Cette histoire
de porte ouverte, il faut maintenant qu'elle nous rentre à l'intérieur.
Il y a une
scène étonnante après la Résurrection, en Jn 21/15-19: Jésus interpelle Pierre
avec insistance. Trois fois. Et trois fois, il le charge d'une grosse
responsabilité: devenir le premier de l'Eglise. C'est quand même un peu fort! Pierre
le matamore, Pierre le vantard, qui se dégonfle au moment du danger! Et le
voilà premier Pape! Jésus aurait pu choisir un autre, pas forcément diplômé en théologie,
mais du moins plus solide, plus sérieux. C'est vrai qu'il n'avait pas beaucoup
le choix: les autres s'étaient débinés aussi....
Derrière
l'appel de Pierre, il n'y a qu'un mot: la confiance.
Jésus fait confiance à la faiblesse de Pierre. Notre faiblesse est la porte
virtuelle par laquelle Dieu passe pour revenir chez les hommes. Dieu fait
confiance à ces hommes pas très
courageux, trouillards même, mais que la mort de Jésus a remplis d'une vraie
humilité, eux qui avaient abandonné leur Seigneur. Jésus a besoin de cette humilité pour que l'annonce du Royaume
"passe" chez les hommes. La porte du Royaume, c'est à la fois la force
de l'Esprit et la faiblesse des hommes... Quand on est dans le poto-poto, le
mieux est de se mettre dans le rail creusé par les camions. Inutile de faire le
malin en cherchant une autre voie. Notre rail vers le Royaume, c'est
l'Esprit-Saint.
Est-ce
qu'après la Pentecôte, les Actes des Apôtres nous disent tout? On a affaire à
une saga toute haletante, toute triomphante, on a l'impression que les apôtres n'ont qu'à ouvrir la bouche
pour que les foules se précipitent. Mais en lisant entre les lignes, on se rend
compte que ce ne fut pas si rose que ça! Il y eut des rivalités, des
petitesses, un zeste de lâcheté. Les apôtres éprouvèrent ce que dit St Paul :'J'ai été devant vous faible et craintif et
tout tremblant." 1 Cor 2/3. Paul se prend même pour un pot en terre
cuite! 2 Cor 4/7: "Nous portons ce trésor (l'Evangile) dans des pots d'argile."
Chaque fois
que l'Eglise a oublié qu'elle était servante et pauvre, chaque fois qu'elle
s'est montrée écrasante, tonitruante, moralisante, la porte du Royaume s'est fermée
pour les hommes. Toute l'histoire de l'Eglise montre que si nous ouvrons notre porte à Dieu, si
déglinguée soit-elle, et si Dieu nous ouvre la sienne en nous faisant confiance,
le Royaume pour tous est possible.
Le frère Santaner,
dans "Le ver était dans le fruit" (Cerf 2008, p. 30-31), écrit
:"La parole adressée aux hommes
qu'il rencontrait par Jésus, dépassait leurs apparences extérieures. Elle
cherchait à rejoindre l'autre au plus vrai de lui-même, là où la glaise (le
poto-poto !) est soulevée par le
ferment de l'Esprit".
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