samedi 23 décembre 2017

7. Nomades de notre temps.

Voici la dernière méditation sur le thème de "Dieu nomade".



Les autres dérangent, c’est connu. Quand un autre entre dans ma vie, tout un monde imprévisible entre avec lui ! « Je peux tout prévoir, sauf les autres », dit Marion Muller-Colard. Oui, les autres dérangent ; rien que par leur présence d’abord, mais aussi parce qu’ils sont différents. Ils m’obligent à bouger, à leur faire une place. En clair, si j’accepte de les laisser entrer, je vais devoir quitter mes pantoufles pour devenir nomade avec eux.

A la fin de ces réflexions, je me demande, je nous demande : comment suivre Jésus qui bouge, jésus qui danse, Jésus nomade ??? Comment prolonger les prophètes ? Est-ce réservé aux géants tels l’abbé Pierre ou Mère Térésa ?
Il n’y a qu’un moyen, à la fois simple comme bonjour et ardu comme les pavés du Paris-Roubaix, c’est : aimer… Regardons la parabole du bon samaritain. Ce n’est pas pour rien que Jésus a mis en scène un non-juif, un type pire qu’un « goy » pour les juifs : un samaritain ! N’oublions pas que Jésus lui-même a été traité de samaritain (Jn 8/48), une insulte rappelant les montagnards du Nord-Cameroun pour qui la pire injure est de se voir traité de « forgeron ». Alors ce samaritain ? Avons-nous mesuré l’effort qu’a dû faire cet homme pour sortir du passage clouté du qu’en dira-t-on ? Il a aidé un juif, pire, un homme en sang, autrement dit impur.

Au fond, aimer c’est sortir de soi, c’est risquer le vent du large… Ce cultivateur du Midi qui a hébergé des migrants, qui l’en a obligé ? Il a senti un appel puissant, un appel intérieur. Un appel à ouvrir sa maison, son terrain, son cœur, pour se retrouver errant avec les errants. Que je sache, les décisions du tribunal ne l’ont pas fait partir en zig-zag ; il est resté droit dans ses bottes, tel que rien ni personne ne pourra l’empêcher de récidiver.
Les nomades sont divers : certains le sont par tradition, d’autres pour sauver leur peau. Et puis il y a ceux qui, à l’instar de Dieu, acceptent d’être dérangés. Ceux-là entreprennent un voyage sans fin, car on n’a jamais fini d’aimer.

Il y a un autre voyage, plus  étrange. Celui qui me fait bouger « à l’intérieur », en cherchant Dieu. Rainer Maria Rilke appelle ça « écouter au-dedans »… Quête incessante, recherche merveilleusement chantée dans le Cantique des Cantiques. C’est la recherche très personnelle, très secrète du Dieu nomade… Car Dieu est toujours plus loin, au-delà de notre cœur, libre. C’est ce voyage intérieur qu’entreprit St Augustin, et après lui Al Halladj, Thérèse d’Avila… Comme l’écrit Gilles Rebêche, diacre : « C’est en marchant qu’on trouve le chemin ».  
Ajoutons que ce déplacement intérieur suit le même chemin que le voyage vers les autres. Il lui donne sa couleur, son goût. Comme la parole de Jésus vers son Père trouve son sel quand on sait qu’elle a été dite dans la poussière des routes de Galilée. Le Petit Prince de St Ex se comprend mieux à travers l’expérience du désert que fit son auteur. Et le voyage intérieur d’Etty Hillesum prend toute sa valeur quand on sait qu’il a été parcouru dans la terreur du camp de Westerborck, à travers sa route vers la mort.


Concluons par le commencement de ces réflexions : les chercheurs de Dieu sont animés par l’Esprit qui planait sur les eaux au début du monde. Ils sont fragiles, ces chercheurs, pas sûrs du lendemain, comme tous les nomades. Mais ils savent que l’Esprit de Dieu les prend pour les entraîner dans sa danse.

jeudi 30 novembre 2017

6. Une Eglise qui bouge.



Un de mes beaux-frères disait : « L’Eglise est une vieille dame qui n’arrive pas à se rajeunir ! » Mais si mais si mon cher Bernard, l’Eglise rajeunit… Bien sûr ; elle est d’âge mûr, donc elle préfère les réformes aux révolutions. Et parfois même – disons-le – elle préfère inciter les copains au changement plutôt que de balayer devant sa porte. Mais quand même, elle avance.

En fait, réforme et révolution sont cousines. L’une, souvent violente et subite comme un coup de palu, l’autre plus lente et plus réfléchie. Mais Danton et Jean 23 sont de la même veine, ils eurent quelque chose de joyeusement commun : le désir de faire bouger, l’un la France, l’autre l’Eglise.

Donc, l’Eglise est nomade, elle aussi. Et de plusieurs façons : d’abord, la Mission est dans ses gènes. La Mission traverse tout l’évangile ; poussée par l’Esprit, l’Eglise sort, comme dit le pape dans « La joie de l’évangile ». La Mission est au cœur de l’Eglise, comme l’Esprit est au cœur de la Trinité.

Mais l’Eglise bouge autrement encore : elle bouge de l’intérieur…. Comment cela ? Il y a en elle un désir  de « réforme permanente », comme Trotski prescrivait la révolution permanente ! Le pauvre, cela ne lui a pas réussi !... Dans le décret sur l’œcuménisme, le Concile dit : « L’Eglise est appelée par le Christ à cette réforme permanente dont elle a   toujours besoin en tant qu’institution humaine et terrestre (chap 2, n°6). Je souligne : la réforme est un besoin pour l’Eglise, ce besoin qui animait François d’Assise, Catherine de Sienne, Martin Luther.

Mais attention : réformer n’est pas restaurer, comme Robespierre n’est pas Charles X. Il y a actuellement dans l’Eglise une certaine nostalgie du passé, du latin, d’une liturgie qu’on trouve belle comme les spectateurs trouvent beau le Lac des Cygnes à l’Opéra. Il y a le mythe de la bouteille de Bourgogne : plus c’est vieux, meilleur c’est ! Or, si le passé est bon, c’est comme tremplin pour faire du nouveau, non comme un musée.

Comment symboliser cette Eglise-nomade dans la liturgie ? Comment exprimer à la fois la joie et le mouvement ? En Afrique, on le sait, il y a la danse, les « majorettes liturgiques », ces fillettes en jolies tenues qui dansent à l’offertoire… Mais nous ne sommes pas en Afrique ! Chez nous la danse a du mal à entrer dans l’église, si ce n’est des danses savantes réservées aux spécialistes. Non, nous sommes plus réservés, plus retenus, plus « intérieurs » peut-être. Mais alors – et c’est paradoxal – pourquoi, dans nos célébrations, ne laissons-nous pas plus de place au silence ? Souvent, on ne peut pas glisser une feuille de papier à cigarette de silence ! Or le silence favorise les « mouvements de l’âme », comme disait St Ignace. 
Et puis, il y a le chant. Pour imaginer ce que peut être le chant d’une Eglise qui bouge, reportons-nous au lendemain des attentats du Bataclan, quand toute l’Europe, dirigeants et policiers en tête, s’est retrouvée vibrante et unie dans une même Marseillaise… A l’église, une assemblée animée par l’Esprit, chante avec son cœur. Un chant alterné parfois avec une chorale qui dialogue avec l’assemblée, comme ce fut le cas à la Messe de rentrée 2017 à la Major de Marseille.


