samedi 17 novembre 2018

3. "Est descendu aux enfers"



Pour comprendre cette formule du credo, il faut remonter dans le temps, avant Jésus. Les anciens juifs disaient que les morts se retrouvaient dans une espèce de salle des pas perdus où ils restaient là, vivotant comme des rats dans une cave, et sans doute s’ennuyant prodigieusement ! Ils appelaient ça le Shéol. Tous les défunts y avaient droit. On en trouve une description saisissante dans le psaume 88.  Sans gros efforts, on pourrait imaginer des lieux plus sympathiques !

Donc, quand nous disons que Jésus « est descendu aux enfers », il faut traduire « est descendu au Shéol ». Ce n’était pas tellement un lieu de souffrance comme on parle de l’enfer des camps de concentration, plutôt un lieu d’attente… Depuis longtemps, l’Eglise a réfléchi : si Jésus est ressuscité, nous ressusciterons tous après lui. Oui, bon, mais les gens qui sont morts avant Jésus et qui sont dans le Shéol ??? Sont-ils privés du ciel ? Alors au 9ème siècle, on a trouvé cette image magnifique de Jésus descendant au plus bas, jusqu’au Shéol, pour en tirer ceux et celles qui sont morts avant lui, tous les Adam, Eve, Abraham, Moïse etc.…

Je dis bien : « Jésus est descendu au plus bas. » Il a commencé à « descendre » chez nous à  Noël – c’est déjà assez bas ! – et il a continué sa descente jusqu’à ce lieu où l’attendaient les anciens…. On peut dire que là, Jésus est allé au bout de son Incarnation. J’aime bien ce que Christian Bobin a écrit dans « Le très Bas » : « La haine rassemble les hommes sous la puissance d’une idée ou d’un nom, mais l’amour les délivre un à un par la faiblesse d’un visage ou d’une voix. »… Voilà ce que veut dire « est descendu aux enfers ».
Remarquons que, déjà au temps de Moïse, Dieu était déjà descendu, mais oui ! Il faut relire le livre de l’Exode : 
Exode 3/[7] Le SEIGNEUR dit : " J'ai vu la misère de mon peuple en Égypte et je l'ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances.
[8] Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un bon et vaste pays, vers un pays ruisselant de lait et de miel.

Si Dieu « descend » chez quelqu’un, c’est toujours pour l’aider à remonter, pour le libérer. Voyez Zachée. Pour imaginer ce que c’est, que les anciens se souviennent de la Libération, quand les hommes en kaki arrivèrent : un vent inouï de liberté, une joie débordante, on dansait dans les rues, on embrassait même les inconnus.

Il y a bien d’autres enfermements, nous en sommes témoins tous les jours : la dépression, la trop grande souffrance, les addictions de toute sorte… C’est de toutes ces morts  que Jésus vient nous délivrer. Il est entré lui-même dans nos enfers, dans nos shéols. Pas pour s’apitoyer et pleurer à chaudes larmes, mais pour nous tirer de là.       

Voilà comment et pourquoi Jésus est « descendu aux enfers ».  




mardi 6 novembre 2018

2. Après la mort, qu'est-ce qu'il y a?




        La réponse peut aller du haussement d’épaules qui veut dire : «  Question farfelue ou inutile. On s’en balance ! L’important est de vivre maintenant. » jusqu’à « Personne n’en sait rien », avec parfois une pointe d’angoisse.
    Hé oui, personne n’en sait rien ! François Mitterand, mourant, disait paraît-il : « Enfin, je vais savoir ! »… Il y a bien ces personnes qui racontent ce qu’elles ont vécu alors qu’elles étaient en état de mort apparente, et ce qu’elles ont vu avant de « revenir sur terre ». Etonnant, mais là encore on reste dans la conjecture. Bien que tous les  « revenants »   ou presque, disent avoir vu un puits de lumière et d’amour, à la façon de cette toile de Jérôme Bosch « L’ascension des élus »….

        Mais tournons-nous vers la foi.  Que nous dit notre foi ?

       D’abord, il faut changer la question. Non pas « Qu’est-ce qu’il y a après la mort », mais « Qu’est-ce qu’il y a après la vie ? » Cela remet la mort à sa place, elle n’est qu’un passage.
      Ensuite ? Nous sommes comme le monsieur ébloui par la voiture  qui a oublié de mettre ses phares en code. La Résurrection de Jésus est ce puits de lumière qui nous remplit les yeux. Retentit alors la grosse voix de St Paul : «  Dieu qui,  par sa puissance, a ressuscité Jésus, nous ressuscitera aussi. » 1 Cor 6/14. Il fait écho à la parole de Jésus à Marthe devant le tombeau de Lazare : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. » … Voilà des paroles éblouissantes pour le croyant. Cela veut dire que par la mort, nous passons de la vie à la vie, tout simplement. Car là où est passé Jésus, nous passerons nous aussi. Tout le temps Jésus disait « Suivez-moi ! ». Donc, s’il est passé par la mort, nous aussi ! S’il est vivant après la mort, nous aussi !

        Bien sûr, ce que je dis là c’est de l’hébreu pour l’incroyant. Tant pis ! Moi  je suis croyant, et ce que je dis là est la base de ma foi, le béton, le roc de ma foi. Pour moi, il ne s’agit pas de « pluquer » dans l’Evangile, comme on dit dans le Nord. Il ne s’agit pas de dire : « Je prends ceci, je laisse cela. Je prends l’amour,  je laisse la Résurrection. » Non, l’Evangile est un tout. Et si je crois, je prends tout !

      Donc Jésus est ressuscité, et en sortant de la mort, il nous a ouvert la voie. Nous sommes les enfants de la promesse que Jésus a faite dans l’évangile de St Jean 14/3 : « Je reviendrai et je vous prendrai avec moi. »