Le prophète
est témoin de la liberté de Dieu. D’abord, comme nous le disions pour les
débuts du monde, l’Esprit qui planait sur les eaux a fondu sur un homme pour en
faire un prophète. N’importe quel homme : un prêtre, un cultivateur… Car
Dieu est libre de ses dons ! Bon d’accord, parfois l’homme ne s’est pas
laissé faire, il a fallu que Dieu insiste. Normal, nous sommes tous des êtres craintifs, pas sûrs d’eux-mêmes
sauf les sots ... Craintifs et libres !

Il est intéressant
de voir le rapport du prophète avec la Tradition. Le prêtre a tendance à s’en
tenir à la Tradition, comme le serpent qui se mord la queue. Le prophète, lui,
évoque la Tradition avec émotion, mais c’est pour aller plus loin : la Nouvelle Alliance s’appuie sur
l’Ancienne, mais elle insiste sur la rencontre personnelle de l’homme avec Dieu
(Jér 31/33). La Loi nouvelle s’appuie sur la Loi de Moïse, mais c’est pour
aller vers les Béatitudes ; les sacrifices de moutons c’était bien, mais
maintenant il faut aller jusqu’au don de soi.
Remarquons
que les salafistes et islamistes de tout poil représentent aujourd’hui l’inverse du prophète, eux qui prônent un retour
intégral à la Tradition islamique, même la plus barbare. On dirait qu’ils n’ont
rien appris de l’Histoire! Tout comme les fondamentalistes chrétiens.
Donc, le
prophète bouge, et il fait bouger. C’est un homme de la route, cette route sur
laquelle Dieu marche, et sur laquelle
l’homme marche à sa rencontre. Rappelons-nous le magnifique petit livre de
Christian Bobin : L’homme qui marche
(ed. Le temps qu’il fait, 2009 )… Le prophète est l’homme de la Rencontre. Dans
ce sens, il y a chez tous les Prophètes de l’Ancien Testament, un énorme
message d’espérance qui tire le monde vers le Messie.
Disons pour
finir que la race des prophètes n’est pas éteinte ! Nous y reviendrons.
Pour l’instant, disons que Jésus, prenant le relais des Isaïe et autres
Jérémie, se situe résolument dans la ligne des prophètes, donc du Dieu nomade.