C dans l'air, on mettait en avant ce fait que les israéliens, experts obligés en matière d'insécurité, recommandaient à chacun de faire attention à l'autre, et que chacun se sente responsable de l'autre.
Faire attention à l'autre peut s'entendre en deux sens: soit se méfier de l'autre, des faits et gestes des autres. Une surveillance certes épuisante, mais nécessaire. Mais il y a un autre sens: que chacun  se sente responsable de son voisin, de la sécurité de son voisin, de la vie de son voisin. Ça c'est extraordinaire: je me sais , je me sens responsable de cet autre qui me croise et qui est aussi menacé que moi. Comme le Petit Prince et sa fleur. Il ne s'agit pas de tomber dans la psychose, mais d'être réaliste. On est en guerre ou pas? Et si la vie des autres dépendait de mes yeux? Voilà une arme contre le terrorisme qui ne coûte pas cher et qui peut être très efficace.
Oui, mais faire attention à l'autre t'oblige à ranger ton portable et à laisser ton walkman à la maison. Cela t'oblige à sortir de ton individualisme dont on dit que c'est un travers bien français.... Cela constitue quand même une sacrée révolution dans la vie quotidienne. Les zozos qui attaquent n'importe quand et n'importe où, nous obligent à devenir plus frères les uns des autres! Peu importe devant qui je me sens responsable. Devant la société? Devant Dieu? Peu importe. L'essentiel est le chamboulement. Chamboulement intérieur certes, mais aussi changement d'habitudes, de manières de vivre.
D'abord acquérir le regard du chasseur, celui qui sait que ça peut venir de n'importe où. Ensuite, apprendre les gestes qui sauvent. Quand ça pète, il y a ceux qui restent hébétés, et ceux qui réagissent. Savoir pratiquer les premiers soins, mais aussi - pourquoi pas? - avoir des réflexes de  self-défense. Il y a mille façons très simples d'aider les autres si tu sais que leur vie  est entre tes mains.
Voilà où nous en sommes. C'est bien de chanter la Marseillaise et de crier "même pas peur!", mais décidément je dis merci aux terroristes qui m'obligent à sortir de ma coquille et à ouvrir les yeux ailleurs que sur moi-même. Il y eut, au moment du Bataclan, un élan de solidarité magnifique. Se sentir responsable des autres, c'est la solidarité qui dure.

lundi 1 août 2016

Enfin!

Cette fois je réagis à chaud, car c'est trop important.... si du moins les musulmans de France persistent et signent! Je ne peux résister au plaisir de mettre sur mon blog cette déclaration datée du 31 juillet 2016. Donc toute récente. C'est tellement incroyable que j'en viens à me demander si ce n'est pas un canular! N'empêche, on ne peut faire mieux, et cela d’autant plus que ce n'est pas le fait de quelque intellectuel plus ou moins désavoué par les autres. Mais c'est signé :"Les responsables des associations musulmanes en France au nom de l'Oumma (assemblée, Eglise (!) universelle."
Parler au nom de tous les musulmans, cela risque de donner de l'urticaire à plus d'un! Mais reconnaissons que c'est courageux. D'autant plus que ce texte vise juste, qu'il prend les problèmes à la racine, et qu'il est produit par les croyants eux-mêmes.
Peut-on rêver? Que les musulmans dans nos pays d'Europe deviennent le fer de lance d'un changement radical, au grand dam des salafistes? Après tout, ce sont surtout les évêques belges, allemands et français qui ont inspiré le Concile Vatican 2.
Voici ce texte. C'est moi qui souligne certains mots.



Le 25 chawwal 1437, 31/07/2016.
« Nous, responsables unanimes du Culte Musulman en France,
Horrifiés par les assassinats, massacres et persécutions de chrétiens perpétrés de par le monde par des organisations de fanatiques mais aussi par des États islamiques ;

Regrettant aussi les situations d’apartheid toujours imposées aux non-musulmans dans les 57 pays adhérents de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) ;

Considérant en particulier l’archaïsme du principe de dhimmitude toujours invoqué dans l’ensemble de l’islam, sunnite comme chiite, à l’égard des gens du Livre, chrétiens, juifs et zoroastriens ;

