Donc, d’après Marc 3/21, Jésus a été déclaré fou, "insensé" comme on disait en
son temps. Çà nous choque ? Et pourtant c’est comme ça….
Mais il y a folie et folie ! On peut être fou de
douleur, comme ce papa de Mossoul qui grattait les ruines de sa maison avec ses
ongles pour retrouver ses enfants ensevelis… On peut être fou de colère, comme le monsieur qui a tué un autre pour une place de parking.
Et on peut être… fou d’amour ! J’ai connu un bon type
qui s’est tiré une flèche empoissonnée dans le pied (une des façons de se
suicider au Nord-Cameroun) parce que sa femme l’avait quitté.
Si être fou consiste à marcher "hors des passages cloutés", à
aller à contre-courant de tout le monde par amour, alors l’amour de Jésus pour
les gens est vraiment fou ! Le voilà qui touche les lépreux (on hésite toujours à le
faire, je vous assure), qui préfère la pauvre veuve aux grands riches, qui paie
les derniers arrivés la même chose que les premiers, qui fréquente les SDF. Oui, pour les gens de son temps il était fou à lier… Mais c’est
l’amour qui le poussait.
Et après Jésus, il y a eu des nuées de fous d’amour chez les chrétiens. Pensons à St
François d’Assise dans le beau film de Zéfirelli : « François et le chemin du soleil. »
Regardons St Benoît Labre, ce cradingue de Dieu errant sur les routes de France
et d’Italie. Ils ont marché "hors des clous", au grand dam de leur famille
et des gens rangés. Mais c’était leur façon à eux d’être fidèles à l’Evangile.
Oui, Dieu est fada ! Et chaque fois que tu poses un
geste à contre-courant de tous parce que tu veux être fidèle à ta foi, tu participes à la folie de Dieu.
Un simple exemple pour finir : en 1976, il y eut une famine au Nord-Cameroun. Les
gens bradaient ce qu’ils avaient pour trouver à manger. Au marché, je trouve un vendeur d’ail qui me demande un prix dérisoire : « 50 francs la tasse.» Et je lui dis : « Non, je n’achète pas à moins de 100 francs ! » Ceux qui m’accompagnaient ont crié : « Çà va pas la tête (je traduis) ? Ce même type, dans 6 mois, te vendra son ail 6 fois son prix ! »
Voilà. Nous sommes fadas à la suite de Jésus "qui s’est livré perdant aux mains de l’homme". Décidément, il faut lire
l’Evangile pour voir à quel point il est fait pour ceux "qui marchent en
dehors des clous"
.