mercredi 21 février 2018

Le cœur sur la main


Tous nous avons connu le « médecin de famille », vous savez, cet homme qui, quelle que soit l’heure et la tempête, vient à votre chevet, prends son temps, ausculte, sourit, rassure et console. Il est devenu un ami à force fidélité.
Le cœur sur la main ! Voilà une belle expression française qui dit bien les trésors d’attention, d’affection même, du médecin de famille, loin des consultations vite fait sur ordinateur.

Des gens qui avaient le cœur sur la main, j’en ai connus pas mal ! A commencer par ce docteur Starrach, un balte aux yeux d’un bleu délavé, râleur, tonitruant, mais toujours prêt à rendre service… J’étais allé le voir avec un œil qui piquait. Il regarde et me dit : « Tu as une limaille de fer là-dedans. Puisque tu pars en congé, tu te le  feras enlever là-bas. »  Durée de la consultation : 8 minutes. Puis je lui dis : « Tiens, j’ai l’embrayage de ma Land-Rover qui patine. » Et nous avons passé 1h30 ensemble sous la voiture. Un homme de cœur, je vous dis… Je lui avais vendu une carabine, qu’il n’a toujours pas payée d’ailleurs, mais qu’est-ce à côté du cœur sur la main ?
Et l’inspecteur primaire de Mokolo!
Un breton, en granit bien sûr, toujours la bouteille de whisky prête à accueillir, qu’on soit curé, sous-préfet ou militaire. Devant sa maison, le drapeau camerounais comme il se doit. Mais derrière, un autre drapeau, noir et blanc, marqué "consulat de Bretagne".
Et le gérant du campement touristique de Rhumsiki ! Les lendemains du Jour de l’An, il ne manquait jamais de nous inviter avec les Sœurs pour « finir les huîtres ». Et il y en avait, et fraîches !... Et encore Fernand, qui « faisait la ligne » Douala-N’Djamena avec son 20 tonnes. Parfois cela lui prenait un mois. De temps en temps on se retrouvait pour de franches parties de rigolade… Et les frères Pinot : Pinot-Chien-de-brousse, Pinot-Curé, et  Dédé la Pintade, toujours là les jours de déprime… Je n’en finirais pas de raconter. C’était des blancs, mais avec l’Afrique au cœur.

De tels gens, de telles scènes, grandioses ou drolatiques,  me font souvenir du passé avec attendrissement, me disant que le cœur sur la main, cela sauvera le monde.


lundi 5 février 2018

Dieu, a quoi ça sert?

A rien... Dieu ne sert à rien.

La foi non plus, d'ailleurs. Quand je suis malade,  je vais aux urgences où je suis bien soigné. Pas besoin d'aller allumer un cierge! Quand j'ai faim, j'ouvre le frigo, pas besoin de multiplication des pains. Alors? Alors Dieu est devenu inutile, dépassé, ringard. Rideau sur Dieu.

Bon... Et si Dieu n'était pas du domaine de l'utile? Ouvrons l'évangile de Marc, qui n'est jamais en panne de pittoresque, et lisons 1/35-39. Jésus, après avoir guéri force malades, part au désert. Les gens le trouvent et disent :"Tout le monde te cherche!" Et Jésus répond à l'envers :"Allons ailleurs..." Alors que les malades attendent. Pas normal...

En fait, jésus a fort bien compris pourquoi les gens le cherchent :"Pas la peine d'aller voir le docteur, on a un guérisseur sous la main, et qui soigne gratis!"... Toujours les gens instrumentalisent Dieu! Et quand il devient inutile, on le jette comme une clé à molette usée.

Et si Dieu n'était pas dans la boîte à outils? Et s'il n'était ni dans les utilitaires ni dans les consommables?.


Parlons vrai: Dieu n'est pas du domaine de l'utile, mais du domaine de l'amour. L'amour, c'est vraiment autre chose qu'un tournevis ou une compresse. Voyez: un homme aime sa femme non pas parce qu'elle fait bien les tartes tatin ou le rôti de porc (même si ça aide!), mais il l'aime parce que c'est elle, un point c'est tout.

Dieu c'est pareil. Il est Dieu c'est tout. Il nous aime et on peut l'aimer. Et rester avec lui, c''est ce que l'évangile appelle le Royaume. Soyons clairs: en Marc 6/34, on voit Jésus remué, secoué en voyant les gens "comme des brebis sans berger".... Un troupeau sans berger, c'est la panique. Cela veut dire des gens qui font n'importe quoi, qui ne trouvent pas de sens  à leur vie. Alors Jésus se fait berger, il leur dit :"Entrez dans le Royaume, et vous trouverez sens à votre vie".

Voilà pourquoi Jésus dit :"Allons ailleurs." Les guérisons, les démons mis dehors, tout ça, ce sont des signes d'autre chose, pas plus. Des signes que le Royaume de Dieu est là, que l'Amour est là et qu'il est temps de virer notre cuti. Si Jésus "va ailleurs", c'est pour dire cela, c'est le centre, le top, le cœur de son travail.  Alors il guérit les malades, oui, il expulse les diables, oui, mais c'est pour montrer que le Royaume de l'amour a commencé.

Tu es chrétien quand tu entres dans ce pays de l'amour. Sinon rien.