Un de mes beaux-frères disait : « L’Eglise est une vieille dame qui
n’arrive pas à se rajeunir ! » Mais si mais si mon cher Bernard,
l’Eglise rajeunit… Bien sûr ; elle est d’âge mûr, donc elle préfère les
réformes aux révolutions. Et parfois même – disons-le – elle préfère inciter
les copains au changement plutôt que de balayer devant sa porte. Mais quand
même, elle avance.
En fait, réforme et révolution sont cousines. L’une, souvent
violente et subite comme un coup de palu, l’autre plus lente et plus réfléchie.
Mais Danton et Jean 23 sont de la même veine, ils eurent quelque chose de
joyeusement commun : le désir de faire bouger, l’un la France, l’autre
l’Eglise.
Donc, l’Eglise est nomade, elle aussi. Et de plusieurs
façons : d’abord, la Mission est dans ses gènes. La Mission traverse tout
l’évangile ; poussée par l’Esprit, l’Eglise sort, comme dit le pape dans
« La joie de l’évangile ». La Mission est au cœur de l’Eglise, comme
l’Esprit est au cœur de la Trinité.
Mais l’Eglise bouge autrement encore : elle bouge de
l’intérieur…. Comment cela ? Il y a en elle un désir de « réforme permanente », comme Trotski
prescrivait la révolution permanente ! Le pauvre, cela ne lui a pas
réussi !... Dans le décret sur l’œcuménisme, le Concile dit : « L’Eglise est appelée par le Christ à
cette réforme permanente dont elle a toujours besoin en tant qu’institution humaine
et terrestre (chap 2, n°6). Je souligne : la réforme est un besoin pour l’Eglise, ce besoin qui
animait François d’Assise, Catherine de Sienne, Martin Luther.
Mais attention : réformer n’est pas restaurer, comme
Robespierre n’est pas Charles X. Il y a actuellement dans l’Eglise une certaine
nostalgie du passé, du latin, d’une liturgie qu’on trouve belle comme les
spectateurs trouvent beau le Lac des Cygnes à l’Opéra. Il y a le mythe de la bouteille
de Bourgogne : plus c’est vieux, meilleur c’est ! Or, si le passé est
bon, c’est comme tremplin pour faire
du nouveau, non comme un musée.

Et puis, il y a le chant. Pour imaginer ce que peut être le
chant d’une Eglise qui bouge, reportons-nous au lendemain des attentats du
Bataclan, quand toute l’Europe, dirigeants et policiers en tête, s’est
retrouvée vibrante et unie dans une même Marseillaise… A l’église, une
assemblée animée par l’Esprit, chante avec son cœur. Un chant alterné parfois
avec une chorale qui dialogue avec l’assemblée, comme ce fut le cas à la Messe
de rentrée 2017 à la Major de Marseille.
Un symbole : la place St Pierre à Rome : quand elle
est vide, c’est déjà pas mal, mais ça
fait très solennel et un peu « monument historique » comme bien des
églises en France. Mais quand elle est pleine de monde, cette place St Pierre,
alors ça chante, ça sourit, ça agite des petits drapeaux. Quel beau symbole
d’une Eglise qui bouge et qui vit !