dimanche 25 juillet 2010

Performance

Je suis alternativement admiratif, puis dubitatif, quand je vois la place que tient le sport dans la vie de bien des gens, jeunes et moins jeunes. C'est en privilégiant le sport de compétition, en même temps qu'est poursuivie avec ténacité la réussite scolaire, que les parents rêvent leur enfant. Quel papa ne désire pour son fils une vie meilleure que ce qu'il a connu? Dès lors, qui n'introduirait dans sa famille, peu ou prou, le culte de la performance?
D'ailleurs, avoir un rejeton beau, sportif, courageux et tenace dans l'effort, n'est-ce pas, inconsciemment le plus souvent, une manière de se valoriser soi-même?

D'où ce culte de la performance. Viser toujours plus loin, plus haut que ses possibilités. Mettre en oeuvre la devise de mon collège de Reims :"Quel que soit l'obstacle, lance d'abord ta monture, le reste suivra." Et quand on aime l'Histoire, on se rend compte de la place que tiennent dans notre culture ceux qui ont "forcé le destin", façonné le monde et chanté cocorico aux quatre coins du monde.
Mais s'en tenir là est dangereux. Habiller la performance en idole, c'est interdire à l'homme de vieillir, c'est envisager les années qui s'ajoutent comme une déchéance... Et pourtant, il faudra bien un jour accepter ses limites.Certains, sagement, s'en accommodent. D'autres, hélas, le supportent mal, restant à une image idéalisée d'eux-mêmes; ils cherchent alors des compensations, mais vieillissent mal... Oui, le culte de la performance a ses limites.

Maintenant, si je dis : engagement, service, don de soi, amour de l'autre, gratuité, se profile alors un autre type d'homme. Tout aussi performant et efficace que le premier, mais plus proche de l'homme tel que Dieu l'a rêvé en Jésus-Christ, plus "homme" que les "dieux du stade" à la grecque. On le voit vivre, cet homme, à travers le scoutisme, Médecins du Monde, la Coopération missionnaire, mais aussi dans le monde économique et social qui nous entoure.... On n'encouragera jamais assez les parents à présenter ce type d'homme à leurs jeunes, à condition de commencer quand ils sont tout petits.

Nous sera-t-il permis alors de penser qu'un autre monde est possible? J'entre tout à fait dans le credo de don Helder Camara, cette splendide profession de foi en l'homme autant qu'en Dieu, et dont je ne cite ici que la fin:

Je veux croire aux droits de l'homme, à la main ouverte, à la non-violence.
Parce que Jésus est ressuscité, je crois, toujours et malgré tout, à l'homme nouveau.
J'ose croire au rêve de Dieu même: un ciel nouveau, une terre nouvelle où la justice habitera.


samedi 10 juillet 2010

Nouvelle évangélisation


Quand on parle de "nouvelle évangélisation", il faudrait savoir ce que l'on met sous les mots, et qui en parle.

Qu'y a-t-il sous les mots d'abord? Récemment, le journal Le Monde signalait qu'un nouveau dicastère (ministère) avait vu le jour à Rome, le 28 juin dernier: la Congégation pour la Nouvelle Evangélisation. Bien. Mais le journal d'insérer avec l'article, un grand dessin où l'on voit un embouteillage en ville et, coincé dans la mer de voitures, un croisé en armure sur son destrier. Cela en dit long sur les images que la nouvelle évangélisation suscite chez nombre de nos contemporains!

Oui, qu'entend-on par "nouvelle évangélisation"? S'il s'agit de mettre l'évangile à la portée de tous, d'accord. Mais si on y entend une conquête, ou une reconquête du terrain soi-disant "perdu" par l'Eglise, reconquête sur la sécularisation, le matérialisme, l'incroyance, n'est-on pas en train de réveiller de vieux antagonismes que l'on croyait enterrés depuis le Concile Vatican 2? S'il s'agit pour le clergé de retrouver pignon sur rue, tel qu'il l'avait par les siècles passés, ne risque-t-on pas, une fois encore, de retomber dans le cléricalisme et de fausser l'image du Peuple de Dieu telle que le Concile l'a défini?

Ensuite, de quelle "nouveauté" parlons-nous? Les régimes totalitaires nous ont appris à nous méfier des mots. Depuis Mac-Mahon et son "ordre moral" jusqu'aux dictatures sud-américaines parfois soutenues par la hiérarchie catholique, le mot "révolution" a pris bien des coups sur la figure. Alors, méfions-nous!

Méfions-nous encore de QUI nous propose cette nouvelle évangélisation... Si ce sont les prêtres de St Martin ou les Légionnaires du Christ, alors non merci. Nous ne sommes plus au temps des croisades. Laissons le prosélytisme tapageur aux sectes et aux pentecôtistes, même s'il revêt les masques de la jeunesse et de la guitare.... En plus nuancé, j'avoue ma gêne devant ce que nous proposent certaines Communautés Nouvelles au Festival d'Avignon.

Mais peut-être suis-je trop vieux... Trop vieux sans doute, ringuard même, mais pas plus qu'Hans Kung, Enzo Bianchi et bien d'autres prophètes pour notre temps. Ceux qui crient :"On va dans le mur!"