jeudi 29 septembre 2022

7. Dans l’Evangile, on marche en grognant.

 



            Il faut se rendre à l’évidence : dans les évangiles on raconte comment les apôtres ont tout laissé pour suivre Jésus. C’est bien, mais pourquoi l’ont-ils suivi ? Ont-ils été attirés par une force mystérieuse comme l’aimant attire la limaille de fer ? Pourtant, quand on lit entre les lignes, on peut soupçonner que le démarrage a parfois été pénible !

            Pour certains, ils ont suivi sans discuter, ou presque : ainsi   Pierre, Jacques et Jean qui semblent avoir emboîté le pas sans problèmes. Mais pour d’autres ? Depuis Natanaël grognant que « de Nazareth rien ne peut sortir de bon », jusqu’à Matthieu qui, d’après le tableau du Caravage, n’en croit pas ses oreilles quand Jésus l’appelle ?

            Il y a mieux : l’évangile nous dit que les Douze ont suivi Jésus. Mais qu’avaient-ils en tête ? Pourquoi Jésus les a-t-il fait marcher ? En courant les routes de Galilée, ces garçons se sont posé la question : on marche oui, mais vers où ???

            Et cela les a travaillés pendant trois ans. Ils l’ont traînée, cette question, ont cherché des réponses… La foi en Jésus c’est bien, mais avec ça on va où ? Au début,  ils ont tenté de donner une réponse bien précise, à leur portée : « On va remettre sur pieds le royaume d’Israël. On sera tous ministres dans le Royaume ! »  Rien que ça ! 

            Alors, patiemment, amoureusement, Jésus lui-même les amène à comprendre : on marche vers une lumière, vers un Royaume qui n’est pas de ce monde, mais que vous ne pouvez pas imaginer tellement ce sera beau.

            Les apôtres comprennent peut-être... Mais tout de même, on va dans le mur ! Notre marche  finit par un mur ! Pourquoi la Croix ? Pourquoi cet échec terrible ? Il a fallu la Résurrection pour qu’ils comprennent que leur marche avec Jésus doit passer par la croix  et par la mort pour arriver à la lumière. Chacun comprendra… Il comprendra : pas seulement avec sa tête, mais avec son cœur, qu’on ne peut atteindre le Royaume qu’en prenant sa croix. C’est comme ça et pas autrement ! Alors, bravement, ils sont allés jusqu’au martyre.  

            Voilà un itinéraire peu banal ! Et pourtant, c’est la marche que tout chrétien est appelé à entreprendre. Rien à faire : on n’arrive pas au Royaume dans un fauteuil. Comme dit le pape : « Il faut retrousser ses manches ! » A l’inverse de la publicité qui nous serine : « De plus en plus facile ! De plus en plus rapide ! » Non, quand on choisit   de suivre Jésus,   on ne choisit ni sa croix, ni sa mort, ça arrive tout seul. La foi va jusque là.

            Alors, en grognant, on se lève et on marche.