Un symbole : la place St Pierre à Rome : quand elle est vide, c’est déjà pas  mal, mais ça fait très solennel et un peu « monument historique » comme bien des églises en France. Mais quand elle est pleine de monde, cette place St Pierre, alors ça chante, ça sourit, ça agite des petits drapeaux. Quel beau symbole d’une Eglise qui  bouge et qui vit !

mercredi 15 novembre 2017

5. Entrer dans la danse de Dieu




Saurons-nous entrer dans la danse de Dieu ? Ou bien Jésus nous fera-t-il le même reproche qu’en Mathieu 11/16 : « Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ! » ???
Regardons l’évangile de Bartimée (Mc 10/46). Ce type est là, assis au bord du chemin. Il est bloqué par son infirmité, en dehors de la course. Même pas sur le chemin, mais au bord, sur le trottoir. Alors que tout le monde bouge. Et quand Jésus l’appelle, que fait-il ? Il jette son manteau, son seul bien contre le froid, comme s’il rejetait sa vie de mendiant ;  il bondit vers Jésus. Et tout cela en étant aveugle ! Essayez donc de bondir les yeux fermés !...
On est frappé par l’audace de l’aveugle. Sans hésiter il jette ce qui le bloquait dans le monde des non-voyants-assis, il saute dans la nuit comme ces casse-cou qui font du saut à l’élastique. Et ensuite, une fois guéri, il est debout et il marche, il devient nomade avec Jésus. Ce n’est pas joli ça ? Et le P. Rondet de conclure : « Le geste de l’aveugle en fait pour toutes les générations futures, une figure du véritable disciple du Christ. »

Voilà. Dans l’évangile, on trouve ainsi des gens qui deviennent nomades avec le Christ. Ce ne sont pas des princes, ceux-là sont empêtrés dans leur gandoura, ce ne sont pas des prêtres, coincés dans leur Temple, ce sont des prophètes. Ou du moins ils sont appelés à devenir prophètes du Royaume qui vient.

Dans l’évangile, on peut distinguer trois sortes de gens : ceux qui, à l’instar des apôtres, ont tout laissé pour suivre le Christ. D'autres ont suivi un temps, puis retour à la maison. Le troisième groupe, ce sont les plus ou moins supporters qui regardent passer Jésus, mais qui ne marchent pas, au sens propre comme au sens figuré ! Remarquons que pour le premier groupe, celui des apôtres, devenir nomade avec Jésus ne fut pas évident. Ils l’ont suivi d’abord avec une foule d’arrière-pensées : « Est-ce que je vais gagner le gros lot ? Quelle place j’aurai ? Quel sera mon bénéfice ? » ... Mais petit à petit, l’Esprit a purifié tout cela, et après l’Ascension, ils sont devenus des super-nomades « jusqu’aux extrémités de la terre. »


Une chose est sûre, je le répète : l’évangile n’est pas un livre de morale. C’est le récit de gens qui se sont levés pour croire avec leurs pieds, et qui sont entrés dans la danse de l’Esprit avec le Christ.

lundi 30 octobre 2017

4. Jésus, l'homme qui marche (suite)


Jésus bouge là où il y a des gens. Il ne leur demande pas leur passeport, ni de quelle Eglise ils sont, s’ils pratiquent ou pas. Simplement, il va là où les gens vivent et meurent, là où ils font la noce comme à Cana, là où un romain, ce « goy » comme disent les juifs, crie sa détresse devant la maladie de son gamin, là où la mort a frappé Lazare. Jésus rejoint ainsi les prophètes de l’Ancien Testament, si proches des exilés de Babylone. Il rejoint Elie secourant la veuve de Sarepta, il rejoint les prophètes bagarrant pour les droits des humbles.

Après Jésus – l’histoire de l’Eglise l’atteste – quand les papes de la Renaissance se vautraient dans l’or et les filles, il y eut toujours des chrétiens plus gonflés que les autres pour crier : « Et les pauvres ? Et les indiens ? »
Dans la suite des siècles, on trouve toujours des gens qui ont symbolisé le Dieu nomade, même sans le savoir, et pas seulement des chrétiens. Pensons à la marche du sel de Gandhi, et – oserai-je le dire ? – la Longue Marche de Mao. Chez les chrétiens, citons les défilés de Martin Luther King, et ce surprenant SDF, St Benoît Labre. Et plus près de nous, les papes-pélerins. Enfin,  tel ou tel Secrétaire Général de l’ONU sautant d’un avion dans l’autre, toujours pour la paix.

Nous ne pouvons pas nous étendre sur tous les « mouvements » de Jésus. Parlons quand même de la danse. Dans notre première méditation, je vous parlais de l’Esprit de la Genèse qui planait sur les eaux. On pourrait traduire : « qui dansait sur les eaux. » … Jésus a-t-il dansé ? Bien sûr voyons ! Gamin, il a dû se mêler aux danses des petits sur les places de Nazareth (Luc 7/32). Et, plus grand, participer à ces « danses bibliques » si belles, encore en honneur chez les jeunes israélites aujourd’hui.

Ensuite, si vous lisez l’évangile de Marc en continu, vous serez entraînés dans un rythme qui est comme une danse. « Et aussitôt… De là, il se lève… Il entre… Il sort, il traverse. »… Mais le triste, pour Jésus, c’est de voir les gens refuser d’entrer dans la danse ! Ils ne veulent pas danser – disent-ils – parce que c’est hors des clous ! Vous vous rendez compte ? Manger avec des traîne-savates, s’asseoir avec les sacripants, parler avec des « maudits » (Jean 7/49), non non ! Restons dans les clous de la Loi. Or, ceux-là qui ne veulent pas danser, Jésus les appelle des sclérocardes, des cœurs rouillés, grippés.

Décidément non, l’Evangile n’est pas un livre de morale. Il est le rythme d’un homme vivant, présent à tous, chaleureux… et libre ! Jésus est aussi in-saisissable qu’un danseur de flamenco. Personne ne peut mettre la main sur lui sans qu’il le veuille. En Mc 4/10, les gens vont lui faire un mauvais parti. Et le texte dit, laconique et souverain: « Et lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. »
Enfin, après la Résurrection, les anges passent leur temps à dire aux apôtres : « Il n’est pas ici ! » Le Dieu-nomade est ailleurs!



mardi 17 octobre 2017

3. Jésus , l’homme qui marche.



Le premier voyage de Jésus, ce fut la fuite en Egypte. Un remake de l’Exode, en somme. Mais après, ce furent  trente ans d’enracinement à Nazareth. Cela fut sans doute nécessaire pour que Jésus ait des racines, qu’il soit « reconnu », « né-natif » comme on dit en Afrique. D’ailleurs, durant toute sa vie, on ne l’a pas appelé le SDF, mais le Nazaréen.


