samedi 10 juillet 2010

Nouvelle évangélisation


Quand on parle de "nouvelle évangélisation", il faudrait savoir ce que l'on met sous les mots, et qui en parle.

Qu'y a-t-il sous les mots d'abord? Récemment, le journal Le Monde signalait qu'un nouveau dicastère (ministère) avait vu le jour à Rome, le 28 juin dernier: la Congégation pour la Nouvelle Evangélisation. Bien. Mais le journal d'insérer avec l'article, un grand dessin où l'on voit un embouteillage en ville et, coincé dans la mer de voitures, un croisé en armure sur son destrier. Cela en dit long sur les images que la nouvelle évangélisation suscite chez nombre de nos contemporains!

Oui, qu'entend-on par "nouvelle évangélisation"? S'il s'agit de mettre l'évangile à la portée de tous, d'accord. Mais si on y entend une conquête, ou une reconquête du terrain soi-disant "perdu" par l'Eglise, reconquête sur la sécularisation, le matérialisme, l'incroyance, n'est-on pas en train de réveiller de vieux antagonismes que l'on croyait enterrés depuis le Concile Vatican 2? S'il s'agit pour le clergé de retrouver pignon sur rue, tel qu'il l'avait par les siècles passés, ne risque-t-on pas, une fois encore, de retomber dans le cléricalisme et de fausser l'image du Peuple de Dieu telle que le Concile l'a défini?

Ensuite, de quelle "nouveauté" parlons-nous? Les régimes totalitaires nous ont appris à nous méfier des mots. Depuis Mac-Mahon et son "ordre moral" jusqu'aux dictatures sud-américaines parfois soutenues par la hiérarchie catholique, le mot "révolution" a pris bien des coups sur la figure. Alors, méfions-nous!

Méfions-nous encore de QUI nous propose cette nouvelle évangélisation... Si ce sont les prêtres de St Martin ou les Légionnaires du Christ, alors non merci. Nous ne sommes plus au temps des croisades. Laissons le prosélytisme tapageur aux sectes et aux pentecôtistes, même s'il revêt les masques de la jeunesse et de la guitare.... En plus nuancé, j'avoue ma gêne devant ce que nous proposent certaines Communautés Nouvelles au Festival d'Avignon.

Mais peut-être suis-je trop vieux... Trop vieux sans doute, ringuard même, mais pas plus qu'Hans Kung, Enzo Bianchi et bien d'autres prophètes pour notre temps. Ceux qui crient :"On va dans le mur!"

1 commentaire:

Bernard a dit…

Je n'ai pas vu cette caricature, à l'évident second degré, mais j'accorde ma bienveillance au Vatican.
Je suis persuadé qu'ils ont compris à Rome que quelque chose doit changer dans la manière de porter la Parole.
Ce dessin du Monde, comme vous le décrivez, dit sans ambage le ridicule des méthodes des Evangéliques. Je ne crois pas L'Eglise disposée à y sombrer. J'ai assez confiance !