samedi 29 août 2009

Homélies


Communiquer! Ca y est, le mot est lâché! Il faut com-mu-ni-quer! C'est important, surtout quand on a une Bonne Nouvelle à dire. Les Evangéliques, paraît-il, sont passés maîtres es-communication. Et nous cathos?

Parfois, à entendre certaines homélies, j'ai des doutes. Des tirades théologiquement correctes certes, mais qui manifestement "ne passent pas". Parfois hélas, le prédicateur se mue en simple lecteur. On cherche ses yeux, on ne voit que son auguste crâne penché sur son papier. Souvent aussi, trois fois hélas, aucun fait, aucun exemple tiré de l'histoire ou de l'actualité, ne vient pimenter la lecture. C'est plat comme une plaine russe; et - comme dans les restaurants vietnamiens - on en ressort aussi léger que lorsqu'on y est entré.

Au Cameroun, nous nous disions sous forme de dicton :"Pour une bonne homélie, il faut deux exemples et une idée. Et s'il faut supprimer quelque chose, mieux vaut supprimer l'idée." Cela a l'air d'une boutade, mais ce n'en est pas une! Car les exemples parlent d'eux-mêmes, la vie parle d'elle-même; et si l'Esprit agit dans le monde, c'est bien par la vie, par les événements, par les hommes, non?

Est-ce que les jeunes oblats, pères et frères, apprennent à communiquer la Bonne Nouvelle? Parler en public est un art. Les "Amen amen je vous dis" de l'Evangile, c'est de l'art oratoire.... Il faut quelque apprentissage technique certes, mais l'on attend surtout de celui qui parle, la conviction profonde, solide, joyeuse d'une Présence dans la vie des gens, Présence qu'il s'agit de révéler.

Nous n'avons ni une morale à assener, ni une doctrine à proclamer, mais des témoins de l'Evangile à présenter. Ce que cherchent les gens d'aujourd'hui, ce n'est pas une théorie, ce sont des vivants. La mystique heureuse d'une Etty Hillesum dans le train vers Auschwitz, la miséricorde inventive d'une Marguerite Barankitsé au Rwanda, voilà ce qui pourrait, ce qui devrait peupler nos homélies.
ndlr. Prudemment, j'ajoute que ce que je dis là, je me le dis à moi-même au premier chef!

mardi 4 août 2009

erreur

dans le message ci-dessous, il faut corriger la 16ème ligne. Au lieu " de Gagnera-t-elle au Mali", il faut lire "Gagnera-t-elle au Niger?".

C'est malin!

Me voilà pris au mot! Dans le message précédant celui-ci, je vantais les mérites de l'écoute. Et voilà qu'un ennui aux cordes vocales m'empêche de parler. C'est malin... Maintenant, me voilà obligé d'écouter les autres. Un comble...
Bon, mais cela ne changera rien à l'Histoire. Par contre, je pense à ceux et celles qui ne peuvent pas parler parce qu'on les empêche de parler. Tout le monde connaît la figure belle et emblématique de Mme Aung Sun Suu Kyi. Emblématique de ceux à qui l'on dénie le droit à la parole, depuis les opposants iraniens jusqu'aux journalistes assassinées en Russie.
Oui mais, prenons un temps de recul. Depuis la chute du Mur de Berlin, un phénomène étrange se produit: ici et là, la rue gagne! Elle a gagné en Ukraine, elle ne se tait pas en Iran, gagnera-t-elle au Mali? Il y a là un phénomène très profond: une société civile qui s'éveille, c'est un pays qui va dans le sens de l'Histoire; il fait venir la démocratie. Sur fond de morts et de gourdins hélas, mais orchestrée désormais par la grosse voix de la communauté internationale, dont nous sommes.
D'où cela vient-il? Difficle d'analyser cela ici. Mais je pense au travail obstiné, courageux, lucide de ceux et celles qui forment les autres à l'esprit d'analyse, au courage de la parole, à l'apprentissage de la liberté. Ce qu'en Afrique et ailleurs on appelle "conscientisation". La petite dame birmane sait bien ce dont je parle, elle que de gros généraux n'arrivent pas à faire taire.
Vous avez dit "mission"? Mais voilà un terrain - la conscientisation - où le chrétien ne peut pas être absent. Il y a là un travail d'Evangile urgent, indispensable. Plus difficile certes - et plus dangereux - que d'animer une chorale; mais si l'Evangile est encore salé, c'est bien là que nous devons être.