Je voudrais simplement me faire l’écho d’un de mes collègues intervenant
lors d’une assemblée. Il expliquait que les différences de comportement entre
les hommes viennent d’une éducation différente, et cette éducation dépend de la
vision du monde que se fait l’éducateur. Que ce soit ici en Europe ou ailleurs
dans le monde, rien n’est inné, tout est acquis !
C’est tellement vrai ! J’avais donné
un morceau de pain à un enfant au Nord-Cameroun. Le petit prend le
morceau… et regarde autour de lui pour voir avec qui il pourrait bien partager.
J’en avais les larmes aux yeux d’admiration.

Quand j’étais enfant, j’ai très vite appris ce qu’est la
propriété : « Mon vélo »,
« mes jouets, » « mon papa ». En Afrique,
l’enfant apprend qu’il n’est rien hors d’un collectif, d’un clan, d’une société
qui l’entourent et le protègent. Hors de chez lui, c’est l’inconnu, le danger.
Les kapsiki ont gardé cette peur du dehors en appelant la brousse et la mort du
même nom : mte. L’important,
c’est la relation à l’autre…. Question d’éducation !
En France nos villes,
voire nos villages, sont de plus en plus cosmopolites. Et en côtoyant
« l’autre », nous découvrons
la richesse de sa vision du monde et de l’homme. Alors, nous français,
cessons de nous penser comme la
référence unique. On parle d’intégration de ceux qui viennent chez nous. Peut-être
faut-il penser cette intégration comme étant à double sens : qu’ils
prennent chez nous ce qu’il y a de meilleur, que nous prenions chez eux ce
qu’ils ont de meilleur. Si nous attendons qu’ils nous copient simplement, ne
nous étonnons pas des replis identitaires et des accusations de
néo-colonialisme.
Comme disait mon collègue : « L’étranger qui vient chez toi n’a rien à te faire cadeau. C’est
lui le cadeau ! »