jeudi 18 mars 2010

Jurons

Je viens de passer quelques semaines à l'hôpital. Un séjour de rêve: des infirmières attentives, des aide-soignantes ressemblant toutes à Rama Yade, un docteur très amical. Et chaque jour, quelqu'un qui vient vous demander si vous avez mal.

Quand même, j'ai vécu quelques sales moments. Surtout ces deux nuits où une canule trop petite me rendait la respiration difficile. Douze fois j'ai dû appeler l'infirmière pour qu'elle me dégage. Faites l'expérience et vous verrez ce qu'est l'angoisse quand l'air vient à manquer.
Dans ces moments-là, personne ne fait le malin. Je crois que tout mon répertoire d'abominables jurons y est passé. On m'a dit que ces jurons, c'était malgré tout une prière. Je veux bien, mais c'était quand même de vrais jurons. On n'en trouve pas de pareils même dans les Psaumes.

Ces jurons, qui les a entendus? Personne je l'espère. Mais au cours de ces longues, longues nuits, j'ai aussi fait une expérience vraie, de ces expériences que l'on ne fait que deux ou trois fois dans sa vie. Celle de la présence de Dieu dans cette chambre, de la présence du Christ sur ce lit d'hôpital. "S'il n'y est pas, alors il est où? S'il n'est pas là, alors à quoi bon la Passion?" Ne me demandez pas pourquoi ni comment, pour moi ce fut une évidence, c'est tout.

Cela n'a pas empêché les jurons, ni les appels aux infirmiers. Mais quand le soleil est revenu, j'ai su qu'on pouvait avoir des moments à la fois pénibles et très lumineux.