En fait, ce qui
fait problème, c'est ma volonté de rencontrer les autres, ceux qui ne prient
pas ou ne pensent pas comme moi. Dans un monde où la quête d'identité se fait
souvent aux dépens de la rencontre, où l'on assassine pour montrer qu'on existe, nous avons
carrément à remonter le courant.
Le dialogue avec
"les autres" ne date pas d'hier! Jésus n'hésitait pas à sortir des
frontières, en affirmant à propos d'un centurion romain, de cet adorateur
d'idoles" :"Je n'ai rencontré
une telle foi chez personne en Israël!". Bien sûr cela faisait grincer
les dents des intégristes et autres zélateurs de la Loi, toujours arc-boutés
sur leurs rouleaux.
Et après
Jésus? Presque au début, Paul, Pierre laissèrent la porte ouverte aux
"goïm", les non-juifs. Ensuite, les Actes des Apôtres ne nous ont pas
laissé de vrais dialogues, ce fut plutôt une entrée (massive?), au point
d'affoler les chrétiens venus du judaïsme.
Et après? Ce
ne fut pas toujours très brillant; à mesure que la puissance de l'Eglise
s'affirmait, celle-ci éprouva de moins en moins le désir de parler avec
"les autres", si ce n'est avec la croix d'une main et la rapière de
l'autre. A part des gens comme Las Casas et les jésuites de Chine, qui furent
l'honneur de l'Eglise.
Et aujourd'hui?
Nous vivons au temps de la mondialisation. Et, comme le rappelle Christian
Salenson, la mondialisation est un signe de notre temps. Encore une fois,
l'Eglise doit rejoindre l'Histoire si elle veut rester crédible. Dès lors, elle
doit prendre acte de cette mondialisation.
Pour nous, un choix s'impose: opter entre l'Eglise-forteresse et
l'Eglise courant d'air, comme nous les appelions dans une méditation
précédente.
Oui, bon. C'est
bien d'ouvrir sa porte. Mais n'oublions pas que la seule porte ouverte, la
seule écoute des autres, ne suffit pas...Une fois la porte ouverte, qu'est-ce
qu'on fait? Annoncer partout que Dieu ouvre ses portes à tous? Pourquoi
pas? C'est déjà une annonce puissante!
Mais nous
avons nous aussi une Parole à dire, une Parole que beaucoup espèrent, souvent
secrètement. Nous avons un Royaume à annoncer. Mais comment? Ça c'est une autre histoire! Peut-être est-ce à chacun de voir???
En
conclusion, ce couplet d'un chant de Gaétan de Courrèges:
Abattons nos façades
Et ouvrons grand nos portes!
Notre Dieu est nomade
Et il faut que l'on sorte.