mardi 23 août 2016

Responsables des autres?

Le Petit Prince de St Exupéry se sentait responsable de sa fleur. C'est très important d’être responsable, ça vous oblige à sortir de vous-même. Dans C dans l'air du lundi 8 août, une petit phrase m'a fait tilt. Il s'agissait  de la lutte contre l'insécurité... A Marseille, les règlements de compte sont fréquents de temps en temps, mais on ne s'attend pas à trouver une kalach à tous les coins de rue. Mais avec le terrorisme, il s'agit d'une menace plus diffuse, et permanente. Pas la peine de faire un dessin, on commence à s'habituer...
Mais là n'est pas le problème. Le difficile est de lutter. Dans C dans l'air, on mettait en avant ce fait que les israéliens, experts obligés en matière d'insécurité, recommandaient à chacun de faire attention à l'autre, et que chacun se sente responsable de l'autre.
Faire attention à l'autre peut s'entendre en deux sens: soit se méfier de l'autre, des faits et gestes des autres. Une surveillance certes épuisante, mais nécessaire. Mais il y a un autre sens: que chacun  se sente responsable de son voisin, de la sécurité de son voisin, de la vie de son voisin. Ça c'est extraordinaire: je me sais , je me sens responsable de cet autre qui me croise et qui est aussi menacé que moi. Comme le Petit Prince et sa fleur. Il ne s'agit pas de tomber dans la psychose, mais d'être réaliste. On est en guerre ou pas? Et si la vie des autres dépendait de mes yeux? Voilà une arme contre le terrorisme qui ne coûte pas cher et qui peut être très efficace.
Oui, mais faire attention à l'autre t'oblige à ranger ton portable et à laisser ton walkman à la maison. Cela t'oblige à sortir de ton individualisme dont on dit que c'est un travers bien français.... Cela constitue quand même une sacrée révolution dans la vie quotidienne. Les zozos qui attaquent n'importe quand et n'importe où, nous obligent à devenir plus frères les uns des autres! Peu importe devant qui je me sens responsable. Devant la société? Devant Dieu? Peu importe. L'essentiel est le chamboulement. Chamboulement intérieur certes, mais aussi changement d'habitudes, de manières de vivre.
D'abord acquérir le regard du chasseur, celui qui sait que ça peut venir de n'importe où. Ensuite, apprendre les gestes qui sauvent. Quand ça pète, il y a ceux qui restent hébétés, et ceux qui réagissent. Savoir pratiquer les premiers soins, mais aussi - pourquoi pas? - avoir des réflexes de  self-défense. Il y a mille façons très simples d'aider les autres si tu sais que leur vie  est entre tes mains.
Voilà où nous en sommes. C'est bien de chanter la Marseillaise et de crier "même pas peur!", mais décidément je dis merci aux terroristes qui m'obligent à sortir de ma coquille et à ouvrir les yeux ailleurs que sur moi-même. Il y eut, au moment du Bataclan, un élan de solidarité magnifique. Se sentir responsable des autres, c'est la solidarité qui dure.

lundi 1 août 2016

Enfin!

Cette fois je réagis à chaud, car c'est trop important.... si du moins les musulmans de France persistent et signent! Je ne peux résister au plaisir de mettre sur mon blog cette déclaration datée du 31 juillet 2016. Donc toute récente. C'est tellement incroyable que j'en viens à me demander si ce n'est pas un canular! N'empêche, on ne peut faire mieux, et cela d’autant plus que ce n'est pas le fait de quelque intellectuel plus ou moins désavoué par les autres. Mais c'est signé :"Les responsables des associations musulmanes en France au nom de l'Oumma (assemblée, Eglise (!) universelle."
Parler au nom de tous les musulmans, cela risque de donner de l'urticaire à plus d'un! Mais reconnaissons que c'est courageux. D'autant plus que ce texte vise juste, qu'il prend les problèmes à la racine, et qu'il est produit par les croyants eux-mêmes.
Peut-on rêver? Que les musulmans dans nos pays d'Europe deviennent le fer de lance d'un changement radical, au grand dam des salafistes? Après tout, ce sont surtout les évêques belges, allemands et français qui ont inspiré le Concile Vatican 2.
Voici ce texte. C'est moi qui souligne certains mots.



