jeudi 27 octobre 2011

Coincés par l'Evangile


Merci à Jérôme Vignon, président des Semaines Sociales de France (SSF), pour son article paru dans la dernière lettre de SSF, à propos du livre "Le prix à payer", de Joseph Fadelle. En substance, Jérôme salue l'oeuvre de l'auteur, tout en rappelant que ce livre ne doit pas alimenter l'islamophobie ambiante.

Car, depuis quelque temps, la peur et le rejet grevent nos relations avec l'islam. L'islamophobie progresse, alimentée par les media relatant les exactions, exclusions, persécutions dont des chrétiens sont victimes de la part de musulmans, un peu partout... Ils ont raison, ces media, de crier quand des coptes se font massacrer. Ils ont raison de dénoncer l'intolérance. Il y a un devoir de vigilance... Joseph Fadelle a raison de publier la terrible histoire dont il a été victime.

Ils ont tous raison, mais ne faudrait-il pas, en même temps, rappeler que l'islam des talibans et des shebabs est un visage de l'islam, visage défiguré et tragique dans lequel la majorité des musulmans ne se reconnaissent pas, même dans nos cités? Pas plus que nous-mêmes ne nous reconnaissons dans les lefévristes. Que dire de Mme Dounia Bouzar et des intellectuels qui prônent comme elle un islam ouvert et tolérant? Pourquoi ne pas citer les soufis marocains ou sénégalais? Et les jeunes tunisiens qui nous disent leurs analyses et leurs espoirs, tel Ali Mezghani dans le Monde du 21 octobre, ne sont-ils pas l'islam, eux aussi?
Allons, reconnaissons que le fossé n'est pas, ne sera jamais entre chrétiens et musulmans, mais entre les intégristes de tout poil: lefévristes et lefévrisants, salafistes, hindouistes d'un côté, et partisans d'une laïcité ouverte aux croyants, de la tolérance et du dialogue, de l'autre. Voilà le véritable affrontement! Avec cette différence, notable: les musulmans, les musulmanes souffrent bien plus de leurs intégristes que nous des nôtres. De toutes façons, soyons clairs sur les enjeux: en ce temps d'Assise, l'avenir est au dialogue, non aux affrontements.

Et puis... et puis, comme disait Christian Salenson lors d'une récente conférence aux Angles (30) :"Nous autres chrétiens, nous sommes coincés par l'Evangile." Quelque part nous avons entendu qu'il ne faut pas résister au méchant, qu'on doit pardonner, qu'on est tous enfants de Dieu. L'Evangile nous coince, l'amour nous prend au mot. Au nom de l'Evangile, nous ne pouvons répondre au fanatisme par un fanatisme opposé, mais jumeau. Si bien que, devant l'intolérance, il ne nous reste comme seules armes que celles de Jésus devant ses juges.

A l'instar de ces responsables laïcs de communautés chrétiennes au Nord-Cameroun, s'opposant à l'Administrateur local qui voulait forcer les gens à travailler pour lui. A cet homme qui s'écriait :"M'enfin, qui vous paie pour résister ainsi à mes ordres?", les garçons ont simplement répondu :"Personne ne nous paie, mais c'est écrit dans notre Livre..." Coincés (librement) par l'Evangile.

mardi 4 octobre 2011

Jacquot

C'était une petite dame très très malvoyante. Pourtant, chose curieuse, elle avait des yeux rieurs et un si joli sourire! Elle s'appelait Jacqueline, mais - allez savoir pourquoi - elle voulait qu'on l'appelle Jacquot.

Jacquot était devenue la vedette du car qui nous emmenait à Lourdes avec le pèlerinage Lourdes Cancer Espérance (LCE). Trônant sur la banquette arrière, elle avait l'ouïe fine malgré le bruit, comme souvent les malvoyants. Perpétuellement coiffée d'un grand chapeau noir, compromis entre le borsalino et le capéo provençal, elle avait à la main une bizarre canne à tête chercheuse, qu'elle escamotait prestement au moindre arrêt.

J'ai retrouvé Jacquot à Lourdes. De bonne grâce, elle se laissait véhiculer en voiturette, mais il m'est arrivé de l'escorter à pieds jusqu'à la Vierge couronnée. Légère, elle s'appuyait sans façon a mon bras, écartant joyeusement la foule de sa fameuse canne, entendant tout, comprenant tout.

Pour moi, Jacquot est devenue un symbole. Symbole de cet immense rassemblement de chrétiens ayant eu, ou ayant, maille à partir avec le cancer. Tout ce monde flirtant, ou ayant flirté avec la mort, faisait de ce pélerinage une démarche vraie. Quelque 5500 personnes, dont une cinquantaine d'enfants, ont clamé pendant une semaine, non seulement leur joie d'être en vie, mais leur désir de vivre. C'était palpable dans la prière, dans ces axtraordinaires célébrations à la basilique souterraine. De fait, cela donnait à cet immense rassemblement une ambiance de vérité, où les différences sociales s'estompent, où plus personne ne se retrouve seul avec sa souffrance.
Car de la souffrance, il y en a! Témoins les carrefours. Mettre des milliers de gens par tables de huit, il faut le faire! On l'a fait, et chacun put dire ce qui lui "tordait le coeur", passant souvent du sourire aux larmes. Telle cette jeune femme plaquée par son mari dès qu'il eût appris sa maladie, ou cette autre dont le fils avait lâché ses études pour devenir SDF...

Nous avons besoin de ces instants de vérité, nous autres missionnaires! Cela nous fait sortir de nos livres et de nos pensées profondes pour retrouver ce monde où le drame est entré. Un monde qui sourit bravement... Sourire de la vie, sourire de Dieu.

Merci Jacquot.

samedi 1 octobre 2011

lubéron 2011


pour les revenants?
Ce n'est pas net. C'était marqué: "réservé aux usagers du cimetière!"