Pour comprendre cette formule du
credo, il faut remonter dans le temps, avant Jésus. Les anciens juifs disaient
que les morts se retrouvaient dans une espèce de salle des pas perdus où ils
restaient là, vivotant comme des rats dans une cave, et sans doute s’ennuyant
prodigieusement ! Ils appelaient ça le Shéol. Tous les défunts y avaient
droit. On en trouve une description saisissante dans le psaume 88. Sans gros efforts, on pourrait imaginer des
lieux plus sympathiques !

Je dis bien : « Jésus est descendu au plus bas. » Il a commencé à « descendre »
chez nous à Noël – c’est déjà assez
bas ! – et il a continué sa descente jusqu’à ce lieu où l’attendaient les
anciens…. On peut dire que là, Jésus est allé au bout de son Incarnation.
J’aime bien ce que Christian Bobin a écrit dans « Le très
Bas » : « La haine
rassemble les hommes sous la puissance d’une idée ou d’un nom, mais l’amour les
délivre un à un par la faiblesse d’un visage ou d’une voix. »… Voilà
ce que veut dire « est descendu aux enfers ».
Remarquons que, déjà au temps de
Moïse, Dieu était déjà descendu, mais oui ! Il faut relire le livre de
l’Exode :
Exode 3/[7]
Le SEIGNEUR dit : " J'ai vu la misère de mon peuple en Égypte et je l'ai
entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui, je connais ses
souffrances.
[8]
Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter
de ce pays vers un bon et vaste pays, vers un pays ruisselant de lait et de
miel.
Si
Dieu « descend » chez quelqu’un, c’est toujours pour l’aider à
remonter, pour le libérer. Voyez Zachée. Pour imaginer ce que c’est, que les
anciens se souviennent de la Libération, quand les hommes en kaki arrivèrent :
un vent inouï de liberté, une joie débordante, on dansait dans les rues, on
embrassait même les inconnus.
Il
y a bien d’autres enfermements, nous en sommes témoins tous les jours : la
dépression, la trop grande souffrance, les addictions de toute sorte… C’est de
toutes ces morts que Jésus vient nous
délivrer. Il est entré lui-même dans nos enfers, dans nos shéols. Pas pour
s’apitoyer et pleurer à chaudes larmes, mais pour nous tirer de là.
Voilà
comment et pourquoi Jésus est « descendu aux enfers ».