vendredi 13 mars 2020

Adoration




L’autre jour dans le métro… Assis de l’autre côté de l’allée, je voyais un monsieur et une dame penchés sur un petit chien, même pas beau. Tous deux, ils étaient en contemplation devant la petite bête, je dirai même : en adoration ! Pendant les quatre stations avant que je descende, ils n’ont pas quitté le toutou des yeux, indifférents au reste du monde.

Ma première réaction a été de sourire finement comme je sais le faire. Ridicules ! Ils sont ridicules !... Si encore c’était un bébé !
Et puis.. Et puis j’ai réfléchi. Je me suis dit : « Ne pense plus au chien, pense aux deux adorateurs. Ce monsieur et cette dame sont comme tout le monde : ils ont une capacité d’aimer formidable, et cette capacité, ils la déversent sur leur chien ! »… L’important, ce n’était plus  le toutou, mais l’amour que je lisais dans les yeux de ces deux personnes. Mon regard avait changé.

J’en ai tiré deux conclusions :
d’abord, qu’est-ce qui mène le monde : les mille gestes d’amour qu’on voit chaque jour, ou la barbarie et la guerre ? Les sourires ou les poings levés ? Je crois seulement que l’amour doit triompher.
Ensuite : ces gens n’adorent pas un grille-pain ou une tondeuse à gazon. Ils adorent un être vivant, car seuls les vivants se laissent aimer. Pensant à tous ceux et celles qui ont un chien ou un chat, je me dis que ce sont ces petites bêtes qui les aident à échapper à une solitude souvent terrible. Alors, qui suis-je pour décider qui ils doivent aimer ?

C’est vrai, Dieu est plus grand que notre cœur.

mercredi 4 mars 2020

A Marseille







            
Le portail du Parc Longchamp est ouvert…. Quand on le passe, on fait tout de suite un plongeon au cœur d’une cour de récré ! Ce parc, qui espère être un des poumons verts de la ville, fourmille d’enfants. Il y en a partout ! Les tout-petits, vaguement inquiets sur les chevaux de bois, même si le papa est à côté ; les gamins qui déboulent en trottinette, les étourdis tout à leurs jeux, qui se jettent dans vos jambes sans crier gare. Et les baby-sitters vaquant avec leurs poussettes, régnant sur trois ou quatre petits dûment tenus en laisse autour d’elles. Des joggeurs slaloment comme ils peuvent dans cette joyeuse pagaille ; et des poneys placides et poilus jusqu'en haut des yeux, baladent les petits, fiers sur leur monture mais pas trop rassurés quand même.
            Au plein du jour, le Parc prends des airs de Hyde Park avec les amoureux dans l’herbe et les pigeons qui vous frôlent pour arriver plus vite autour de la « mémé aux miettes ». Il y a aussi un mini terrain de foot pour les ados....Tout cela donne un air de vacances au quartier. Car pour beaucoup, Longchamp représente bien le weekend du pauvre… Nous ne sommes pas loin du quartier la Belle de Mai, dont le nom cache mal le délabrement.
            
           A raconter ce paysage un peu idyllique en plein Marseille, on en oublierait ces SDF qui établissent leurs quartiers dans les cages grillagées abritant autrefois  pygargues et autres grands rapaces. Ils y sont encore d’ailleurs, ces rapaces, mais en plastique vert ou jaune. Cela ne gêne pas les tout-petits qui, le nez sur le grillage, leur racontent leurs petits secrets.
            
            Quand on entend que j’habite à Marseille, bien des cheveux se dressent sur la tête : Marseille, la ville des règlements de compte, des immenses cités, de la saleté. Mais je réponds : oui, mais Marseille c’est aussi les rascasses sur le Vieux Port, les bistrots sonores reconnaissables aux voitures garées en double file. Ce sont les minots qui piquent une tête du haut des rochers, et c’est, peuchère, la douceur du parc Longchamp.