Et pourtant, dès après son baptême, Jésus bouge… Avait-il un domicile fixe ? Pas sûr. En tout cas, il dit à celui quoi veut le suivre : « Les renards ont leur tanière, mais le Fils de l’Homme n’a pas où reposer sa tête. » (Mt 8/20)



A notre époque où c’est le « tout sécurité », cela nous laisse rêveurs. Vous vous rendez compte ? « Pas une pierre »! J’imagine que, dans le froid, les courageux qui font la maraude auraient cherché au moins un caillou pour que Jésus puisse dormir un peu bien…. Mais ce « pas une pierre » nous rappelle brutalement que Jésus devint nomade, à l’instar du Dieu-nomade de la Bible, à l’image des prophètes.
Ensuite, qui a calculé le kilométrage des voyages de Jésus tels que le rapportent les évangiles ???? Jésus, c’est Dieu qui court à la rencontre des hommes. Et quand les apôtres veulent souffler un peu - ce qui serait sage -  il réplique : « Allons ailleurs, car c’est pour cela que je suis sorti. » (Mc 1/38).

Donc, Jésus bouge. L’Esprit le pousse à d’incessants et harassants voyages, de Galilée à Jérusalem, de Sidon au désert… Quand on marche vers Compostelle, impossible de ne pas s’identifier à Jésus-nomade! Oui, le symbolisme de la marche vers Dieu c’est bien joli, mais la poussière ou la boue, le soleil espagnol ou l’orage, le gros chien sortant de sa ferme l’air pas commode, c’est aussi la marche vers Dieu. Jésus a connu tout ça.

Il est comme un coup de vent, une tornade de savane qui emporte tout sur son passage. Dans l’évangile, l’appel des apôtres est pour chacun d’eux d’une brusquerie pas possible. Alors quoi ? Même pas le temps d’embrasser papa-maman, de fermer la boutique ? Non, le vent de l’Esprit n’attend pas. Il faut bouger. Ce n’est pas pour rien que Christian Bobin a intitulé un de ses livres : « L’homme qui marche. »

Mais Jésus, c’est aussi le voyageur qui s’arrête. Il s’arrête pour écouter l’Esprit qui n’aime rien tant que le silence de la nuit…. C’est fascinant d’imaginer Jésus sous les étoiles. Comme en Afrique, il devait y avoir des myriades d’étoiles dans le ciel de Galilée. Alors là, c’est une prière longue, longue. Jésus sait que pour écouter l’Esprit, il faut du temps. Il prie seul avant de rejoindre les hommes au petit matin. (à suivre)

lundi 25 septembre 2017

2. Les prophètes, des gens qui bougent



Le prophète est témoin de la liberté de Dieu. D’abord, comme nous le disions pour les débuts du monde, l’Esprit qui planait sur les eaux a fondu sur un homme pour en faire un prophète. N’importe quel homme : un prêtre, un cultivateur… Car Dieu est libre de ses dons ! Bon d’accord, parfois l’homme ne s’est pas laissé faire, il a fallu que Dieu insiste. Normal, nous sommes  tous des êtres craintifs, pas sûrs d’eux-mêmes sauf les sots ... Craintifs et libres !

Ensuite, à l’inverse d’autres figures bibliques comme le prêtre, le prophète bouge ! C’est un nomade, comme le Dieu du désert. Le prêtre, dans la Bible et ailleurs aussi, a tendance à se considérer comme le gardien du temple ; il se mue, souvent inconsciemment, en propriétaire de Dieu. Mais le prophète est le témoin du Dieu imprévisible, du Dieu qu’on n’attendait pas. Les prophètes dérangent ! D’où leurs nombreux démêlés avec  les rois d’Israël, et même avec les gens du Temple. Il suffit de lire le livre des Rois, ou Jérémie, pour comprendre que le métier de prophète n’était pas de tout repos. D’ailleurs Jean-Baptiste, que l’on considère comme le dernier des prophètes avant Jésus, en a perdu la tête !

Il est intéressant de voir le rapport du prophète avec la Tradition. Le prêtre a tendance à s’en tenir à la Tradition, comme le serpent qui se mord la queue. Le prophète, lui, évoque la Tradition avec émotion, mais c’est pour aller plus loin : la Nouvelle Alliance s’appuie sur l’Ancienne, mais elle insiste sur la rencontre personnelle de l’homme avec Dieu (Jér 31/33). La Loi nouvelle s’appuie sur la Loi de Moïse, mais c’est pour aller vers les Béatitudes ; les sacrifices de moutons c’était bien, mais maintenant il faut aller jusqu’au don de soi.
Remarquons que les salafistes et islamistes de tout poil représentent aujourd’hui l’inverse  du prophète, eux qui prônent un retour intégral à la Tradition islamique, même la plus barbare. On dirait qu’ils n’ont rien appris de l’Histoire! Tout comme les fondamentalistes chrétiens.

Donc, le prophète bouge, et il fait bouger. C’est un homme de la route, cette route sur laquelle Dieu marche, et sur laquelle l’homme marche à sa rencontre. Rappelons-nous le magnifique petit livre de Christian Bobin : L’homme qui marche (ed. Le temps qu’il fait, 2009 )… Le prophète est l’homme de la Rencontre. Dans ce sens, il y a chez tous les Prophètes de l’Ancien Testament, un énorme message d’espérance qui tire le monde vers le Messie.


Disons pour finir que la race des prophètes n’est pas éteinte ! Nous y reviendrons. Pour l’instant, disons que Jésus, prenant le relais des Isaïe et autres Jérémie, se situe résolument dans la ligne des prophètes, donc du Dieu nomade.

lundi 18 septembre 2017

1. Dieu, un nomade


Après des vacances assez agitées, comme (presque) tout le monde, je reprends la plume en commençant cette série sur "Dieu nomade". Ecrit de circonstance bien sûr! Comme quoi l'on peut très bien partir des événements pour arriver à l'Evangile! 


J’avais ouvert l’Evangile de Jean : « Jean-Baptiste dit : « Voici l’Agneau de Dieu. C’est de lui que j’ai dit : derrière moi vient un homme qui  devant moi est venu. Et moi, je ne le connaissais pas. J’ai vu l’Esprit descendre comme une colombe, du ciel. Et il a demeuré sur lui. Et moi je ne le connaissais pas ! J’ai vu, et je témoigne. »
J’ai été saisi par cette sorte d’incantation, haletante, comme une nouvelle merveilleuse qu’on a hâte de livrer. On dirait presque un poème de Péguy avant la lettre !... J’ai voulu en savoir davantage, et je vous livre cette recherche.

Pas de doute : dans la Bible, Dieu bouge ! J’ose dire : Dieu danse. Tout a commencé au début de la Genèse. L’Esprit planait sur les eaux, comme un busard survolant les roseaux de  la Dombes… Puis Dieu est devenu voyageur avec le Peuple de l’Exode. On est loin des dieux égyptiens ou assyriens bien tanqués (expression marseillaise signifiant "fixés") sur leur piédestal ! Non, le Dieu des Hébreux est un Dieu nomade.

