Voici une histoire que
je ne me lasse pas de raconter! Cela se passe au Nord-Cameroun. En montagne,
j'entre dans la cour intérieure d'un saré, l'enclos familial,. Personne pour
m'accueillir, à part un bambin qui, à la vue de cet horrible blanc, se
sauve...et va se jeter dans les jambes de son père qui sort de sa case. Et l'homme,
dans un geste tout naturel là-bas, attrape le gamin par un bras et hop! le
juche sur son épaule. Alors de là-haut, l'enfant me décoche son plus beau
sourire, l'air de dire :"Maintenant,
avec mon papa, tu ne peux plus rien me faire!"
Et voilà bien éclairé
mon propos de ce matin. Je suis, nous sommes tous comme ce petit, des
bonshommes fragiles, relatifs, cachant notre peu de solidité sous des airs plus
ou moins bravaches. Mais si, comme croyant, je monte sur les épaules de Dieu,
alors oui, je deviens vraiment solide.
Le plus extraordinaire,
c'est que Dieu lui-même est entré dans notre fragilité. Car la fête de Noël,
c'est bien cela: Dieu qui vient partager notre faiblesse, marcher avec nous. Il
connaît la tentation, il pleure Lazare son ami, il crie de détresse à
Gethsémani.
Mais regardons
l'Histoire. Il y a plein de fragiles-solides dans l'Histoire. St Pierre, mort
de trouille dans la cour du grand-prêtre, et envoyé par Jésus "raffermir ses frères". St Augustin,
criant sa misère dans ses Confessions, et devenu le grand spirituel que nous
connaissons. Mère Térésa, passant par de terribles "nuits de la foi", et princesse de charité. Citons même Tierno
Boukar, simple paysan musulman, grand mystique et persécuté pour cela. Tous ont
été témoins de leur propre fragilité, mais leur foi fut solide.