mercredi 9 décembre 2009

Savoir, ne pas savoir?



Je reviens d'un mois au Nord-Camertoun, dans la région de Maroua-Mokolo. La première photo que j'ai prise, c'est celle du lavabo de ma chambre, à Ndjaména. Quand j'ai voulu me laver, je n'ai obtenu qu'un filet mince comme un demi petit doigt. Ici, l'eau est une denrée rare... Cela m'a aidé à descendre de l'avion!


Une autre photo, prise au vol: les "vélos-citerne" sur la route qui va au Nigéria. Comptez les bidons d'essence par vélo, cela fera au total environ 120 litres... Ce dangereux trafic permet cependant à des papas de faire vivre leur famille en ville... quand la douane ne s'en mêle pas.


On ne sait pas! On ne sait pas si le vélo se transformera soudain en torche, on ne sait pas si le douanier surgira. Nous sommes au pays du "on ne sait pas"! Je prends la route sans savoir si je rencontrerai les "coupeurs de route", sans savoir quand j'arriverai, sur ces chemins défoncés. J'ignore combien de temps l'électricité sera coupée aujourd'hui. Et le paysan ne sait pas vraiment ce qu'il mangera dans trois mois, après que la rosette eût détruit ses arachides, etc... A force de ne pas savoir, j'en viens à prendre un air, non de fatalisme, mais d'humilité souriante. Je sais que je ne maîtrise pas demain, et j'accepte.


Retour en France, au pays de la sécurité et, disons-le, d'une certaine suffisance. Tout semble prévu, organisé, huilé, au point que si le temps se détraque, si l'on ne me guérit pas vite de ce mal qui me ronge, c'est presque un scandale.


Ainsi, deux mondes se côtoient: le monde de "ceux qui savent", et le monde de l'insécurité, du "on ne sait pas". Ce deuxième monde, quelle proportion de l'humanité représente-t-il: les 2/3?

1 commentaire:

Bernard a dit…
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