En parlant
du repas, je pense au jeûne… Non pas le jeûne
forcé de ceux qui ont faim et qui peuplent
nos revues d’images, insoutenables pour nous les nantis. Mais le jeûne
volontaire, choisi, décidé. La grève de la faim par exemple. C’est une protestation,
une arme pacifique. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’Alexeï Navalny refuse de
manger, il veut manifester contre une détention injuste ! Personne ne peut
accepter de voir un autre mourir de faim ; même les bourreaux détestent
garder cette tache indélébile sur leur bel uniforme. A part les nazis
d’horrible mémoire.
Il y a aussi
le jeûne qui vient de la foi. Le Ramadan, le Carême … Et là, il faut chercher le pourquoi. Pourquoi
jeûner alors que les rayons du Casino voisin débordent ? Pourquoi se
priver ? Cela semble fort incongru
dans nos sociétés d’hyper consommation !
Autrefois,
on jeûnait pour se préparer à un grand moment, la fête de Pâques par exemple.
Ou pour appuyer la prière. C’est encore actuel. Mais il y a d’autres raisons, à
creuser.
Le jeûne
peut être un signe. Il peut marquer le « pas seulement ». Quand Jésus
reprend le Deutéronome des anciens pour signifier au diable dans le
désert : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute
parole qui sort de la bouche de Dieu. », il fait le signe du désert de nourriture. Le signe du
« pas seulement ». Le bifteck-frites c’est bien, mais il y a plus. Pour
toi le disciple du Christ, il y a une Parole qui te nourrit, qui te transforme,
qui te fait entrer dans le monde de Dieu. Le jeûne montre que, dans la vie d’un
homme il y a une échelle de valeurs. Une
échelle qui commence par des valeurs au ras du sol, comme le bien manger, le
confort ; nous les français, on connaît. Mais l’échelle des valeurs est
faite pour monter jusqu’aux biens spirituels. D’une valeur à l’autre, on est
mené par le « pas seulement » !
Mais il faut aller plus loin. Le jeûne est du domaine du « pas seulement », il est aussi le domaine du « plus », du « magis" (c’est du latin) de St Ignace. Quand je laisse le repas, je fais encore un autre signe. Je montre que l’amour de Dieu est plus que n’importe quoi. Le jeûne touche à l’amour… Quand un garçon arrête de fumer pour faire plaisir à sa belle, il montre que son amour est plus haut, plus fort, plus beau que la gauloise. Il faut aller jusque là pour comprendre que le jeûne fait partie de ces petites choses qui te tirent hors de toi-même pour monter vers Dieu. Allez-y, cherchez dans la Bible quel est le jeûne que Dieu préfère ! Là aussi, on reste dans le domaine de l’amour.
C’est court
ce que je dis là. Il faut se lancer, se mettre à l’école des grands priants,
les Pères du désert, St François, St Benoît Labre, pour découvrir le secret de
leur jeûne, parfois effrayant il est vrai. Mais il faut croire que l’amour prend
parfois des airs effrayants !