La mort et l’amour, cela semble
contradictoire. Car ma foi me dit que l’amour ne meurt pas, qu’il ne peut
pas mourir.
Et pourtant, depuis Tristan et
Yseult, la littérature nous a habitués à voir la mort et l’amour cohabiter. Et
même : l’amour comporte toujours une part de mort, de mort à soi-même. Et
ce n’est pas du roman ! Le Christ a dit qu’il n’y avait pas de plus grand
amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Ce lien entre l’amour et la mort nous aide à
comprendre le Christ. Sans ce lien, la
vie et la mort de Jésus deviennent une vie et une mort pour rien, absurde, un
échec sans appel.

Car la Résurrection, nous la vivons
dès maintenant, nous la voyons ! Il y a le bonheur, rare, de voir
quelqu’un que nous avons aidé se remettre debout et retrouver le goût de vivre.
Je dis « rare » parce que le travail pour les autres est souvent ingrat,
au ras du sol, avec l’impression de toujours avoir à recommencer. Mais parfois,
la joie se lit dans des yeux, un sourire illumine un regard jusqu’alors vide,
l’espérance renaît. Un peu comme la joie des gens quand le puits creusé arrivait
à l’eau. J’ai même vu des larmes de bonheur, là au bord de l’eau. Cette
joie, c’est notre petite participation
à la Résurrection. Le don de moi-même a fait sauter les portes de la mort. Je devrais
dire le don de nous-mêmes, car on ne
travaille jamais seul pour les autres.
Pour terminer ces méditations, j’ai
envie de citer ce passage saisissant
d’un livre de Tolstoï, La guerre
et la paix : le jeune Pétia s’est lancé dans la bataille de Sébastopol
pour aider son pays à lutter contre l’envahisseur, en l’occurrence les
français !
« Dans le feu de la bataille, Pétia entend monter une fugue qui
devient un chant d’église, qui devient un Te Deum. « Ah mais on dirait que
c’est un rêve, se disait Pétia. J’en ai plein les oreilles. Tiens la revoilà
hardie ma musique ! Allons-y ! » La balle lui transperce la tête
mais la musique continue. Et la fin de cet adolescent ouvre l’outre-monde dans
lequel il pénètre avec la joie et l’innocence
de son âge. Il était musique avant sa naissance, il la redevient alors
même qu’il quitte sa vie terrestre ; ainsi, il continue cette hymne
éternelle qui dit sa présence dans l’univers. »
Oui, la musique de l’amour traverse
la mort.
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