samedi 31 octobre 2009

Travailler le dimanche?

On en parle! Récemment sur RCF (Radios chrétiennes en France), le père de Kérimel, évêque de Grenoble, évoquait très justement les raisons sociales, surtout familiales, militant en faveur du repos dominical: laisser du temps à la famille pour se retrouver, se parler, c'est indispensable. Disons-le: ce discours nous réconforte, après les affligeantes déclarations de l'évêque de Belley-Ars sur la même RCF. Ce dernier citait le Curé d'Ars proclamant en chaire :"Une des meilleures façons de rester pauvre, c'est de travailler le dimanche!"... Que le saint Curé se plût à titiller la fibre superstitieuse de ses ouailles, c'est son affaire. Mais quand même, nous n'en sommes plus là!
C'est vrai, la vie de famille prime sur l'économique. Oui mais... ça se complique! Si d'aventure, quittant Marseille vous prenez l'autoroute vers Aix-en-Provence le dimanche matin, vous risquez fort de tomber sur un bouchon jusqu'à Plan de Campagne, cette Zone commerciale immense qui fit la une des journaux récemment: ce sont les marseillais qui viennent passer leur dimanche à musarder dans la Zone. Et ils y vont le plus souvent en famille.
Réflexion: la Zone commerciale tient pour bien des familles de 2009, le rôle que tenait la Messe du dimanche autrefois: un rôle de rassemblement familial.
Pour des gens qui ne pratiquent plus, l'alternative est simple: ou bien rester dans l'appartement à s'ennuyer après être restés au lit jusqu'à 11h voire jusqu'à midi, en laissant les enfants trainer en bas, ou bien sortir ensemble, ne fût-ce que pour faire du lèche-vitrine en famille dans la Zone commerciale voisine. Et voilà l'intérêt économique des commercants rejoignant curieusement la vie de famille des consommateurs.
Non, décidément, la vie n'est pas simple...

jeudi 29 octobre 2009

Le ridicule et le sublime


Dernièrement, le père Di Falco, évêque de Gap, parlait sur RCF. Avec humour, il se demandait si on allait payer les enfants assidus à la catéchèse, tout comme les collégiens ne faisant plus l'école buissonnière. Et d'évoquer les enfants de Madagascar devant faire des kilomètres à pied chaque jour pour aller à l'école.

Cela me rappelle André, un petit gars de Tchakidjébé (Cameroun), handicapé des deux jambes. Chaque jour il devait faire plus d'un kilomètre, sur les fesses, pour rejoindre l'école. Et cela jusqu'au jour où nous lui avons trouvé un fauteuil roulant, déniché tout cassé à la sous-préfecture, et réparé tant bien que mal. La joie dans les yeux du garçon ce jour-là, je ne vous dis pas!

Et la nuit de son baptême à Douvangar, quand il était en troisième! André se présente devant la piscine baptismale avec les autres. Je lui propose d'aller simplement lui verser l'eau sur le front. Il fait non de la tête et plouf!.. se jette à l'eau, nage jusqu'à l'autre bord et me regarde ensuite, un immense sourire aux lèvres. J'en ai eu la gorge serrée.
D'un côté, un garçon de fer, de l'autre, des jeunes que l'on mue en dévots de l'argent. Où est l'avenir?

Au fait, dans bien des langues africaines, aimer et vouloir, c'est le même mot...

mardi 13 octobre 2009

Depuis longtemps, les communautés chrétiennes du diocèse de Maroua (Cameroun-Nord) publient une feuille mensuelle intitulée fièrement « En Avant ». C’est écrit en français fondamental, donc lisible par tous. Insérées au milieu du bulletin, quelques pages de technique agricole. Je vois sur le numéro de septembre : »La vaccination des poules avec le Multivax. »
En Avant ne mâche pas ses mots quand il s’agit de dénoncer l’injustice. Et l’on soumet aux lecteurs – en majorité des jeunes – de véritables faits de société qui font réfléchir. Témoin cet article écrit par un étudiant en septembre dernier :

Avec les résultats du bac,
il y a eu beaucoup de pleurs et de rires.
Je fais partie des nouveaux bacheliers. C'est pour moi une étape, mais pas une fin Avec mon Bac qu'est-ce que je vais faire ?

La grande majorité des jeunes disent :"je vais continuer à l'Université".
C'est bien, mais à l'Université pour faire quoi ? Quel métier je voudrais avoir...
Quelles sont les études qui peuvent m'y préparer
Pour moi, je veux aussi aller à l'Université pour apprendre la gestion.
Quand je regarde le travail autour de moi,
Je vois qu'il manque beaucoup de bons gestionnaires. Je vois aussi que je me débrouille pas mal en math. J'espère donc pouvoir réussir dans mon projet.
Si je disais je veux l'Université,
je ne vois pas quel serait mon projet.
Il me semble que cela serait de continuer les études mais sans autre but que d'être étudiant.
Je sais bien que l'on ne peut pas toujours choisir sa branche dans l'université
Pour moi, j'ai fait tout ce que je pouvais
pour préparer les concours d'entrée
et réussir ma vie.
Emmanuel Zra

De tels articles sont-ils des coups d’épée dans l’eau ? Possible ; n’empêche que l’on retrouve En Avant sur le bureau du Gouverneur et autres grands fonctionnaires. Quand on voit les jeunes s’y exprimer sur ce qui fait leur vie, on constate qu’un tel bulletin joue bien son rôle de « Conscience des jeunes ». C’est très encourageant.