Nomade, dites-vous ? Hélas, les Hébreux, une fois bien installés en Israël, ont tenté d’enfermer Dieu dans le Temple de Jérusalem. Le Seigneur a eu beau protester vigoureusement auprès de David qui voulait lui construire une « maison », rien n’y a fait. Salomon construisit, et pas un peu ! Le peuple de Dieu céda à l’éternelle tentation  des gens de mettre la main sur Dieu, de le mettre dans leur poche. Ils auraient ainsi leur petit bon Dieu portatif bien à eux… J’ai connu cela dans la montagne camerounaise, où chaque village avait son « dieu » protecteur, jamais d’accord avec le « dieu » du village voisin.

Mais Dieu est Dieu, il n’est le Dieu d’aucun peuple. Autrement dit, il est le Dieu de tous les peuples. Pourtant, aujourd’hui encore, à l’instar des islamistes, Mr Poutine et consorts tentent de mettre Dieu à leur service en apprivoisant l’Eglise russe… Mais Dieu est libre, libre comme les chevaux de Camargue, libre comme le vent de la Genèse. A la mort de Jésus, le voile du temple s’est déchiré, Dieu est redevenu nomade.

Dans cette belle histoire, « le renard et l’enfant », sortie sur France 5 le 19 février  dernier, la petite fille apprivoise le renard. Mais elle veut lui mettre une laisse au cou et le garder dans sa chambre. Le renard casse la laisse, et devient comme fou dans la chambre fermée. Dieu est ainsi : on peut l’apprivoiser, on ne peut pas l’enfermer.


Dieu est cet Imprévu, ce nomade que le vieux Job sur son fumier  découvrit. Comme disait Maurice Béjart, ce marseillais : « Je ne crois qu’à un Dieu qui danse. »

mercredi 31 mai 2017

St Jean

Je découvre St Jean dans un polycopié de Jacques Dherbomez, un Oblat d'Arras.

Le symbole de Jean est l'aigle, on le sait. Ce pourrait être aussi bien le cygne. Les cygnes, comme les foulques et autres palmipèdes, doivent courir sur l'eau pour s'envoler. Ils prennent appui sur l'eau, sur le terrestre, pour trouver la liberté dans un vol puissant.... Mais pour manger, s'accoupler, élever leurs petits, ils doivent revenir sur terre, c'est obligé. Comme si ces voiliers ne pouvaient pas se passer du monde des grenouilles et des hommes..


St Jean, c'est pareil: il est fait pour le ciel, mais c'est un terrien, un vrai. Il fait comme les cygnes: la tête au ciel, mais sans jamais oublier la terre. Pour lui, la terre des hommes est un tremplin vers le ciel. Sans le terrestre, son Evangile verserait dans la gnose, il s'évanouirait dans les nuages!
Regardons: pour parler de l'Eau Vive à la Samaritaine, Jésus lui demande à boire. Pour parler de l'Eucharistie, il donne à manger, là dans l’herbe. Et même après sa Résurrection, alors que ses disciples crient de peur "en croyant voir un fantôme", il croque devant eux un morceau de poisson grillé (ce qui entre nous est délicieux).

Et si Jésus prend son essor vers le ciel, il revient toujours à la terre, après avoir fait un tour chez son Père. Toujours il rappelle que marcher dans la lumière c'est ici d'abord, que l'amour de Dieu commence ici par l'amour des autres etc... Je trouve magnifique que notre foi soit aussi "terreuse", pleine d'histoires d'hommes, de cris d'appel ou de joie, voire de désespoir.

C'est à travers ce lien fort entre ciel et terre qu'il faut comprendre St Jean. Mais ensuite, Jean nous donne ce deuxième regard, que les hindous appellent le troisième œil, et qui est le regard tourné vers l'intérieur, le regard de la foi. Le premier regard, c'est la vue ordinaire, mais le deuxième nous permet de voir les choses comme Dieu les voit, telles qu'elles sont reliées au monde de Dieu. C'est le regard de Marie à Cana, celui de l'aveugle-né guéri, le regard émerveillé de Jean devant le tombeau vide. C'est le regard que donne l'Esprit de Dieu, ce cygne qui vient se poser parmi nous.

Voilà ce que j'ai médité ce lundi en voyant huit cygnes prendre leur essor ensemble. Un bruit terrible et après, le blanc de ces huit seigneurs qui montent en majesté.

lundi 8 mai 2017

Aujourd'hui , on coiffe gratis!


Il y a des petites choses qu’on lit comme ça, un peu vite. Et puis un jour on se dit : « Tiens tiens c’est curieux ! » Voilà ce qui m’est arrivé l’autre jour en  lisant, dans l’évangile de Jean, l’épisode de la pêche après la résurrection  (Jn 21/4-14). Là, li y a un os : les apôtres ont fait une pêche énorme : 153 gros poissons. Une belle prise ! Alors que Jésus, au verset 5, leur a demandé à manger. On va se régaler ! Mais quand ils abordent avec leur butin, Jésus a déjà grillé du poisson et coupé le pain. Bizarre n’est-ce pas ?

Et puis non, ce n’est pas aussi bizarre que cela. Nous sommes dans la logique de l’Evangile, dans la logique de Dieu qui, toujours, donne le premier. Il donne, il se donne comme ça, sans attendre nos « mérites » ! Dieu donne d’abord, et pour rien, sans rien demander en échange. Dieu coiffe gratis !

On voit ça dans tout l’évangile. Voyez Jésus qui discute avec la samaritaine près du puits (Jn 4). Il demande à boire, et cela étonne la dame. Alors Jésus lui dit : « Si tu savais le don de Dieu, et qui est celui qui te demande à boire, c’est toi qui lui aurait demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »… Et la femme adultère en Jean 8 ! Jésus ne lui fait même pas la morale, il ne la gronde pas. Il la libère d’abord, alors qu’elle allait se faire caillasser à mort. Et après seulement, il lui dit : «  Va, et ne pèche plus. » On ne sait pas si la dame a arrêté de courir le guilledou. Mais c’est de là, de cette attitude de Jésus, que vient la hargne des pharisiens : il va manger chez n’importe qui, il va loger chez Zachée-les-impôts, il entre chez un romain ! C’est trop !

Oui nous avons du mal à imaginer Dieu sans conditions, comme ça, parce qu’il est Dieu. Jésus aime sans condition, même quand on n’a pas les mains très propres. Et pour finir, the last but not the least, il a nourri 5000 hommes sans leur demander leur passeport. Nous qui, dans l’Eucharistie, pratiquons une communion de façon parfois fort sélective, cela donne à penser.
Dans notre monde où tout s’achète, on a du mal à comprendre Dieu qui coiffe gratis. On a l’habitude de voir notre relation à Dieu comme un contrat : « Si je suis sage, tu seras bon avec moi Seigneur ! Si je ne suis pas sage, je n’aurai pas volé tes coups de bâton ! » Là, on n’est pas loin du « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter ça ? » Sous-entendu : « J’ai été sage, j’ai respecté le contrat, mais Dieu ne l’a pas respecté ! »
Or il n’y a pas de contrat entre Dieu et nous, aucun contrat. De plus en plus, mon livre de la Bible préféré, c’est le livre de Job. Job perd tout. Alors c’est la grogne de ses amis, la colère de son épouse, tout ça. Mais tout à la fin, Job chante son amour et sa confiance en Dieu. Chapeau !
J’ai beaucoup aimé le petit livre de Marion Muller-Colard, « L’autre Dieu ». Pas facile à lire, mais tellement vrai ! A travers la maladie de son petit garçon, l’auteure revit l’aventure de Job. Encore chapeau !


