samedi 27 novembre 2021

8. il y aura d'autres repas

 

                   
            Dans l’évangile, de temps en temps Jésus parle au futur : « Vous mangerez et vous boirez à ma table dans mon Royaume (Luc 22/30), « Heureux vous qui avez faim, car vous serez rassasiés. » (Lc 6/21). Il parle de quoi ? Où ? Quand ? Il n’en dit pas plus. Nous savons qu’il s’agit de la vie avec Dieu au ciel, oui,  ce qu’en langage biblique on appelle la vie eschatologique. Celle vers laquelle nous allons tous, riches et manants, croyants et athées. Donc, à la fin de ces méditations sur le repas, il est bon de s’y arrêter un peu non ?


Jésus ne donne aucun détail sur cette vie après la mort, contrairement à la tradition musulmane qui promet monts et merveilles, même sexuelles, aux vrais croyants. Non, Jésus se contente de parler de repas, mais de façon très symbolique, un beau symbole de la communion dans l’amour, le jour où Dieu sera « tout en tous ».

            Jésus n’en dit pas plus, quoique… Quoiqu’il se serve fort bien de ce langage symbolique dans quelques paraboles : les dix jeunes filles (Mt 25), les talents, les invités à la noce (Mt 22)… C’est plaisant à lire, mais Jésus ne rit pas du tout, il avertit : on n’arrive pas au ciel n’importe comment, il faut s’y préparer, et vite ! Sinon nous risquons de rater le train ! Exactement comme on se prépare à un mariage : nœuds papillons, robes à crevés, chapeaux pas possibles. Mais là, c’est plus sérieux : il s’agit de s’habiller le cœur pour la fête chez Dieu !

            On ne peut pas en dire plus, nous ne sommes pas chez Mme Soleil ! Alors, restons pratiques, les pieds sur terre. Ce festin céleste, c’est pour après-demain. Et en attendant ?

            On a assez reproché aux chrétiens de ne penser qu’au ciel, le nez en l’air, alors que nous autres pauvres pioches, souffrons  ici et maintenant. Comment parler du ciel aux migrants qui hantent nos villes, aux gamins de Phnom Penh qui se nourrissent sur les décharges publiques, aux femmes du Sahel qui font des kilomètres pour trouver un peu d’eau ? La souffrance dans le monde est rude, elle nous oblige à agir maintenant et ici ! Le ciel attendra !

            C’est juste : commençons par partager nos repas et nos fêtes avec ceux qui ont faim ; si nous aidons les pauvres ici et maintenant, Dieu se chargera du reste et nous ouvrira son Royaume. La communion dans l’amour, ça se vit d’abord ici.

            N’empêche : il y a une autre faim, il y a d’autres repas, ici et maintenant . La vie intérieure, la vie avec Dieu, c’est notre affaire aussi, autant que le Secours Catholique ou SOS Méditerranée. Rappelons alors l’appel du Christ dans l’Apocalypse en 3/20 :

« Voici que je me tiens à la porte et que je frappe. . Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. »