mercredi 25 septembre 2019

7. L’amour ne meurt pas.




La mort et l’amour, cela semble contradictoire ? Car ma foi me dit que l’amour ne meurt pas, qu’il ne peut pas mourir.

Et pourtant, depuis Tristan et Yseult, la littérature nous a habitués à voir la mort et l’amour cohabiter. Et même : l’amour comporte toujours une part de mort, de « mort à soi-même ». Et ce n’est pas du roman ! Le Christ a dit qu’il n’y avait pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.  Ce lien entre l’amour et la mort nous aide à comprendre le Christ.  Sans ce lien, la vie et la mort de Jésus deviennent une vie et une mort pour rien, absurdes, un échec sans appel.

basilique de Pontmain (Mayenne)
Mais l’amour ne meurt pas. Il traverse la mort, oui, mais il ne meurt pas. C’est pour cela que ma foi me dit que la Résurrection, c’est possible. En disant que Jésus, mort pour nous, a fait sauter les portes de la mort, j’arrive à comprendre que la Résurrection est possible. L’image du grain qui meurt est la plus forte que je connaisse pour nous aider à entrer dans ce mystère de la résurrection. Et, en étant un peu fou mais pas trop, je  me dis que tout don de soi, le mien, le vôtre, celui du croyant comme de l’incroyant, participe de la Résurrection.

Car la Résurrection, nous la vivons dès maintenant, nous la voyons ! Il y a le bonheur, rare, de voir quelqu’un que nous avons aidé se remettre debout et retrouver le goût de vivre. Je dis « rare » parce que le travail pour les autres est souvent ingrat, au ras du sol, avec l’impression de toujours avoir à recommencer. Mais parfois, la joie se lit dans des yeux, un sourire illumine un regard jusqu’alors vide, l’espérance renaît. Un peu comme la joie des gens quand le puits creusé arrivait à l’eau. J’ai même vu   des larmes de bonheur, là au bord de l’eau. Cette joie, c’est   notre petite participation à la Résurrection. Le don de moi-même a fait sauter les portes de la mort. Je devrais dire : le don de nous-mêmes, car on ne travaille jamais seul pour les autres.

Pour terminer ces méditations, j’ai envie de citer ce passage saisissant  d’un livre de Tolstoï, La guerre et la paix : le jeune Pétia s’est lancé dans la bataille de Sébastopol pour aider son pays à lutter contre l’envahisseur, en l’occurrence les français !
« Dans le feu de la bataille, Pétia entend monter une fugue qui devient un chant d’église, qui devient un Te Deum. « Ah mais on dirait que c’est un rêve, se disait Pétia. J’en ai plein les oreilles. Tiens la revoilà hardie ma musique ! Allons-y ! » La balle lui transperce la tête mais la musique continue. Et la fin de cet adolescent ouvre l’outre-monde dans lequel il pénètre avec la joie et l’innocence  de son âge. Il était musique avant sa naissance, il la redevient alors même qu’il quitte sa vie terrestre ; ainsi, il continue cette hymne éternelle qui dit sa présence dans l’univers. »


Oui, la musique de l’amour traverse la mort.