Pour finir, disons que nous n’avons pas l’habitude du don gracieux de Dieu. On préfère passer un marché : « Regarde mes mérites, ça vaut bien une récompense, non ? » Or ces fameux « mérites », car il y en a, et même d’héroïques,  sont  une réponse à l’amour de Dieu, pas une condition pour qu’il nous aime.

samedi 15 avril 2017

Solide, et libre!


Pour bien comprendre la Résurrection, il faut la rattacher à toute la vie du Christ, avant la Résurrection. Jésus ressuscité n’est pas une météorite, venant de nulle part et allant nulle part ! Non, la vie, la mort, la résurrection, tout se tient. Quand on regarde la vie et la résurrection de Jésus ensemble, on voit deux choses : la solidité et la liberté.

Solidité d’abord : quand on se met à lire les évangiles, on se rend compte tout de suite que c’est du costaud, c’est du concret. Jésus parle de pain, de travail, de charrue... Jésus a solidifié ses apôtres, ou du moins il a essayé de les solidifier. Bon, ça n’a pas tellement réussi quand on voit comment les apôtres se sont débinés à l’arrestation de Jésus. Pourtant Jésus avait dit la parabole de la maison bâtie sur le roc : « Celui qui m’écoute est comme cet homme qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie et le vent sont venus, mais ils n’ont pas abattu cette maison. » C’est comme les villages du Vaucluse !... Donc, solidité. Soyons des solides ! L’Evangile, c’est notre solidité.

Et puis liberté. Ça c’est la Résurrection.  Regardons, il y a des signes : le voile du Temple qui se déchire = Dieu n’est plus enfermé dans le Temple. Le tombeau vide (on a parlé l’an dernier de Jésus qui emporte la porte de la mort, libre). Marie-Madeleine : « Ne me retiens pas ! » dit Jésus. Et la rencontre des disciples d’Emmaüs, sur une nationale… Jésus, c’est l’image de Dieu libre, Dieu nomade, Dieu du grand large qu’on ne peut enfermer,
Dieu de l’Esprit qui planait, libre, sur les eaux de la Création.

Alors pour nous, si nous voulons être de vrais chrétiens, il nous faut être à la fois solides et libres ! Pas l’un ou l’autre, mais les deux !
Une image : on connaît les capsules spatiales. Au fond ce n’est pas bien gros quand on les voit dans l’espace. Mais quand on voit l’énorme fusée sur le pas de tir, cette fusée qui booste la capsule, on se rend compte  de toute la logistique qu’il  a fallu pour lancer la petite capsule. Ainsi de la vie du Christ : c’est toute la vie d’amour de Jésus qui aboutit à la Résurrection.
Une autre image : l’éducation chrétienne des enfants. Il y en a qui disent : « Mon gosse, il choisira plus tard. » Mais c’est idiot, ça ne veut rien dire ! C’est comme si le papa disait à son gamin : « Tu sais, tu n’es pas obligé d’aller à l’école, mais plus tard tu choisiras entre médecin ou ingénieur. » Non, si les parents veulent que leur enfant soit libre, qu’ils lui donnent d’abord la solidité que donnent les études.  Après, mais après seulement,  les enfants  choisiront leur métier.

Comment faire pour donner de la solidité à la vie chrétienne? Je vois trois pistes :
1° une vraie connaissance de l’Evangile, partagé, prié, engagé.
2° une ouverture à toute détresse.
3° une éducation personnelle à la liberté. Pas facile, mais absolument nécessaire pour se sortir de tous les esclavages, esclavages personnels, esclavages modernes… Je ne vais pas vous faire un dessin !
Connaissez-vous des gens à la fois solides et libres ? Thomas More, Betty Hillesum, le pape François, Simone Weil…

On n’aura jamais fini de tirer les conséquences pratiques de la fête de Pâques, bien au
delà des œufs en chocolat.


Joyeuses Pâques à tous !

jeudi 6 avril 2017

Eloge de la folie

Si Obélix avait été là ce Dimanche des Rameaux, il aurait certainement dit :"Ils sont fous ces juifs!". C'est vrai: ils acclament Jésus, et cinq jours après ils vont le tuer.... Ils sont fous... Ils ont crié "Vive Jésus" comme on criait "Vive de Gaulle" à la Libération, et puis patatras!
Pourtant une chose aurait dû leur mettre la puce à l'oreille: Jésus monté sur un âne. Car un vrai chef serait venu caracolant à cheval comme Napoléon à Austerlitz. Mais pas sur un âne voyons! En fait, seuls ceux qui possédaient bien leur Bible se souvinrent de la prophétie de Zacharie, citée  par Mathieu :"Voilà ton roi qui vient, plein de douceur, monté sur un âne." L'âne comme monture, c'est le signe du Messie.

Bon, mais à part ce coup de l'âne, aux Rameaux tout va bien. On est contents, les cailloux fleurissent... Et puis cinq jours après, c'est la débandade, le tsunami, l'horreur: ce Messie si beau est arrêté, battu, tué. Alors, pas la peine de le suivre encore. A bas l'imposteur! A bas le tueur d’espérance!

Là, nous entrons en plein dans le mystère du Christ. Car, à bien y regarder, le Christ est fou aussi! Fou à lier... et on l'a lié! Mais fou comme un amoureux peut être fou. Nous sommes tous d'anciens amoureux, ou de futurs amoureux, ou des amoureux actuels.. Quand on aime, plus rien ne compte que la bien-aimée, le bien-aimé. C'est la loi de l’amour fou.

Je me souviens qu'au cours de traversées en montagne, au Nord-Cameroun, je rencontrais parfois des jeunes hommes grimpant pour aller offrir une cruche de bière au papa de leur fiancée. Vingt kilos sur la tête, sur une pente à plus de 20 degrés! Il faut être amoureux fou pour faire ça! 
Hé bien, Jésus est amoureux fou des hommes, de tous les hommes. La preuve qu'il est vraiment fou, c'est qu'il aime les méchants comme les bons. Ceux qui vont le tuer, cette foule hurlante qui hurle sur le Chemin de Croix, Jésus n'a jamais cessé une seconde de les aimer. Il ira jusqu'à dire, sur la croix :"Père, pardonne-leur..."