Déclarant que la lecture des textes fondamentaux de l’islam, du Coran et des Hadîths ne saurait être menée sans esprit de discernement, de jugement critique et d’exclusion des sourates et versets montrant en exemple des actions de massacres ou les châtiments inhumains attribués au prophète Mahomet - que la paix et la bénédiction d'Allah soit sur lui - lors de leurs rédactions apocryphes entre les deuxième et quatrième siècles après l’Hégire ;

Proposons une nécessaire nouvelle édition universelle du Coran, mentionnant explicitement comme non canoniques, et avec une mise en page différente, les sourates et versets de la période dite médinoise du prophète, rédigés à des fins de domination religieuse et politique sur l’ordre des califes et d’abord d’Uthmân, le troisième ;

Rappelons la vérité trop longtemps bâillonnée de ce que le Coran est un texte « inspiré » et non « dicté » par Allah lui-même, donc n’excluant pas la légitimité d’une libre lecture critique ;

Exigeons donc d’en finir avec l’enseignement dans les écoles coraniques et mosquées d’une lecture anachronique du coran comme des Hadîths et donc de la Sira du prophète - – que la paix et la bénédiction d'Allah soit sur lui ;

Énonçons solennellement que ce dernier ne saurait être pratiquement idolâtré comme cela est souvent le cas dans une déviation totale de son enseignement primordial ;

Rappelons que ce ne sont pas les aspects trop humains de Mahomet -– que la paix et la bénédiction d'Allah soit sur lui -– homme pécheur qu’il faut admirer, mais ses élans mystiques vers Dieu ; qu’en particulier les récits contant ses massacres, ses distributions de femmes et enfants à ses guerriers, et en particulier à lui-même, ne doivent pas être érigés anachroniquement en modèles ; notamment les multiples récits des Hadîths tels, pour n’en prendre qu’un, celui du Sabih d’El-Bukhâri où Anas ben Malik raconte comment, après avoir fait égorger son mari, le prophète -– que la paix et la bénédiction d'Allah soit sur lui -– consomme presque aussitôt non loin de là le mariage avec la jeune femme juive Safiya ben Huyay ben Akhtab.
Pareil récit, comme plusieurs centaines de Hadîths, ne doit être interprété que comme le rappel de ce que le prophète -– que la paix et la bénédiction d'Allah soit sur lui -– n’était qu’un homme pécheur, avec des mœurs cruelles qu’il est abominable d’ériger en exemples à suivre comme le fait l’État islamique et comme on le prône encore hélas dans presque tout l’ensemble de l’oumma.

En conclusion solennelle, nous, responsables de l’oumma en France, appelons tous nos frères, tant sunnites que chiites, de l’oumma universelle à accomplir selon la volonté d’Allah la révolution religieuse nécessaire de considération critique des textes de l’islam si bellement prônée à l’université Al-Azhar au Caire par le chef de l’État, le Maréchal Abd-el-Fatah Al-Sissi en cette Égypte où fut élaborée la contestable version du Coran imposée depuis aux croyants.
Nous tenons en particulier en ces jours de deuil pour les chrétiens à professer que les plus de deux cents versets du Coran et des Hadîths prévoyant pour les chrétiens « associateurs » une éternité de tourments annoncée par Allah, n’appartiennent qu’à un travestissement polémique et blasphématoire de la vérité d’un Dieu ramené à de l’exécration humaine par un travail de détournement textuel.

Ils prient pour qu’Allah reçoive en son paradis tous les justes parmi l’islam et toutes les nations. »


jeudi 21 juillet 2016

Sagesse

"Jésus parlait avec autorité, pas comme les scribes..." Il parlait, car il savait. Mais il y a plusieurs sortes de savoir.

Il y a le savoir qui veut être force de loi, celui des scribes, des ayatollahs, des clercs pendant longtemps et parfois aujourd’hui encore. Ce savoir tient son autorité de son caractère prétendu réservé, secret, sacré. Et c'est son mystère supposé qui lui donne autorité! En Afrique traditionnelle, le savoir est souvent l'apanage des forgerons, et il est de l'ordre du secret. Pas de savoir sans initiation. Ainsi, possédant les arcanes de la science, le forgeron est-il à la fois méprisé, et craint.

