Tous nous
avons connu le « médecin de famille », vous savez, cet homme qui,
quelle que soit l’heure et la tempête, vient à votre chevet, prends son temps,
ausculte, sourit, rassure et console. Il est devenu un ami à force fidélité.
Le cœur sur la main ! Voilà une belle expression
française qui dit bien les trésors d’attention, d’affection même, du médecin de
famille, loin des consultations vite fait sur ordinateur.
Des gens qui
avaient le cœur sur la main, j’en ai connus pas mal ! A commencer par ce
docteur Starrach, un balte aux yeux d’un bleu délavé, râleur, tonitruant, mais
toujours prêt à rendre service… J’étais allé le voir avec un œil qui piquait.
Il regarde et me dit : « Tu
as une limaille de fer là-dedans. Puisque tu pars en congé, tu te le feras enlever là-bas. » Durée
de la consultation : 8 minutes. Puis je lui dis : « Tiens, j’ai l’embrayage de ma
Land-Rover qui patine. » Et nous avons passé 1h30 ensemble sous la
voiture. Un homme de cœur, je vous dis… Je lui avais vendu une carabine, qu’il
n’a toujours pas payée d’ailleurs, mais qu’est-ce à côté du cœur sur la
main ?
Et
l’inspecteur primaire de Mokolo!
Un breton, en granit bien sûr, toujours
la bouteille de whisky prête à accueillir, qu’on soit curé, sous-préfet ou militaire. Devant sa maison, le drapeau camerounais comme il se doit. Mais derrière, un autre drapeau, noir et blanc, marqué "consulat de Bretagne".
Et le gérant
du campement touristique de Rhumsiki ! Les lendemains du Jour de l’An, il
ne manquait jamais de nous inviter avec les Sœurs pour « finir les
huîtres ». Et il y en avait, et fraîches !... Et encore Fernand, qui
« faisait la ligne » Douala-N’Djamena avec son 20 tonnes. Parfois
cela lui prenait un mois. De temps en temps on se retrouvait pour de franches
parties de rigolade… Et les frères Pinot : Pinot-Chien-de-brousse, Pinot-Curé,
et Dédé la Pintade, toujours là les
jours de déprime… Je n’en finirais pas de raconter. C’était des blancs, mais
avec l’Afrique au cœur.
De tels
gens, de telles scènes, grandioses ou drolatiques, me font souvenir du passé avec
attendrissement, me disant que le cœur sur la main, cela sauvera le monde.