Voilà le mystère de la Semaine Sainte et de Pâques: l'amour fou de Jésus pour nous. Alors je fais ici l'éloge de la folie. Je n'ai pas encore lu le livre d'Erasme, mais je prends son titre :"Eloge de la folie". Avant lui, St Paul avait dit aux Corinthiens :"Ah! Si vous pouviez supporter de moi un peu de folie!"
Nous sommes, nous chrétiens, des hommes et des femmes d'amour. Et nous pouvons comprendre la folie du Christ. Alors nous sommes capables d'expliquer aux autres qu'on ne peut comprendre la Croix que si on entre, par notre vie, dans la folie amoureuse de Jésus.

dimanche 19 mars 2017

7. Que ma porte soit ouverte



En fait, ce qui fait problème, c'est ma volonté de rencontrer les autres, ceux qui ne prient pas ou ne pensent pas comme moi. Dans un monde où la quête d'identité se fait souvent aux dépens de la rencontre, où l'on assassine  pour montrer qu'on existe, nous avons carrément à remonter le courant.
Le dialogue avec "les autres" ne date pas d'hier! Jésus n'hésitait pas à sortir des frontières, en affirmant à propos d'un centurion romain, de cet adorateur d'idoles" :"Je n'ai rencontré une telle foi chez personne en Israël!". Bien sûr cela faisait grincer les dents des intégristes et autres zélateurs de la Loi, toujours arc-boutés sur leurs rouleaux.
Et après Jésus? Presque au début, Paul, Pierre laissèrent la porte ouverte aux "goïm", les non-juifs. Ensuite, les Actes des Apôtres ne nous ont pas laissé de vrais dialogues, ce fut plutôt une entrée (massive?), au point d'affoler les chrétiens venus du judaïsme.
Et après? Ce ne fut pas toujours très brillant; à mesure que la puissance de l'Eglise s'affirmait, celle-ci éprouva de moins en moins le désir de parler avec "les autres", si ce n'est avec la croix d'une main et la rapière de l'autre. A part des gens comme Las Casas et les jésuites de Chine, qui furent l'honneur de l'Eglise.
Et aujourd'hui? Nous vivons au temps de la mondialisation. Et, comme le rappelle Christian Salenson, la mondialisation est un signe de notre temps. Encore une fois, l'Eglise doit rejoindre l'Histoire si elle veut rester crédible. Dès lors, elle doit prendre acte de cette mondialisation.   Pour nous, un choix s'impose: opter entre l'Eglise-forteresse et l'Eglise courant d'air, comme nous les appelions dans une méditation précédente.
Oui, bon. C'est bien d'ouvrir sa porte. Mais n'oublions pas que la seule porte ouverte, la seule écoute des autres, ne suffit pas...Une fois la porte ouverte, qu'est-ce qu'on fait? Annoncer partout que Dieu ouvre ses portes à tous? Pourquoi pas?  C'est déjà une annonce puissante!
Mais nous avons nous aussi une Parole à dire, une Parole que beaucoup espèrent, souvent secrètement. Nous avons un Royaume à annoncer. Mais comment? Ça c'est  une autre histoire!  Peut-être est-ce à chacun de voir???
En conclusion, ce couplet d'un chant de Gaétan de Courrèges:
Abattons nos façades
Et ouvrons grand nos portes!
Notre Dieu est nomade

Et il faut que l'on sorte.

vendredi 10 mars 2017

6. Confiance


Cette histoire de porte ouverte, il faut maintenant qu'elle nous rentre à l'intérieur.

Il y a une scène étonnante après la Résurrection, en Jn 21/15-19: Jésus interpelle Pierre avec insistance. Trois fois. Et trois fois, il le charge d'une grosse responsabilité: devenir le premier de l'Eglise. C'est quand même un peu fort! Pierre le matamore, Pierre le vantard, qui se dégonfle au moment du danger! Et le voilà premier Pape! Jésus aurait pu choisir un autre, pas forcément diplômé en théologie, mais du moins plus solide, plus sérieux. C'est vrai qu'il n'avait pas beaucoup le choix: les autres s'étaient débinés aussi....

Derrière l'appel de Pierre, il n'y a qu'un mot: la confiance. Jésus fait confiance à la faiblesse de Pierre. Notre faiblesse est la porte virtuelle par laquelle Dieu passe pour revenir chez les hommes. Dieu fait confiance   à ces hommes pas très courageux, trouillards même, mais que la mort de Jésus a remplis d'une vraie humilité, eux qui avaient abandonné leur Seigneur. Jésus a besoin de cette humilité pour que l'annonce du Royaume "passe" chez les hommes. La porte du Royaume, c'est à la fois la force de l'Esprit et la faiblesse des hommes... Quand on est dans le poto-poto, le mieux est de se mettre dans le rail creusé par les camions. Inutile de faire le malin en cherchant une autre voie. Notre rail vers le Royaume, c'est l'Esprit-Saint.

Est-ce qu'après la Pentecôte, les Actes des Apôtres nous disent tout? On a affaire à une saga toute haletante, toute triomphante, on a l'impression  que les apôtres n'ont qu'à ouvrir la bouche pour que les foules se précipitent. Mais en lisant entre les lignes, on se rend compte que ce ne fut pas si rose que ça! Il y eut des rivalités, des petitesses, un zeste de lâcheté. Les apôtres éprouvèrent ce que dit St Paul :'J'ai été devant vous faible et craintif et tout tremblant." 1 Cor 2/3. Paul se prend même pour un pot en terre cuite! 2 Cor 4/7:  "Nous portons ce trésor (l'Evangile) dans des pots d'argile."

Chaque fois que l'Eglise a oublié qu'elle était servante et pauvre, chaque fois qu'elle s'est montrée écrasante, tonitruante, moralisante, la porte du Royaume s'est fermée pour les hommes. Toute l'histoire de l'Eglise montre que  si nous ouvrons notre porte à Dieu, si déglinguée soit-elle, et si Dieu nous ouvre la sienne en nous faisant confiance, le Royaume pour tous est possible.

Le frère Santaner, dans "Le ver était dans le fruit" (Cerf 2008, p. 30-31), écrit :"La parole adressée aux hommes qu'il rencontrait par Jésus, dépassait leurs apparences extérieures. Elle cherchait à rejoindre l'autre au plus vrai de lui-même, là où la glaise (le poto-poto !) est soulevée par le ferment de l'Esprit".

jeudi 23 février 2017

5. La dernière porte.



Cette 5ème méditation s'inspire d'une homélie donnée le jour de Pâques 2016 en l’église St Laurent des Accoules (Marseille)

La dernière porte que Jésus a ouverte, c'est la porte de la mort. En Romains 5/12, on lit :"... et ainsi la mort a atteint tous les hommes." St Paul ne fait que traduire une évidence. Tous promis à la mort! Il y a comme un enfermement dans la mort, qui - nous dit la Bible - nous vient d'Adam.

Or Jésus, par sa résurrection, a ouvert la porte de la mort! Mieux: il l'a sortie de ses gonds et l'a emportée, si bien que plus personne n'a pu la refermer!... J'aime bien ce dessin de Piem où Jésus sort en emportant la porte, malgré un cri général derrière lui :"La porte!" Car, malgré la résurrection, des gens continuent à faire œuvre de mort, ils continuent à enfermer les hommes dans la haine, dans la pauvreté, le fanatisme, et le refus de la liberté. Tout comme les docteurs de la Loi enfermaient les hommes dans la Loi. Mais l'amour a vaincu la mort, et la haine n'aura plus le dernier mot.

