dimanche 20 juin 2010

Un soir en Camargue

Il y a en chacun de nous, un côté poète qu'un rien peut réveiller. Ce rien, pour moi, ce sont les oiseaux d'eau. Je n'en peux mais, car depuis ma Flandre natale, cela me passionne. La bécassine qui vous surprend au coin d'un watergang, la sarcelle qui fuse d'un fossé, et surtout les longues soirées de "passée" à la hutte ont ponctué ma jeunesse d'émotions ravies.

La "passée"... Au soleil couchant, quand le plat pays se calme, ce sont d'abord les moustiques qui passent, assourdissants mais pas méchants, et puis les hannetons. Ceux-ci partis, un temps de silence absolu d'abord, et puis les bécassines commencent à plonger vers la mare, ailes en V, flèches dans le ciel rouge. Et enfin, après un autre temps de silence, la nuit venue, les sarcelles et les colverts... Voilà les tableaux que je porte en moi... Mais je n'ai écrit aucun poème!
Avec émotion j'ai revu les oiseaux d'eau en Camargue. Et j'y ai retrouvé la magie des "passées". J'y étais l'autre jour avec un jeune docteur, véritable sioux dont l'oeil de lynx repérait le chevalier arlequin à 300 mètres, les spatules rayant le ciel plus loin encore, le héron crabier s'envolant "dans nos bottes". C'était aussi un festival de cris, pas très beaux d'ailleurs: le grincement du bihoreau, l'appel sourd du butor-qu'on-ne-voit-jamais, le sifflement lent des ailes de cygnes posant plus loin. Tout un monde se réveille ainsi au couchant, loin, si loin des bruits du jour, loin surtout des insupportables tonnerres des avions venant de la base de Salon.
Heureux pays où l'émerveillement a toujours sa place!

mercredi 2 juin 2010

Plaidoyer!

La sagesse, le bon sens et la mesure nous viennent parfois de loin! Témoin cet article paru dans "En Avant" de mars 2010. "En Avant" est une lettre mensuelle rédigée par les chrétiens du diocèse de Maroua-Mokolo au Nord-Cameroun, et destinée aux communautés chrétiennes du même diocèse. La lettre est rédigée en "français fondamental" pour que le plus grand nombre puisse la lire.

"Plaidoyer"
Un groupe de femmes du diocèse (nous étions 35) avons eu à Maroua 3 jours de session sur "les plaidoyers".
Voici un mot nouveau qui est difficle à comprendre.
Je me demande si ce n'est pas la même chose que les "doléances"
que l'on présente aux "grands" quand ils viennent chez nous.
Il s'agit des problèmes que nous avons.
Nous attendons des "grands" qu'ils trouvent la solution.

Oui, en autopromotion, il est bon de regarder sa vie, de voir ce qu'il y a de difficile.
Mais il faut aussi chercher pourquoi il y a ces problèmes
et qu'est-ce qu'on peut faire pour les diminuer.
On a vite fait de demander aux autres de faire des choses.
Mais on ne se demande pas assez ce qu'on peut déjà faire nous-même.

Il y a beaucoup de paludisme...
On doit nous donner des "moustiquaires imprégnées".
Mais nous au village, que pouvons-nous déjà faire: la propreté, ramasser les ordures,
boucher les trous où l'eau reste.

Nous voulons bien les plaidoyers, les doléances,
mais ces demandes ne pourront être prises au sérieux que si, de notre côté, nous faisons
quelque chose.
Il faut aussi savoir auprès de qui et quand il faut les faire.
Dans nos familles, quand il y a des problèmes, on essaye de les arranger avec un "plaidoyer".
Mais on ne le fait pas n'importe quand, ni n'importe comment.
On attend le moment où l'autre sera prêt pour nous écouter,
et ce problème ne pourra se régler que si tout le monde fait un effort.