Je ne suis
qu’un piéton dans l’Eglise, mais après 62 ans de vie missionnaire, je pense que
je peux parler « un peu un peu » comme on dit au Cameroun. Certains y
verront impatience et acrimonie, et ils auront raison. Mais on a beau penser
tout bas, mieux vaut le dire tout haut. C’est un signe de santé !
Quand l’Eglise
acceptera-t-elle de faire la vérité sur elle-même ? Quand se
décidera-t-elle à engager les réformes de fond, signalées entre autres par les réponses
multiples et quasi-unanimes lors du Synode au niveau diocésain ? Il y a
une telle convergence dans les murmures des catholiques que cela en devient un grondement.
Ce grondement va-t-il être entendu « en haut lieu » ?
Autrement
dit, deviennent urgentes des réformes radicales telles que l’accès des femmes à
l’ordination et leur statut dans l’Eglise, la fin d’une tradition qui fait du prêtre
un homme sacré, à part, souverain dans sa paroisse, l’apprentissage de l’humilité
qui aidera l’Eglise à ne plus légiférer pour tous ? Et j’en passe !
On sent que
le pape François voudrait faire avancer les
choses, témoin sa récente décision d’appeler des femmes à participer au bureau
responsable de la nomination des évêques. Mais il est bridé, vilipendé, contré
par des artistes du rétropédalage ! Où sont-ils, ces artistes? Suivez mon regard, mais pas seulement à Rome !
Que le pape ne soit pas un souverain absolu, qu’il tienne compte des avis
différends, d’accord ; mais grand Dieu, qu’on l’aide à ouvrir les fenêtres
qui permettront à l’Eglise de se mettre au diapason du monde, de ce monde qui n’est
pas le diable, qui n’a pas attendu l’Eglise pour réfléchir, et où tant de gens aspirent
à vivre l’Evangile.
Que l’on se
rende compte que les JMJ et autres pèlerinages de masse sont de bonnes occasions de montrer au monde
que les catholiques existent, mais ce ne sont que des emplâtres sur une jambe
de bois, des arbres qui cachent la forêt. Ce n’est pas la conquête du monde qui
sauvera l’Eglise, mais d’abord un regard sans concession sur elle-même et le
courage de changer. L’Esprit veut agir, qui l’en empêchera ?
On est en
droit de rêver…