dimanche 29 avril 2018

Rien n'est inné!


Je voudrais simplement me faire l’écho d’un de mes collègues intervenant lors d’une assemblée. Il expliquait que les différences de comportement entre les hommes viennent d’une éducation différente, et cette éducation dépend de la vision du monde que se fait l’éducateur. Que ce soit ici en Europe ou ailleurs dans le monde, rien n’est inné, tout est acquis !
C’est tellement vrai ! J’avais  donné  un morceau de pain à un enfant au Nord-Cameroun. Le petit prend le morceau… et regarde autour de lui pour voir avec qui il pourrait bien partager. J’en avais les larmes aux yeux d’admiration.
Autre exemple vécu très souvent. Avant le temps de l’école, les enfants partent garder les chèvres en brousse. Et là, ils tuent le temps en chassant des sauterelles, des petits oiseaux attrapés à la glu, des souris forcées dans leur trou. Au retour, leur petit sac en fibres d’écorce bien rempli, il est impensable qu’ils rentrent à la maison sans partager une partie de leur chasse avec le grand-père assis là dans la cour d’entrée. Et s’il n’y est pas, ils l’appellent !

Quand j’étais enfant, j’ai très vite appris ce qu’est la propriété : « Mon vélo », « mes jouets, » « mon papa ». En Afrique, l’enfant apprend qu’il n’est rien hors d’un collectif, d’un clan, d’une société qui l’entourent et le protègent. Hors de chez lui, c’est l’inconnu, le danger. Les kapsiki ont gardé cette peur du dehors en appelant la brousse et la mort du même nom : mte. L’important, c’est la relation à l’autre…. Question d’éducation !

En France  nos villes, voire nos villages, sont de plus en plus cosmopolites. Et en côtoyant « l’autre », nous découvrons  la richesse de sa vision du monde et de l’homme. Alors, nous français, cessons de  nous penser comme la référence unique. On parle d’intégration de ceux qui viennent chez nous. Peut-être faut-il penser cette intégration comme étant à double sens : qu’ils prennent chez nous ce qu’il y a de meilleur, que nous prenions chez eux ce qu’ils ont de meilleur. Si nous attendons qu’ils nous copient simplement, ne nous étonnons pas des replis identitaires et des accusations de néo-colonialisme.
Comme disait mon collègue : «  L’étranger qui vient chez toi n’a rien à te faire cadeau. C’est lui le cadeau ! »