vendredi 1 avril 2016

Portes ouvertes

Voilà ma dernière homélie de Pâques. J'en ris encore!

"Quand on ouvre l'Evangile, au premier coup d’œil on est frappé: Jésus est tout le temps  en train de se disputer avec les pharisiens. Tout le temps. Pourquoi ces disputes? On finit par se rendre compte que Jésus passe son temps à ouvrir des portes que les autres s'évertuent à fermer.
Des portes fermées: les pharisiens ne mangent pas avec les pécheurs, et Jésus dit à ces derniers: "Entrez!" Le petit Zachée: on ne lui fait guère de place sur la route. Et Jésus va loger chez lui! La femme adultère: enfer! Il faut la lapider! Or Jésus lui dit :"Va..." Et l'histoire du l'enfant prodigue, c'est ça: le papa ouvre sa maison au gamin qui a fait les 400 coups, alors que le frère aîné veut lui claquer la porte au nez.
Et la dernière porte que Jésus a ouverte, c'est la porte de la mort. Mais alors là, il l'a carrément enfoncée, cette porte de la mort. Il l'a même emportée, et personne ne l'a retrouvée... J'aime bien ce dessin de Piem: mieux qu'une homélie, il montre bien le fin mot de la Résurrection.
Non, bien des gens n'aiment pas les courants d'air. Ils attrapent froid quand le vent fou de l'Esprit-Saint passe par la porte disparue du tombeau de Jésus  et souffle sur tous les hommes. Plus de mécréant qui ne puisse être décoiffé par le vent de Dieu.

Et après Jésus? Hé bien, cette histoire de portes ouvertes ou fermées, continue. Même aujourd'hui, il y a deux manières de "faire Eglise".
1. on peut aimer une Eglise qui sente un peu la naphtaline, très préoccupée d'elle-même, de son look, de sa sacristie, de sa liturgie. Elle ouvre la porte oui, pas pour sortir, mais pour faire entrer les gens dans sa bergerie. Pour cette Eglise, ce monde est mauvais... Ailleurs j'ai déjà dit qu'il y a des gens qui ont tout le temps une kalachnikov dans la bouche. Contre l'hédonisme, le relativisme, le laxisme, le sécularisme et tous les ismes de la terre. Pour être sauvé, il faut fuir ce monde pourri.
Et depuis quand un homme se définit par ses bobos?
2. Il y a un autre type d'Eglise. Une Eglise qui sort, comme dit le pape François. Elle sort pour aller s'asseoir avec les hommes, avec les mécréants, avec tout le monde. Cette Eglise parle de joie, de rencontre, de dialogue, elle témoigne de sa foi, mais sans exclure personne./ Elle n'a pas peur des coups, et surtout elle écoute le murmure du monde et les cris des pauvres.

Vous voyez de quel côté je penche? L'Eglise a besoin de chrétiens qui ne se contentent pas de prier. Elle a besoin de chrétiens qui ouvrent les portes, qui osent la rencontre, qui pardonnent, qui mouillent la chemise pour partager les joies et les peines des hommes. Voilà les fruits de la Résurrection.

Je termine en rappelant qu'ouvrir la porte à la manière de Jésus, c’est ouvrir à la joie de la vie nouvelle, c'est ouvrir à la joie de l'amour, à la vie tout court! Les cloches de Pâques peuvent sonner.
Quel plus beau symbole que cette messe de Pâques que j'ai vécue à Sir (Nord-Cameroun)? On chantait... Et tout d'un coup, une mamy est arrivée dans l'allée centrale et s’est mise à danser, avec mille grâces. Et puis un tout petit garçon l'a rejointe dans l'allée, l'a regardée un moment en suçant son pouce, puis s'est mis à danser lui aussi. Alors dans l'église, ce fut le délire quand tous les enfants rejoignirent le petit.