Le 25 chawwal 1437, 31/07/2016.
« Nous, responsables unanimes du Culte Musulman en France,
Horrifiés par les assassinats, massacres et persécutions de chrétiens perpétrés de par le monde par des organisations de fanatiques mais aussi par des États islamiques ;

Regrettant aussi les situations d’apartheid toujours imposées aux non-musulmans dans les 57 pays adhérents de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) ;

Considérant en particulier l’archaïsme du principe de dhimmitude toujours invoqué dans l’ensemble de l’islam, sunnite comme chiite, à l’égard des gens du Livre, chrétiens, juifs et zoroastriens ;

Déclarant que la lecture des textes fondamentaux de l’islam, du Coran et des Hadîths ne saurait être menée sans esprit de discernement, de jugement critique et d’exclusion des sourates et versets montrant en exemple des actions de massacres ou les châtiments inhumains attribués au prophète Mahomet - que la paix et la bénédiction d'Allah soit sur lui - lors de leurs rédactions apocryphes entre les deuxième et quatrième siècles après l’Hégire ;

Proposons une nécessaire nouvelle édition universelle du Coran, mentionnant explicitement comme non canoniques, et avec une mise en page différente, les sourates et versets de la période dite médinoise du prophète, rédigés à des fins de domination religieuse et politique sur l’ordre des califes et d’abord d’Uthmân, le troisième ;

Rappelons la vérité trop longtemps bâillonnée de ce que le Coran est un texte « inspiré » et non « dicté » par Allah lui-même, donc n’excluant pas la légitimité d’une libre lecture critique ;

Exigeons donc d’en finir avec l’enseignement dans les écoles coraniques et mosquées d’une lecture anachronique du coran comme des Hadîths et donc de la Sira du prophète - – que la paix et la bénédiction d'Allah soit sur lui ;

Énonçons solennellement que ce dernier ne saurait être pratiquement idolâtré comme cela est souvent le cas dans une déviation totale de son enseignement primordial ;

Rappelons que ce ne sont pas les aspects trop humains de Mahomet -– que la paix et la bénédiction d'Allah soit sur lui -– homme pécheur qu’il faut admirer, mais ses élans mystiques vers Dieu ; qu’en particulier les récits contant ses massacres, ses distributions de femmes et enfants à ses guerriers, et en particulier à lui-même, ne doivent pas être érigés anachroniquement en modèles ; notamment les multiples récits des Hadîths tels, pour n’en prendre qu’un, celui du Sabih d’El-Bukhâri où Anas ben Malik raconte comment, après avoir fait égorger son mari, le prophète -– que la paix et la bénédiction d'Allah soit sur lui -– consomme presque aussitôt non loin de là le mariage avec la jeune femme juive Safiya ben Huyay ben Akhtab.
Pareil récit, comme plusieurs centaines de Hadîths, ne doit être interprété que comme le rappel de ce que le prophète -– que la paix et la bénédiction d'Allah soit sur lui -– n’était qu’un homme pécheur, avec des mœurs cruelles qu’il est abominable d’ériger en exemples à suivre comme le fait l’État islamique et comme on le prône encore hélas dans presque tout l’ensemble de l’oumma.

En conclusion solennelle, nous, responsables de l’oumma en France, appelons tous nos frères, tant sunnites que chiites, de l’oumma universelle à accomplir selon la volonté d’Allah la révolution religieuse nécessaire de considération critique des textes de l’islam si bellement prônée à l’université Al-Azhar au Caire par le chef de l’État, le Maréchal Abd-el-Fatah Al-Sissi en cette Égypte où fut élaborée la contestable version du Coran imposée depuis aux croyants.
Nous tenons en particulier en ces jours de deuil pour les chrétiens à professer que les plus de deux cents versets du Coran et des Hadîths prévoyant pour les chrétiens « associateurs » une éternité de tourments annoncée par Allah, n’appartiennent qu’à un travestissement polémique et blasphématoire de la vérité d’un Dieu ramené à de l’exécration humaine par un travail de détournement textuel.

Ils prient pour qu’Allah reçoive en son paradis tous les justes parmi l’islam et toutes les nations. »