mardi 23 janvier 2018

Dieu est fada!


Donc, d’après Marc 3/21, Jésus a été déclaré fou, "insensé" comme on  disait en son temps. Çà nous choque ? Et pourtant c’est comme ça….
Mais il y a folie et folie ! On peut être fou de douleur, comme ce papa de Mossoul qui grattait les ruines de sa maison avec ses ongles pour retrouver ses enfants ensevelis… On peut être fou de colère, comme le monsieur qui a tué un autre pour une place de parking.
Et on peut être… fou d’amour ! J’ai connu un bon type qui s’est tiré une flèche empoissonnée dans le pied (une des façons de se suicider au Nord-Cameroun) parce que sa femme l’avait quitté.

Si être fou consiste à marcher "hors des passages cloutés", à aller à contre-courant de tout le monde par amour, alors l’amour de Jésus pour les gens est vraiment fou ! Le voilà qui touche les lépreux (on hésite toujours à le faire, je vous assure), qui préfère la pauvre veuve aux grands riches, qui paie les derniers arrivés la même chose que les premiers, qui fréquente les SDF. Oui, pour les gens de son temps il était fou à lier… Mais c’est l’amour qui le poussait.

Et après Jésus, il y a eu des nuées de fous  d’amour chez les chrétiens. Pensons à St François d’Assise dans le beau film de Zéfirelli : « François et le chemin du soleil. » Regardons St Benoît Labre, ce cradingue de Dieu errant sur les routes de France et d’Italie. Ils ont marché "hors des clous", au grand dam de leur famille et des gens rangés. Mais c’était leur façon à eux d’être fidèles à l’Evangile.

Oui, Dieu est fada ! Et chaque fois que tu poses un geste à contre-courant de tous parce que tu veux être fidèle à ta foi, tu participes à la folie de Dieu.

Un simple exemple pour finir : en 1976, il y eut une famine au Nord-Cameroun. Les 
gens bradaient ce qu’ils avaient pour trouver à manger. Au marché, je trouve un vendeur d’ail qui me demande un prix dérisoire : « 50 francs la tasse.» Et je lui dis : « Non, je n’achète pas à moins de 100 francs ! » Ceux qui m’accompagnaient ont crié : « Çà va pas la tête (je traduis) ? Ce même type, dans 6 mois, te vendra son ail 6 fois son prix ! »

Voilà. Nous sommes fadas à la suite de Jésus  "qui s’est livré perdant aux mains de l’homme". Décidément, il faut lire l’Evangile pour voir à quel point il est fait pour ceux "qui marchent en dehors des clous"

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mercredi 10 janvier 2018

Plaidoyer pour l'argent

Dans l'évangile de Luc 16/1-8, Jésus parle de l'argent avec cette parabole de "l'intendant infidèle".... L'argent n'a pas toujours bonne presse dans l'Eglise Catholique, bien qu'elle en use sans trop d'états d'âme. On préfère parler de la pauvreté, qui, même si l'on sait que c'est un mal, reste comme l'image de la pauvreté spirituelle, la pauvreté du cœur.
Alors, pour ne pas risquer de jeter le bébé avec l'eau du bain, j'ai envie de faire un plaidoyer pour l'argent!

Toute notre économie, et celle du monde, est basée sur l'argent. C'est le thème de cette parabole de l'intendant. Ce monsieur se retrouve au chômage, drame qui touche tant de gens aujourd'hui. Mais lui ne se décourage pas, il fait preuve d'imagination. Et Jésus le félicite, tout en le traitant de malhonnête. Jésus le félicite pour son imagination. Pour nous, en clair, cela veut dire: pour aller vers Dieu, faites preuve de la même imagination, de la même audace que cet intendant! Soyez comme  ces vierges prévoyantes et sages (Matthieu 25/1-13) qui avaient investi dans l'huile de lampe!

Ce qu'on appelle les "acteurs économiques", les entrepreneurs, les capitaines d'industrie, et autres monteurs de start-up, doivent faire preuve d'audace et d'imagination pour faire vivre leur entreprise. Qui manque d'esprit d'entreprise peut être sûr de voir son affaire aller dans le mur.... Reconnaissons que l'audace, l'esprit d'invention, sont des qualités humaines dont l'argent, le profit... et le sort des travailleurs sont les moteurs.
Actuellement, toute une réflexion est menée sur l'argent, son lien avec l'engagement social, la politique, son rapport avec la répartition du profit etc... C'est depuis longtemps une des réflexions menée par le MCC (Mouvement des Cadres Chrétiens) et par bien d'autres tenants du christianisme social.

Il ne s’agit pas de brûler de l'encens devant "Mammon", comme Jésus appelle l'argent! Mais de constater la difficulté de concilier les réalités économiques et les droits de l'Homme. Dans ce sens j'admire les exercices de funambule auxquels se prête Mr macron en Chine. Pas facile!