mardi 21 juillet 2009

Et toi, que dis-tu?


Yann Arthus-Bertrand... Cet homme a le monde dans les yeux. Pas seulement dans les yeux d'ailleurs, dans le coeur aussi. Allez voir "Six milliards d'Autres", et vous verrez si je me trompe.

Voilà des gens interviewés de partout: éthiopiens, cubains, néo-zélandais, chinois, maliens... Yann a eu l'ideé géniale de les questionner sur ce qui fait le meilleur d'eux-mêmes :"Pour toi, quel sens a la vie? As-tu rencontré l'amour? Et la joie?"

Ces personnes parlent, autant avec leur visage qu'avec leurs mots (la traduction est très discrète). Extraordinaire! Certains atteignent même à la plus haute poésie. A travers les différences d'âge, de peau, de culture, on est tout ému de retrouver l'Homme, "l'homme possible" dont parle Zundel, l'Homme éternel, celui qui nous montre son côté image de Dieu.

Ainsi, sans le savoir peut-être, Yann Arthus-Bertrand met en oeuvre à sa façon, ce qu'en jargon apostolique on appelle la "pastorale d'engendrement". En posant les questions essentielles, il libère le meilleur de l'homme... Parlant de l'amour, de la joie, de la vie, le ouïgour devient frère de l'australien, la jeune chinoise se découvre soeur de la vieille dame anglaise.

Yann est-il un signe pour moi missionnaire? M'arrêter de discourir, ne fût-ce qu'un jour, pour écouter le coeur, regarder les yeux des Autres, et découvrir ainsi ce meilleur qu'ils portent en eux. Peut-être alors, me rendrai-je compte que cette dame cubaine, ce targui, ou plus simplement ce voisin qui me parle, c'est un morceau d'évangile que JE reçois, pour moi. Peut-être apprendrai-je alors "ce que l'Esprit dit aux églises" (Apocalypse 2.7).

samedi 4 juillet 2009

Théocratie


L'Iran semble être "rentré dans l'ordre". Tout baigne. Même si le feu couve. Mais que l'on ne s'y trompe pas: on nous répète que conservateurs et réformateurs, c'est bonnet blanc et blanc bonnet; les uns comme les autres ne rêvant que de maintenir la théocratie en place, tout simplement... Mais les jeunes iraniens, eux, savent ce qu'ils veulent: assez de la soupe des ayatollahs, que la démocratie succède à la théocratie! Bon, mais pour le moment, c'est toute une société qui est prise en otrage par les religieux.

Disons-le tout net: il n'y a pas qu'en Iran où l'on rêve de théocratie. Sinon pour toute la société - Dieu merci, nous n'en sommes plus au temps de Mr Thiers - mais du moins pour les chrétiens dans l'Eglise.

Il y a le décor: on sourit des robes noires des ayatollahs, on pousse les hauts cris devant les burqas dans nos quartiers? On devrait s'inquiéter tout autant de ces retours à la soutane et autres bures, timides certes mais révélateurs.

Mais il y a plus grave: ces "prises de possession" de leur paroisse par des curés qui s'empressent de remercier les laïcs engagés pour rester les seuls maîtres à bord, ou pour faire venir des chrétiens tout à leur dévotion. Et nous qui pensions que le Concile nous avait débarrassés à tout jamais de ces retours à la théocratie que le "petit père Combe" appelait le cléricalisme.

Le Pape nous convie à faire de 2009 une "année sacerdotale". Soit. Mais alors, que l'on suive ce qui semble être son intuition: insister sur le prêtre homme au service des autres hommes, et non sur le pouvoir et le piédestal qu'est censé donner l'ordination. Ainsi sera levée toute ambigüité.

Arrêtons d'avancer à reculons ou de marcher sur la tête: la théocratie n'a pas plus d'avenir que ne l'eut autrefois la monarchie absolue. Les jeunes iraniens, passés du shah aux ayatollahs, en sont la preuve vivante.