Jésus a ouvert les portes de la mort, et depuis la résurrection, Dieu a mis la mort dans sa poche, au point qu'elle est devenue passage vers la vie. Quand Jésus ressuscite la fille de Jaïre, il dit aux gens :"Ne pleurez pas, elle dort." Marc 5/39. Façon de dire que la mort est comme un sommeil, qui toujours est suivi du réveil. Ensuite Jésus dit :"Eveille-toi!" ou "Réveille-toi!" Tout simplement. C'est le même mot en grec que pour la résurrection de Jésus :"Il s'est réveillé d'entre les morts."
Et après, c'est le coup de vent de la Pentecôte. Un sacré coup de vent "qui remplit la maison où ils (les apôtres) se tenaient". Forcément, puisqu'il n'y avait plus de porte! Matériellement peut-être, spirituellement certainement... Ah si! Il reste alors une porte, la seule: c'est le Christ lui-même, à la fois Porte et Chemin vers le Père, comme dit St Jean  au chapitre 10 de son évangile. Il est à la fois Porte  et celui qui passe par la mort pour entraîner ses brebis vers la liberté.... Ce que je dis là n'est pas de la poésie, c'est à prendre au pied de la lettre. On ne  peut rien comprendre à la joie des chrétiens si on ne saisit pas l'éblouissement qui a saisi les apôtres et les a lancés sur la route de la Mission.

Et l'Eglise après Jésus? Jésus avait dit à Pierre :"Sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer n'auront pas de force contre elle." Bien sûr, cela veut dire que l'Eglise sera plus forte que l'enfer. Mais il y a un autre sens possible: avec Jésus ressuscité, l'Eglise a la force d'ouvrir les portes de l'enfer (ou de la mort selon les traductions). Et là, la porte ouverte prend un parfum de libération! Autrement dit, chaque fois que tu ouvres ta porte à un pauvre, ou à ton voisin, ce sont les portes de la mort que tu enfonces!






dimanche 12 février 2017

4. Laisser une porte de sortie.

Voici le quatrième article de la série "Jésus ouvre la porte".


En lisant Matthieu 5/21-22 :"Vous avez lu qu'il a été dit aux ancêtres :"Tu ne tueras point... Et moi je vous dis...", on se rend compte que Jésus s'oppose au meurtre virtuel, le meurtre "dans la tête". Un crime bien caché mais réel, simplement contrecarré par les circonstances. Mais Jésus va plus loin: il recommande aux protagonistes de faire un bout de chemin ensemble, un véritable "pas de deux", histoire de prendre le temps de calmer la colère et discuter calmement (Mt 5/25).
Cela pose la question de l'après-conflit, si importante dans les relations humaines. A l'issue d'une guerre, il y aura forcément un vainqueur et un vaincu. Le premier pourra  écraser le second, le tuer virtuellement; ainsi, il le laissera accumuler rancœur et désirs de vengeance dès que l'occasion s'en présentera.
Exemple en 1919. Après la Grande Guerre, le président Wilson et Aristide Briand étaient d'avis de ménager l'Allemagne. Face à eux, Clémenceau voulait au contraire alourdir les sanctions, ce qui -pensait-il - pousserait l'Allemagne à ne plus recommencer. La fessée après la raclée, en somme. L'avis de Clémenceau prévalut, entrainant une rancœur allemande qui déboucha à terme sur Hitler et le nazisme.

Or, en diplomatie comme dans la vie courante, il s'agit, à l'issue de toute crise, de permettre à l'autre de sauver la face. C'est, en quelque sorte, lui laisser une porte de sortie; son honneur sera sauf, ce qui psychologiquement sera l'essentiel. Toutes les chances seront alors réunies pour reconstruire ensemble. Tel fut le coup de génie de la réconciliation franco-allemande après la 2ème guerre mondiale. Avec bonheur, la diplomatie, le calcul et l'intérêt bien compris se rencontrent avec l'Evangile et la paix apportée par le Christ. Et dans la culture orientale er africaine, sauver la face est toujours primordial.

Ceux qui ont la vue trop courte crieront à la compromission et au recul honteux, mais le chrétien sait qu'à l'instar du Christ, il doit toujours voir plus haut et plus loin. Cela n'est possible qu'en sortant de la spirale de la violence pour entrer dans celle de la sagesse. Ainsi de Gandhi qui permit aux anglais non seulement de sauver la face, mais encore de s'en tirer avec honneur... Voilà des exemples typiques où l'esprit de l'Evangile a rencontré l'Histoire!
Il en est de même dans la vie de famille. Quand monsieur et madame se disputent - ce qui arrive toujours, même dans les familles chrétiennes - , surtout surtout qu'il n'y ait ni vainqueur ni  vaincu! Que chacun ménage à l'autre une porte de sortie où son amour-propre sera sauf.
Oui, dans ce passage de l'Evangile de Matthieu, Jésus voit plus loin, plus haut que nous autres gens de la terre. Avec Lui, il n'y a plus ni vainqueur ni  vaincu, il y a deux frères qui poussent ensemble la porte de l'amour.


mardi 31 janvier 2017

3. Et Jésus continue d'ouvrir la porte!

Voici le 3ème article de la série "Jésus ouvre la porte".


La dispute de Jésus avec les pharisiens continue. Elle empire même! Désespérément, les gens s'efforcent de fermer les portes que Jésus ouvre. Ils pensent que s'ils ne se barricadent pas, tout fout le camp, comme disent les nostalgiques du passé. Tout disparaît : la morale, la religion, la nation, la sécurité... Tiens tiens! C'est le même discours que tiennent les populistes d'aujourd'hui face aux immigrés qui frappent aux portes de l'Europe.
Regardons les miracles de Jésus. L'étonnant est moins le miracle - il y avait beaucoup de guérisseurs en Palestine - que les réactions des gens. La majorité s'extasiera :"Un grand prophète s'est levé!" Mais les docteurs de la Loi, ça leur donne de l'urticaire :"Guérir un jour de sabbat, quand même!" D'après la Loi, pas le droit de bouger le petit doigt le jour du sabbat. Ce à quoi Jésus répond  tout de go :"Mon Père travaille, et moi je travaille aussi."
Il faut lire et relire la délicieuse guérison de l'aveugle-né au chapitre 9 de St Jean. On se mettra ainsi dans l'ambiance un peu électrique de ce temps-là. Et, en Luc 13/16, Jésus d'opposer la clarté de l'évidence à la bêtise des gens coincés :"Ne fallait-il pas que cette fille d'Abraham, tenue liée par Satan depuis 18 ans, soit délivrée le jour du sabbat?"
Et que dire du Seigneur entrant chez Zachée, ce pelé dont les  purs ne franchissaient jamais le seuil? Que dire du  Maître osant partir chez un païen pour guérir son serviteur.... Non vraiment, les gens n'aimaient pas les courants d'air, ils refusaient que le vent fou de l'Esprit souffle sur tous les hommes. Ce faisant, ils refusaient la grâce de Dieu "qui passe".
Et l'Eglise? J'en retiens deux temps forts, l'un au début, l'autre aujourd'hui. Dans ces deux temps, les chrétiens suivirent les intuitions de Jésus en ouvrant les portes de l'Eglise. Ce fut d'abord la porte ouverte aux "païens", aux non-juifs, aux non-circoncis, au temps de St Paul. Et comme la nature humaine est comme ça, dès que Paul parla d'aller annoncer le Royaume aux "païens", les chrétiens de Jérusalem d'origine juive firent, eux aussi, une crise d'urticaire. Il fallut que l'Esprit-Saint souffle comme le mistral un jour d'équinoxe, pour que l'Eglise de Pierre et de Jacques ouvre sa porte.