Il y a le savoir partagé. Nous avons tous connu de ces instits, ou de ces profs passionnés par leur sujet et ne demandant qu'à partager leur passion avec leurs élèves. Le groupe biblique tient de cela, dont un des buts est de transmettre l'amour de la Parole de Dieu qui nous habite.

Et puis, il y a la sagesse. Elle vient du savoir vécu, expérimenté mais éclairé par la réflexion... On parle souvent de "vieux sages", style Diogène dans son tonneau. Mais pourquoi vieux? Jésus était un  sage, mais un jeune sage! Jeune, il aimait jouer avec les autres gamins sur la place du village. Jeune, il l'était encore quand, dans l'éternelle jeunesse de la Résurrection, il invitait ses amis à un barbecue sur les bords du lac (Jean 21/4-14). Et pourtant, l’Évangile est un puits de sagesse.
Donc la sagesse n'a pas d'âge. Tout est affaire du regard que tu portes sur les gens et les choses. Un regard sans préjugés. Je dis bien: sans préjugés, à la manière de Jésus qui non seulement ne jugeait pas, mais s'écriait à propos du centurion romain venu lui demander de guérir son serviteur :"Jamais je n'ai trouvé une telle foi dans tout Israël!"

Tu vas chercher la lumière là où elle est, celle qui est en toi et autour de toi, et tu te débrouilles avec. Ou plutôt c'est Dieu qui se débrouille, car la sagesse est don.

Donc, ton expérience peut être plus ou moins longue, là n'est pas l’important. Tout est affaire de silence intérieur, de porte intérieure ouverte, de regard sur les gens et les choses. Je peux m'asseoir sous une futaie, sans plus, mais je peux aussi être saisi par la beauté, par le mystère.

C'est vrai, l’Évangile est un puits de sagesse extraordinaire, ce puits dont parle Jésus à la femme de Samarie (Jean 4)... Pourquoi tant de chrétiens courent vers le bouddhisme, le soufisme ou l'ésotérisme, alors qu'il ont la Sagesse à leur porte? Et que vont chercher tant de jeunes dans les monastères, sinon une lumière pour leur vie?

mercredi 25 mai 2016

En Camargue

J'ai presque autant de plaisir à en parler qu'à m'y promener! Pas à dire, je suis amoureux de ce plat pays. Est-ce sa ressemblance avec la Flandre maritime où je suis né? Même vent souvent furieux, mêmes horizons immenses où ciel et eau se confondent? Mêmes alternances de terres cultivées et d'étroits canaux, qu'ici on appelle roubines et là-bas watergans?
La Camargue, comme le marais flamand, ce sont les soirées fort romantiques où chaque bruit porte. Là-bas c'était le lent mugissement des bouées à brume sur la mer, ici c'est le bavardage incessant des flamants, parfois couvert par le rugissement d'un avion de chasse rentrant à sa base.
Mais la Camargue, comme là-bas, c'est aussi la surprise. N'importe quoi peut surgir du marais: sarcelles fusant des roseaux, lents hérons rouges fins comme des lames, ibis noirs, courlis à l'appel un peu triste... On est toujours surpris, même quand on s'y attend! La seule  et notable différence vient de ce qu'on tient en mains: là-bas c'était le fusil, ici l’appareil de photo. Mais la suite est souvent la même: le coup de fusil parti trop tard, ou la photo qui n'attrape que le bleu du ciel quand l'envol est trop fulgurant. N'empêche, ce qui compte c'est l'émotion, et le plaisir quand la photo n'est pas (trop) ratée.
Il y a d'autres joies. Hier, avec le copain Louis, nous pique-niquions entre roubine et taillis. A peine dérangés par le criaillement rouillé d'un faisan invisible, là dans le talus voisin. Et, sans préavis, le rossignol s'est mis à chanter, tout aussi invisible mais vraiment tout près... Que demande le peuple? Peut-on vivre pareille félicité sans le dire? D'autant plus que - ce qui ne gâte rien - Louis avait amené ce qu'il appelle son huile d'olive, en l'espèce une étonnante goutte vendéenne!
Il faut des moments pareils, il faut un pays comme celui-ci, pour se souvenir qu'il n'y a pas que Marseille. Qu'aux portes de la grande ville, on trouve encore des lieux de silence et de mystère. Cela fait du bien, on communie à ceux qui ont la chance de vivre ainsi en pleine nature!