mercredi 18 novembre 2015

6. La mission, chanter.





Même si tu chantes faux, tu chantes. Même si tu en as plein le dos du monde, des impôts, des embouteillages et du voisin avec sa tondeuse à gazon, tu chantes quand même. La Mission, c'est aussi cela. Il y a un petit passage de l'Evangile qui me fait toujours rêver :"A l'instant, Jésus exulte sous l'action de l'Esprit-Saint et dit :"Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits."(Luc 11/21)

"Il exulte": drôle de mot. Je suis toujours sidéré, littéralement "enchanté" par le chant obstiné du rossignol. Tu arrives, il chante; tu passes, il chante toujours; tu t'éloignes, il chante encore. Le rossignol "exulte".
Peut-être nous faut-il aussi de l'obstination pour continuer à chanter! Et pourtant, notre mission de chanteur est réelle, elle vient du cœur. Même si tu n'as pas trop envie, chante quand même!

Mais au fait, pourquoi chanter fait partie de notre mission? D'abord, prenons la voix de Jésus :"Je voyais Satan tomber comme l'éclair". Reconnaître le travail de Dieu qui fait des croche-patte au diable, c'est déjà notre mission. La louange fait partie de notre mission. Louer pour les sans-voix, louer pour la création. La louange n'est pas l'apanage des moines!
Et puis, le chant vient de notre espérance... Mais il y a chant et chant. On chante beaucoup à la messe du dimanche, mais avouons que parfois , cela tient plutôt des funérailles, et que le ton  contredit la chanson. On a l'impression d'entendre :"Jésus est vivant, hélas!!" Non, parlons des chants d'espérance, ceux qui réveillent, qui lancent en avant, en un mot des chants "missionnaires".
Pour que la Mission soit chant, il faut qu'elle soit dynamique, imaginative, attentive à l'air du temps si chargé souvent. La Mission doit être capable de créer du nouveau; c'est une chanson active, qui pousse à l'action, un peu à la manière des chansons de marins hardis à la manœuvre pour carguer les voiles ou hisser le grand foc: "Hisse et oh!"

On peut rêver... J'imagine une Eglise sortie du port, décoiffée, mais avançant, inventant de nouvelles formes de présence au monde qui change. Une Eglise à la fois vieille dame fière de sa Tradition multiséculaire et riche, et jeune comme ces filles en jean qui se lancent dans le monde pour en découvrir les trésors, la variété des ethnies, le foisonnement des fêtes et des coutumes.
C'est cette Eglise que j'ai découverte en France (oui, oui!)... A Lumière, nous recevions  chaque année, le MCR (Mouvement Chrétien des Retraités). Par définition, c'est une digne assemblée assez grisonnante. Mais ce n'est pas une Amicale d'Anciens Combattants! Ces retraités portent aussi l'espérance de l'Eglise, cela se voit sur leurs visages... Et, de passage à Lumière, il y eut aussi le pélé VTT, dont les jeunes se retrouvèrent à genoux, en adoration sur la moquette de la salle du Pétrin. Voilà l'Eglise, à la fois ancienne et jeune. Dans sa variété, elle chante son espérance. Elle chante face à un monde français parfois tenté par la morosité, le vague-à-l'âme.

Cette Eglise voit Satan dégringoler, elle lui refuse la victoire. Mais qu'elle ne se réjouisse pas toute seule. Elle doit porter aussi l'espérance du monde, chanter sa partition avec les non-chrétiens et les incroyants. Il y a eu récemment un "Sommet des consciences", suscité par Nicolas Hulot. Une réunion qui débattit du changement climatique, évidemment, réunissant une quarantaine de personnalités, religieuses ou non, venant du monde entier. Son but était de "faire bouger les choses au sommet". Voilà une espérance commune, qui a de quoi nous faire "exulter", comme le Christ voyant Satan se crasher.