La deuxième porte ouverte, ce fut, tout près de nous, le Concile Vatican 2. Alors là, on ouvrit les deux battants! Une liturgie plus simple dans la langue, un désir de rencontre œcuménique, une immense ouverture aux non-chrétiens et aux non-croyants, un regard de sympathie vrai sur le monde... Là encore, certains frisèrent l'infarctus, on cria au relativisme, on tenta de revenir à une liturgie dite "traditionnelle", on rêva à un retour à la chrétienté d'antan... Ce n'est pas fini; par exemple, les femmes poussent la porte de l’Eglise, mais celle-ci  grince pas mal.   Quand même, celui qui claquera cette porte au nez du monde, n'est pas encore né! Ce qu'il nous faut, c'est de la confiance, c'est de l'audace comme disait le P. Moingt. Oui, avec de l'audace, la vieille dame Eglise peut rester jeune! 

samedi 21 janvier 2017

2. Que faire avec l'enfant fugueur qui revient?

Voici le deuxième article de la série "Jésus ouvre la porte":

En voilà une question! Une première réaction pourrait être :"Lui donner une bonne fessée dont il se souviendra." Il s'en souviendra pour se tenir tranquille, la rage au cœur, peut-être, ou il repartira pour ne plus revenir.

Quand on lit la parabole dite "de l'enfant prodigue",  on s'aperçoit que la réaction du papa est toute autre. La réaction de Dieu est toute autre. Comme d'habitude, elle est à l'inverse de celle des hommes, de nous autres pauvres pékins. Le papa ne gronde pas, il ouvre les bras, il ouvre la porte de son cœur comme celle de sa maison.
Quelle éducation ratée! Les partisans de la porte fermée crieront à l'indulgence coupable, ils parleront au moins d'une fessée méritée. C'est d'ailleurs ce que fait le fils aîné qui ne supporte pas que son cadet soit amnistié si facilement. Il veut refermer la porte que son père a ouverte.

Remarquons que la porte de la maison est ouverte au départ comme au retour. Quand le garçon veut partir, son père ne discute pas, il lui fait l'avance de l'héritage (ce qui est un peu fort, même s'il y a eu donation-partage), et le laisse quitter la famille. Au retour, le fugueur retrouvera la porte ouverte. Profondément, on  comprend que Dieu respecte notre liberté. Jean-Marie Ploux écrit :" Le père ne lui fait aucun reproche et surtout pas celui d'avoir pris sa liberté, bien moins encore celui d'avoir dilapidé sa fortune. Si ce père représente Dieu, je le soupçonne fort de préférer le gaspillage à l'avarice!"(J.M. Ploux - Dieu n'est pas celui eu vous croyez, p. 130-131).

Cette liberté de la porte ouverte, qui est la liberté de l'amour, on la retrouve dans le discours où Jésus se présente comme "la porte" :"Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira, et trouvera de quoi se nourrir. (Jn 10/9)".  Et Jacques Dherbomez commente :"Loin de calfeutrer ses brebis dans un protectionnisme anxieux, Jésus les invite à une vie nouvelle. Il brise les barrières de la solitude et de la peur....Le salut n'est pas défini comme une préservation des dangers extérieurs, mais plutôt comme un espace vital où chacun entrera et sortira,  et trouvera sa nourriture. Nous ne sommes pas dans le Huis-clos de Sartre. Devant l'humanité s'ouvre un espace, un espace infini, une vie en avant.... Nous ne sommes pas condamnés à tourner en rond, il y a un chemin ouvert..." (commentaire de Jean 10, p.4).

Oui, en christianisme, il y a plus de vérité dans la porte ouverte  que dans le cadenas Vachette   agité sous les yeux des chrétiens en d'autres temps :"Vous êtes perdus! Tous pécheurs!"  Mieux vaut retrouver l'esprit du père de l'enfant fugueur, et dire la vérité de l'Evangile.

mardi 10 janvier 2017

Jésus ouvre la porte

 Je commence aujourd'hui une série d'articles-méditations sur le thème "Jésus ouvre la porte". Ces méditations seront diffusées sur Radio Chrétienne en France-Vaucluse, du 14 au 19 février prochains.



 Cela me rappelle Alfred de Musset qui titrait une de ses pièces de théâtre :"Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée."... Or Jésus s'est résolument rangé dans l'équipe des ouvreurs de portes. Lui, le Fils du Père, c'est dans ses gênes: il ne peut pas voir une porte fermée, c'est un homme de plein air, de vent du large. Depuis son départ de Nazareth, il n'a jamais fermé la porte de sa maison, pour la bonne raison qu'il n'avait pas de maison à lui!

Mais quand on lit l'Evangile, on est frappé au premier coup d'œil: Jésus est tout le temps en train de se disputer avec les pharisiens  et les docteurs de la Loi. Tout le temps! Et, quand on regarde encore, on voit que Jésus passe son temps à ouvrir des portes que les autres s'évertuent à fermer... Peut-être n'est-ce pas de leur faute; ils ont mal lu l'Ancien Testament, n'y trouvant que la Loi, les interdits et autres consti- pations. La Loi était donnée par Dieu comme un guide, c'était même un mode d'emploi de l'amour. Mais des fanatiques, des anges gardiens, des "gardiens du temple" y ajoutèrent une foule de prescriptions qui en firent un carcan. Jésus n'hésite pas à dire :"Les scribes et les pharisiens lient de pesants fardeaux et les mettent sur les épaules des hommes, alors qu'eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt!" Mt 23/4. Ce faisant, Jésus exerce avec bonheur la vertu d'indignation chère à Mr Stéphane Hessel, et bien avant lui!.

Donc, Jésus ouvre la porte. Il l'ouvre entre autres, pour la femme adultère (Jn 8/1-11). La scène se passe sans doute dehors, peut-être même aux portes de la ville. Pourtant, la fautive est bel et bien cernée, enfermée, coincée par le cercle des gens qui l'ont arrêtée. Pas d'issue possible: d'un côté les gens qui vocifèrent, les cailloux à la main, de l'autre le Maître qui avait expulsé sans douceur les marchands du Temple. Rien de très rassurant pour la dame!
Or, d'une seule phrase, Jésus lui ouvre la porte. C'est bien la porte du pardon. On ne sait pas si elle a récidivé après, toujours est-il que ce jour-là,  elle a compris que ce Dieu du pardon est celui  qui lui fait confiance, qui fait confiance à l'homme. Nous y reviendrons...
Telle fut, pour Jésus, la première et peut-être la plus belle porte ouverte! En l'occurrence ouverte aux femmes. Entre nous, n'est-ce pas un clin d'œil à notre Eglise, si frileuse dès qu'il s'agit de faire confiance aux femmes?

De la même eau, on trouve l'histoire du fils fugueur. Nous en reparlerons . Mais déjà, disons que faire confiance à l'autre comme le fait Jésus, c'est le grandir et croire en lui.